Les indépendantistes catalans crient à l'injustice économique
Publié le 11-09-2013 à 12h24
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"On ne peut pas dépenser de l'argent dans des aéroports et des trains vides et ne pas investir dans le port de Barcelone", s'enflamme Daniel Artigas, un chauffeur de camion de 36 ans, accusant, comme les indépendantistes catalans, Madrid de ne pas tenir ses promesses d'investissement.
Selon le gouvernement de cette région du nord-est de l'Espagne, Madrid n'a pas investi depuis 2011 le montant prévu par le statut d'autonomie approuvé en 2006, un geste interprété comme un symbole du mauvais traitement réservé à la Catalogne par le pouvoir central, encore aggravé par la crise économique.
"Les investissements en infrastructures promis par le gouvernement espagnol à la Catalogne et qui continuent à ne pas être réalisés s'élèvent à 5,7 milliards d'euros", affirme à l'AFP un porte-parole du ministère de l'Economie régional catalan.
Le ministère de l'Equipement ne nie pas mais souligne avoir tout de même investi 21,6 milliards d'euros entre 2000 et 2012 et 1,12 milliard en 2013, soit 2,6 fois plus que la moyenne investie dans les 17 régions d'Espagne.
Au-delà, le président de la région Artur Mas est en conflit avec Madrid depuis que le chef du gouvernement central, Mariano Rajoy, a rejeté l'an passé son projet de "pacte fiscal", qui prévoyait la possibilité pour la région de lever plus d'impôts.
Artur Mas estime que la Catalogne paye davantage à l'Etat espagnol qu'elle ne reçoit, ce déséquilibre faisant perdre jusqu'à 16 milliards d'euros par an à la région. Un argument largement utilisé par les indépendantistes qui réclament un référendum d'autodétermination en 2014.
"Beaucoup pensent qu'une bonne partie des problèmes de la Catalogne sont dus au mauvais traitement réservé par l'Espagne en matière économique", résume Ferran Requejo, professeur de Sciences politiques de l'Université Pompeu Fabra de Barcelone.
Le port de Barcelone, l'un des plus importants de la Méditerranée, illustre ces tensions, le pouvoir central n'ayant pas investi dans le délai prévu pour la construction de nouveaux accès ferroviaires.
"Les accès actuels ne sont pas suffisants", affirme à l'AFP Sixte Cambra, le président du port de Barcelone qui a battu des records historiques d'exportations au premier trimestre 2013.
Les choses pourraient changer. Au moment où la presse fait état d'une réunion secrète fin août entre Mariano Rajoy et Artur Mas pour apaiser les tensions, un accord a été signé la semaine dernière entre le Port et le ministère de l'Equipement, après des mois de blocage, afin de terminer les nouveaux accès d'ici 2015.
"Quant on veut résoudre les choses, on peut trouver un moyen de le faire", a lancé Artur Mas en direction de Madrid lors de la signature de l'accord.
Les accès sont "très importants pour renforcer la compétitivité des chaînes logistiques qui utilisent le port et représentent un élément clef pour notre développement", alors que la région affronte comme le reste du pays une grave crise économique depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, souligne Sixte Cambra.
Autrefois moteur économique du pays, la Catalogne a dû demander 9,073 milliards d'euros au Fonds d'aide aux régions espagnoles fin janvier.
Les indépendantistes et le gouvernement catalan y ont clairement vu une conséquence du déséquilibre fiscal qu'ils dénoncent.
Toutefois, des voix se sont élevées pour remettre en question la gestion de la région, qui croule sous une dette colossale de 51 milliards d'euros, soit 25,7% du PIB régional.
Se reposant au soleil à côté de son camion, José Miguel Saez, un chauffeur de 41 ans, en fait partie: "Ce que nous devrions nous demander c'est comment est dépensé l'argent en Catalogne. Il y a 20 ans, nous étions la région la plus riche et regardez aujourd'hui".
"Je suis certain qu'il y a de l'argent qui se perd à Madrid, mais ce n'est pas autant qu'on nous le dit ici".
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