Un an après le début de la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie n’est pas terminée: “Cela va durer jusqu’en 2025 ou 2026”
Si les prix ont baissé ces dernières semaines, les marchés restent tendus et on n’est pas à l’abri de nouvelles hausses.
Publié le 23-02-2023 à 20h04
:focal(2215.5x1484:2225.5x1474)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YX3KH6WB6JGRFKFAKXBQOXWGHA.jpg)
Le 24 février 2022, le mégawattheure de gaz se négociait à 122€ sur les marchés de l’énergie. Le résultat de plusieurs mois de tensions, et d’une crise qui s’annonçait depuis l’été 2021, quand les prix avaient déjà doublé entre l’été et le mois d’octobre. Une situation qui n’avait pas échappé à Damien Ernst, qui prévenait déjà que la situation pouvait dégénérer à tout moment sur le plan de l’énergie. “Cette crise semble inattendue, mais s’est dessinée au fil des mois, se rappelle-t-il. Il y a eu ces dernières années un problème de gestion de l’offre au niveau du gaz, mais aussi un problème de sous-investissement. Dès 2016 et 2017, il y a eu en Europe une politique de basculement du nucléaire vers le charbon ou le gaz qui a provoqué un problème de dépendance face à la Russie.”
L’attaque russe sur l’Ukraine aura évidemment accentué ces problèmes, et créé une situation intenable sur le plan énergétique. “On n’aurait jamais pu imaginer de voir le prix du mégawattheure monter à plus de 340€ alors qu’il ne dépassait pas 20€ en juillet 2021, souffle le spécialiste en énergie. Heureusement, l’Europe a fini par bien réagir pour faire revenir les prix à un niveau acceptable, notamment en tuant une partie de la demande des ménages, mais aussi des entreprises.”
Selon lui, c’est cette baisse de la demande qui permet aujourd’hui de stabiliser les prix autour de 50€ du mégawattheure, mais rien n’est gagné pour autant. “On a aussi eu de la chance avec cet hiver plutôt doux et venteux qui a aidé à baisser la demande, mais aussi à accentuer la production de l’énergie éolienne. Je pense qu’on a atteint un nouveau point d’équilibre du marché et que les prix ne vont pas revenir de sitôt à ce qu’ils étaient avant la crise.”
Il estime d’ailleurs que la crise continuera tant qu’on ne descendra pas sous les 40€ du mégawattheure. “Je pense que cela va durer jusqu’en 2025 ou 2026, quand les différents pays européens auront de nouveaux outils pour ne plus être aussi dépendants du gaz russe et étranger en général. Je pense notamment aux terminaux de liquéfaction du gaz qui seront construits dans les prochaines années.”
L’autre problème, c’est la relance de la demande si les prix descentes trop bas. “Si on baisse trop vite les prix, la demande va revenir au même niveau et on va manquer de gaz, les prix remonteraient donc directement. Les prix hauts sont maintenus pour éviter d’en manquer, tout simplement”, conclut Damien Ernst.