Ces factures d’énergie quasiment illisibles: "Il faut presque être ingénieur pour y comprendre quelque chose"
Vu l’illisibilité des contrats actuels, on peut s’interroger sur la flambée des prix.
Publié le 11-10-2022 à 11h25
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Recevoir un e-mail ou un courrier de son fournisseur d'énergie est devenu la hantise des Belges. Et certains se demandent si ces propositions d'acompte sont réellement justifiées. Si les fournisseurs ne les augmentent pas plus que nécessaire pour constituer une réserve et offrir une bonne surprise à leurs clients au moment de la régularisation. Si cela paraît peu probable, il est aujourd'hui impossible de dire que ce n'est pas le cas, comme l'explique Julie Frère, porte-parole de Test Achats. "Nous soulevons le problème depuis des mois, les nouveaux contrats variables sont tout à fait illisibles et opaques pour les consommateurs, commence-t-elle. Il y a aujourd'hui plus de 40 facteurs d'indexation qui ne sont pas tous les mêmes d'un fournisseur à l'autre, et des méthodes de calcul qui vont dans tous les sens. Certains prédisent un avenir plus optimiste, d'autres sont plus pessimistes. C'est cela, entre autres, qui fait la différence entre deux comparateurs d'énergie. Un consommateur qui veut analyser sa facture doit aujourd'hui presque être ingénieur pour y comprendre quelque chose."
Certains fournisseurs commencent enfin à jouer le jeu pour offrir plus de transparence à leurs clients. "Chez Engie et d'autres fournisseurs, il est possible d'encoder régulièrement ses index et d'avoir une estimation de son acompte en direct, et non pas sur base de sa consommation de l'année précédente. L'idée est de coller au plus près de la réalité, poursuit-elle. Chez d'autres, Mega par exemple, il n'y a pas cette possibilité et le calcul est fait directement pas le fournisseur selon la consommation de l'année précédente. Il est impossible de vérifier le calcul, même sur une facture de régularisation. Les clients doivent donc s'en remettre au bon vouloir du fournisseur."
Heureusement, il existe en Belgique un régulateur, la Creg, qui a pour mission de vérifier les contrats disponibles sur le marché. "Un fournisseur ne peut en effet pas faire ce qu'il veut et est soumis à une réglementation et des contrôles. Dans le dernier rapport mensuel de la Creg, aucun contrat sur le marché n'a été remis en question. C'est bien, mais il faut savoir que la Creg vérifie les contrats de base proposés sur les comparateurs, mais pas les contrats individuels, indique Julie Frère. Si vous avez un doute sur votre facture, nous recommandons toujours de vous tourner vers la Creg, ou vers nos services."
Car Test Achats a vu le nombre de plaintes exploser ces derniers mois. "Avant, les plaintes que nous recevions étaient essentiellement en rapport avec les problèmes de garantie. Maintenant, c'est l'énergie, et de loin", affirme la porte-parole. Mais que faire pour rendre les choses plus claires dans les semaines et mois à venir ? "Il faut le retour d'un filet de sécurité au niveau tarifaire, mais aussi l'obligation d'une indexation mensuelle des prix. Si on voit des différences de prix sur les comparateurs, c'est surtout car certains contrats viennent d'être indexés, et d'autres ne le sont pas depuis presque trois mois. C'est pour cela que certains signent un nouveau contrat et ont une mauvaise surprise un mois plus tard…"