Le numéro inconnu qui vous appelle pour alléger votre facture d’énergie

Votre smartphone sonne, affichant +32 11 14 07 67. Vous décrochez par réflexe et l’interlocutrice vous promet en quelques secondes de réduire vos dépenses d’électricité et de gaz de 20%. Comment ? En organisant chez vous... une comparaison de factures. Une arnaque un peu trop téléphonée?

La Libre Eco
Le numéro inconnu qui vous appelle pour alléger votre facture d’énergie
©Belga

Votre smartphone sonne, affichant +32 11 14 07 67. Vous décrochez par réflexe et l’interlocutrice vous promet en quelques secondes de réduire vos dépenses d’électricité et de gaz de 20%. Comment ? En organisant chez vous... une comparaison de factures. Une arnaque un peu trop téléphonée?

On a testé pour vous, sans le vouloir, une technique de vente aussi fortuite qu’indésirable. On vous livre l’expérience à chaud avant de contacter les organismes compétents pour faire la lumière sur cet opaque démarchage.

Au mieux, il s’agit d’une entreprise dont les commerciaux manquent cruellement de professionnalisme au téléphone. Au pire, des escrocs ont récupéré des informations personnelles dans une base de données mal sécurisée.

Bref, le smartphone de notre journaliste vibre et affiche un numéro dont le préfixe renvoie à la région d’Hasselt. Une interlocutrice à la diction laborieuse demande à parler au "responsable des achats d’énergie".

"Nous travaillons avec les plus grands fournisseurs, Engie, Total… Voulez-vous profiter d’une réduction de 20% sur vos factures d’énergie ?", articule sans conviction la vendeuse au bout du fil.

Ne nous fions pas hâtivement aux apparences, la proposition pourrait être sérieuse et intéressante. "Ah, vous êtes négociante en énergie ? Au nom de quelle entreprise m’appelez-vous", répond le prospect inopiné.

Un maigre silence s’installe. Puis elle lance un rapide "Power-T-Bill", pronconcé "powatibîll".

Acteur inconnu au bataillon. Un nouveau concurrent dans l’arène énergétique belge ? Même l’ami omniscient Google reste interdit face à cette enseigne.

"Pardon. Powa quoi? Vous pouvez me l’épeler", interroge le journaliste.

L’interlocutrice évoque un problème de connexion, répète le nom de son employeur prestement, et commence à énumérer des données privées partielles : le nom de famille, sans pouvoir citer le prénom, l’adresse postale, sans pouvoir préciser le numéro... Des imprécisions que notre collègue a pris soin de ne pas compléter.

"Chez quel fournisseur êtes-vous? Vous êtes là le 24 octobre chez vous, préparez vos factures, nous viendrons faire un comparatif qui vous donnerons droit à une grande réduction de 20%", lance-t-elle alors en attendant une confirmation d’une oreille inattentive.

"C’est cela oui", ponctue ironiquement le client potentiel.

En attendant de voir sur quoi débouchera ce rendez-vous officieux, notons que le numéro ne renvoie à aucune société sur les moteurs de recherche web. Le seul résultat tient en une petite dizaine de signalements de contacts jugés "gênants" ou "dangereux" sur des sites de listes téléphoniques.

Nous avons essayé de joindre le prétendu revendeur d'énergie à plusieurs reprises et pendant de longues minutes. Mais personne ne décroche. A la place, "Power-T-Bill" propose un morceau de musique, Change Down du compositeur Bonobo...

Evidemment, ce cas de figure n’est ni rare, ni isolé. La loi en matière de marketing direct par téléphone protège, tant bien que mal, les consommateurs. Malgré cela, le SPF Economie enregistre encore chaque année des milliers de plaintes relatives à ce genre de tentatives de vente ou approches abusives. Sans compter qu’un nombre élevé de personnes touchées n’avertissent pas les autorités.

En somme, retenons que lorsqu’un vendeur reste évasif quant à son identité ou celle de son entreprise ou lorsque très peu d’informations sont fournies à propos du service ou du produit, il y a sans doute matière à suspicion.

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