De nouvelles grosses tensions sur les marchés de l’énergie: "La situation est très inquiétante, plusieurs facteurs s'additionnent"
Les marchés du gaz, du charbon et du pétrole sont tendus, alerte Damien Ernst. Explications.
- Publié le 15-09-2023 à 14h36
- Mis à jour le 15-09-2023 à 14h37
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On ne le répétera jamais assez, le plus dur de la crise de l’énergie est derrière nous, mais la situation reste tendue. Cette “nouvelle normalité” reste très volatile, et très influencée par le moindre événement climatique ou géopolitique. On l’a vu au mois d’août avec une forte hausse des prix du gaz qui n’a pas été complètement résorbée. Ces dernières heures, ce sont plusieurs éléments qui s’additionnent et qui ne laissent présager rien de bon, comme l’alerte Damien Ernst, professeur à l’Université de Liège et spécialiste en énergie. “Ce qu’il se passe pour le moment est fort inquiétant, soupire-t-il. Les trois grandes commodités énergétiques au niveau mondial – la gaz, le pétrole et le charbon – repartent à la hausse. Pour le pétrole, on est face à une demande plus forte que l’offre, ce qui stresse énormément les marchés. On est remonté à 93 dollars le baril, et on va clairement vers les 100 ou 120 dollars si rien ne change. Par ailleurs, l’euro perd de la valeur face au dollar ; cela n’arrange rien.”
Voilà qui ne va pas faire baisser le prix du litre du diesel, fixé à 2,02€/l ce jeudi. “Cette situation va impacter le consommateur, d’autant plus que le marché russe – qui expédie encore beaucoup en Europe – est face à une situation délicate pour son approvisionnement domestique, et risque de diminuer ses exportations.”
En ce qui concerne le gaz, c’est une potentiellement attaque sur un gazoduc russe. “C’est le genre de scénario que je crains depuis des mois, poursuit Damien Ernst. Le risque, c’est que cela se multiplie et qu’il y ait une réplique russe en Ukraine ou ailleurs. Cela peut provoquer une nouvelle crise d’une énorme ampleur !”
Il évoque aussi le marché du charbon, pourtant moins suivi par le grand public. “C’est une erreur de le mettre de côté, assure-t-il. L’industrie asiatique tourne principalement au charbon, et une hausse de sa valeur sur le marché peut faire augmenter les prix par effet rebond.”
Dans les semaines à venir, il craint donc “une hausse structurelle des prix”. “On ne doit pas craindre une explosion des prix comme en 2022, mais le maintien de tarifs très élevés peut tout autant peser sur les ménages”, conclut-il.