Pétrole: les Kurdes jugent "illégitime" la plainte de Bagdad contre la Turquie

AFP

La région autonome du Kurdistan irakien a jugé dimanche "illégitime" et "vouée à l'échec" la plainte déposée par Bagdad contre la Turquie après des exportations de pétrole kurde via le terminal pétrolier turc.

Bagdad a déposé vendredi une plainte devant la Chambre de commerce internationale (ICC à Paris) contre la Turquie après qu'Ankara a annoncé avoir commencé à livrer sur les marchés internationaux du pétrole en provenance de la région autonome du Kurdistan irakien.

Le ministère kurde des Ressources naturelles a déclaré dimanche dans un communiqué que cette demande d'arbitrage est "vouée à l'échec" et "illégitime", et qu'il ne permettrait pas que des "menaces fantômes" du gouvernement de Bagdad pèsent sur la politique d'exportation de pétrole du Kurdistan.

Le communiqué a également prévenu que le ministère du Pétrole, qui a déposé la plainte, était en train de "nuire potentiellement à l'industrie pétrolière et aux réserves de pétrole de l'Irak", ainsi qu'"aux relations entre l'Irak et la Turquie, et d'autres amis de l'Irak".

Le Kurdistan irakien "exporte du pétrole par camion via la Turquie et l'Iran depuis de nombreuses années", a ajouté le communiqué, qui affirme que le gouvernement central avait connaissance de ces pratiques.

Bagdad a pourtant qualifié à plusieurs reprises de "contrebande" ces pratiques.

Les autorités kurdes et le gouvernement irakien ont engagé une bataille pour le contrôle des exportations de brut: Bagdad estime que le pétrole appartient au pays tout entier, tandis qu'Erbil veut traiter directement avec des compagnies pétrolières.

Selon Ruba Husari, du site spécialisé dans le pétrole irakien iraqoilforum.com, la plainte de Bagdad "ne mettra peut-être pas immédiatement fin aux exportations, mais elle augmentera la perception du risque" et nuira à "l'environnement économique dans la région du Kurdistan".

Les exportations via la Turquie, qui interviennent après les élections législatives du 30 avril en Irak à l'issue desquelles la coalition du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki est arrivée en tête, pourraient provoquer un regain de tensions entre les Kurdes et le gouvernement central de Bagdad.

Les Etats-Unis se sont inquiétés jeudi d'une possible déstabilisation du pays.

"Notre position de longue date est de ne pas apporter notre soutien aux exportations si elles ne sont pas dûment approuvées par le gouvernement central irakien, et nous sommes inquiets de l'impact que pourraient avoir celles" en cours, a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki.

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