Le vagin n'est pas un bonbon ! Dans les culottes des filles et des femmes… encore trop de complexes et de fausses informations
Le vagin doit sentir bon, être joli comme une licorne à paillettes et le sexe féminin globalement doit se faire petit, élégant et plutôt sans poil… Des préceptes d’un autre temps, entretenus par des influenceuses sans connaissances autre que marketing.
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Publié le 25-03-2023 à 13h02
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Clairement, Kourtney K. s’y connaît plus en moula qu’en moule… C’est cru mais c’est vrai. L’aînée des sœurs Kardashian a lancé une nouvelle gamme parmi ses “compléments alimentaires”. Les “Lemme Purr” sont des gummies censés doper la “santé du vagin”. Mais ces bonbons de gélatine sont surtout vantés car ils permettent de “changer le goût” du vagin : “Nous avons associé du pur jus d’ananas et de la vitamine C au pouvoir des probiotiques SNZ 1969™, dont les études scientifiques ont prouvé l’effet sur la santé du vagin et sur les niveaux de pH qui influent sur la fraîcheur et le goût”. Une promesse qui n’a pas lieu d’être et qui peut être dangereuse. Ce qui a fait réagir des gynécologues.
Petite sucrerie, grosse c… rie
Dans son post de promotion, KK conseille : “Offre à ton vagin le plaisir sucré qu’il mérite (et transforme-le en petite sucrerie). Tu sais ce qu’on dit : on est ce qu’on mange”. Donc fraîcheur, goût, petite sucrerie… On parle d’un vagin, là ? Oui, mais en arguments has-been et sexistes.
Le marketing autour du “vagina” sous prétexte de santé, de plaisir sexuel décuplé, de bien-être a commencé avec Gwyneth Paltrow et sa plate-forme Goop. Ses œufs de Geisha à porter toute la journée pour tonifier son périnée allaient contre toutes les connaissances anatomiques et droit dans les infections vaginales. La bougie aromatisée “Vagin de Gwyneth Paltrow” sous-entendait que cette zone si spécifique devait sentir bon.
On a désormais droit au “vabbing” (un million de hashtags sur le réseau chinois), soit le fait de se parfumer de ses sécrétions vaginales. Une tiktokeuse, Mandy Lee, en parle : “si vous vous mettez au vabbing, vous allez devenir un aimant à rencontres, qu’il s’agisse d’un partenaire potentiel, d’un coup d’un soir ou simplement de quelqu’un qui va vous offrir des verres toute la soirée”. Et avant il y avait les capsules à paillettes à insérer avant un rapport…
Le commerce licorne et mycose
Or, en ce qui concerne cette partie du corps féminin qui a été un tabou pendant des milliers d’années, il n’y a pas de question idiote, pas de question qui ne vaille la peine d’être posée ! Mais les réponses à ces questions en revanche, sont importantes. En 2018 “Les joies d’en Bas” de deux futures médecins norvégiennes, Nina Brochmann et Ellen Stokken Dahl, apportait un éclairage nouveau, documenté et joyeux sur les vagin, vulve, clitoris, lèvres, anus, plaisir féminin qui a fait avancer l’imagerie collective et les connaissances individuelles. Les réponses gummies et licorne qui donnent lieu à un marché financier non négligeable, elles, continuent d’entretenir des complexes ou des rapports compliqués entre les femmes et leur sexe, leur plaisir et leur partenaire. Car elles entretiennent l’idée que les anatomies de cette zone sont toutes identiques (lire : se devant d'être parfaites). Mais participent surtout au développement des mycoses et infections au niveau médical.
Les petites lèvres font parler
On en connaît plus depuis quelques années sur le clitoris… Mais les grandes lèvres et petites lèvres du sexe féminin sont les muqueuses de tous les doutes, indique le gynécologue Dr Rigot… Des (jeunes ou moins jeunes) femmes ont recours à la chirurgie labiale pour diminuer la taille de leurs lèvres, surtout en Amérique, du Nord comme du Sud. “Les films porno y jouent un rôle non négligeable et lorsque l’on sait comme ces vidéos gratuites sont regardées par des ados de plus en plus jeunes, chez nous, cela induit un rejet de son corps et de la dysmorphophobie chez de nombreuses jeunes filles. En réalité, tous les sexes sont différents, en couleur, en forme, en odeur. Et les petites lèvres dépassent des grandes lèvres chez la plupart des femmes”, assène la sexologue Marie Tapernoux.
Heureusement il y a aussi d’autres canaux qui apportent un regard décomplexant sans jouer la carte scientifique. Comme “Sex Education”, “Masters of Sex” et le mouvement body positive. Interrogez votre gynécologue en cas de doute et de questionnements. Aucune ne vous dira qu’il y a des vagins sales avec des odeurs à masquer. Le vagin a globalement un effluve à peine perceptible et s’auto-entretient très bien. Et... s’il dégage une odeur de poisson pourri, ce n’est pas "vous", c’est certainement une vaginose, explique le docteur Bagot.
Pour s’ouvrir à la diversité des vagins, mieux vaut se tourner sur le compte “My Dear Vagina” qui le représente artistiquement dans toutes ses formes.