Le jus d’orange pressé par l’inflation: cet incontournable du petit déjeuner devrait voir son prix considérablement augmenter
Les cours des oranges et des jus d'orange flambent sur les marchés mondiaux. Une répercussion sévère est à craindre.
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Publié le 09-03-2023 à 12h18
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Tout a commencé en 2022. Comme pour beaucoup de produits de grande consommation, l'inflation a fait gonfler les prix des matières premières, de la production et des acheminements. Le jus d’orange a particulièrement été touché, son prix sur les marchés mondiaux augmentant de près de 77% entre mi-juillet 2022 et février 2023. Depuis le 30 janvier, la hausse est très forte et a atteint son niveau le plus élevé depuis plus de 20 ans ! Le jus d'orange, pur jus ou préparé à base de jus concentré avait pourtant tiré bénéfice de la pandémie de Covid. Pleine de vitamine C, vantée pour ses atouts immunitaires, l'orange avait été plébiscitée et les jus de même. En décembre 2021, la consommation en Belgique avait ainsi augmenté de 10%, par rapport à décembre 2020, pour le pur jus, et de 4% pour le jus à base de concentré.
La production d'oranges provient à 90% de l'Amérique, du Nord (Floride) et du Sud (Brésil). Or, ces régions ont affronté des ouragans et des intempéries catastrophiques, de même que la "maladie du dragon jaune" amenée par des insectes qui ont gagné toutes les plantations à causes des vents. Résultat : de très mauvaises récoltes en 2021 et 2022 conduisant à une baisse de production considérable. De 230 millions de caisses de 40 kilogrammes, avant le Covid, la Floride devrait passer à 44,5 millions en 2021-22. La production du Brésil est estimée à 264 millions de caisses.
Ce qui est encore plus problématique, c'est que l'année après une mauvaise récolte est toujours meilleure, les arbres ayant pu se reposer en portant moins de fruits. Mais le gel et la sécheresse ont inversé cette règle agricole. Les stocks internationaux de jus d’orange sont donc à leur plus bas niveau depuis 10 ans.
Dans le même temps, la demande a augmenté progressivement sur les deux principaux marchés, l'Europe et les Etats-Unis. Les transformateurs et distributeurs de jus comme Minute Maid, Paquito, Joker ou Materne devront répercuter cette hausse plus fortement que les années précédentes. Surtout que "le jus représente 60 à 80% du prix de la bouteille", d'après l'économiste Eric Imbert. En France, on table sur une augmentation de 15 centimes au litre.
En Belgique, la situation est meilleure pour l'instant, car les entreprises belges de grande distribution et leurs fournisseurs ont signé "des contrats à longue durée", explique Nicholas Courant, porte-parole de la Fédération de l'Industrie Alimentaire (FEVIA), "l'impact au niveau des prix est relativement nul. Il se fera davantage ressentir lorsque de nouveaux contrats seront signés". Les négociations devraient commencer après mars.
A noter aussi que les prix des jus multifruits seront certainement moins touchés, les producteurs diminuant alors la part de l’orange pour augmenter la part d’un autre fruit, pour compenser cette augmentation.