Événement médiatico-gastronomique de la semaine, le Guide Michelin a provoqué des vagues. Outre l’attribution historique d’une troisième étoile, le Graal absolu des chefs, à Tim Boury à Roulers, c’est la rétrogradation du monument Comme chez soi à Bruxelles qui a fait grincer des dents.
Sans surfer sur le (bad) buzz, nous avons voulu percer le secret de ceux qui attribuent les distinctions, qui jugent la cuisine et qui ne doivent pas se justifier. Tout-puissant jadis, le Guide Michelin reste un marqueur, une référence dans la profession mais drague aussi des critiques. L’époque des Bocuse et Loiseau est révolue. À l’heure des réseaux sociaux, le Guide rouge, qui a malheureusement abandonné sa version papier, garde sa ligne.
Et notamment l’anonymat (relatif) de ses inspecteurs. Actif depuis plus de 20 ans, Werner Loens est le boss de cette brigade de dénicheurs de nouveaux talents. Si tout le monde connaît son nom, pas question de le prendre en photo ni de tourner une vidéo (à l’heure où le Web règne en maître, cela peut paraître anachronique), pas de passages en télé non plus. Sans tomber dans la caricature de Charles Duchemin incarné par Louis de Funès dans l’épicé film L’Aile ou la Cuisse où il se grime en Monsieur de Nédélec ou en vieille acariâtre, il dévoile quelques subterfuges pour ne pas être accueilli avec le tapis rouge.
"Je possède cinq noms et cinq adresses mails différents pour mes réservations, glisse-t-il. Le chef peut me reconnaître à mon arrivée mais il ne peut plus rien modifier à sa mise en place ni aux produits. Mon assiette sera peut-être plus soignée que mes voisins mais je ne suis pas aveugle."
Interview aux petits oignons dans l’arrière-cuisine du Guide Michelin.
Revenons sur l’événement positif de 2022 avec un nouveau triplé étoilé en Belgique : Boury.
"Nous avions perdu un triple étoilé car Hertog Jan avait cessé ses activités à Zeldegem. Ce type d’établissement se construit sur plusieurs années. Tim Boury, nous le connaissons depuis longtemps. Il a reçu sa 2e étoile en 2017. C’est un chef qui a une vision avec, notamment, son académie de cuisine. C’est aussi un entrepreneur qui met tout en œuvre pour que la qualité soit constante. Un nouveau trois étoiles, cela nous (re)met sur la carte internationale où il n’y a que 136 trois étoiles. 23 deux et 115 une, ce n’est vraiment pas mal pour un petit pays."
La grande victime s’appelle Bruxelles. Est-ce dû à la ville elle-même ?