Les objets ont une histoire : pourquoi on l'appelle Marcel !
Le maillot de corps sans manches pour homme, popularisé par Marlon Brando et Freddy Mercury, est né aux Halles de Paris.
Publié le 05-02-2023 à 16h13
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Mais pourquoi donc appelle-t-on Marcel ce maillot de corps sans manches pour homme, parti de France qui s’est répandu aux quatre coins du monde ?
Son inventeur ne s’appelait pas Marcel, contrairement à ce qu’on pourrait penser. Par contre, le premier fabriquant en série de ce vêtement s’appelait bien Marcel… Ce prénom typiquement français était en effet le nom de la bonneterie, installée à Roanne, et qui appartenait à un certain Marcel Eisenberg. Il avait compris que l’idée d’un ouvrier des Halles de Paris avait un grand avenir…
Nous sommes à Paris à la fin du XIXe siècle. Les gros bras, qui travaillent aux halles, endossent le plus souvent des gros pulls en laine, précieux en hiver mais qui les handicapent souvent lorsqu’ils doivent transporter des lourdes caisses. Et en été, ces vêtements sont pénibles à porter. Un jour, en 1860, un des ouvriers des halles à l’idée de couper les manches de son pull pour être plus à l’aise dans ses mouvements. Le débardeur vient de voir le jour… Très vite tous les ouvriers des halles se mettent à le porter et la mode se répand largement dans de nombreux milieux ouvriers. Le gros pull sans manches fait place à un vêtement plus léger en coton.
Un élément de séduction
Le "Marcel" comme on a pris l’habitude de l’appeler se retrouve bien vite dans le paquetage des poilus de la Première Guerre mondiale. Il n’est plus réservé aux ouvriers mais il fait partie intégrante de la civilisation des loisirs. Notamment dès 1936, année qui assiste à la naissance des premiers congés payés. Sur toutes les plages françaises, Marcel fait fureur.
Le plus souvent de couleur blanche, il est souvent utilisé comme sous-vêtement, recouvert par une chemise ou un pull. Il protège ainsi du froid et, en été, absorbe la transpiration. Mais dans bien des cas, il est apparent et se porte comme un débardeur, un mot qui provient de "débarder", c’est-à-dire : décharger, le plus souvent d’un navire. Les dockers du port de Marseille, avec leurs muscles saillants et impressionnants en avaient fait leur vêtement de travail. De nombreux camionneurs également.
Le Marcel plonge à pieds joints dans la mode et apparaît dans plusieurs grands films, notamment sur Marlon Brando dans Un tramway nommé désir en 1951. Il devient le symbole de la virilité. Plus tard, dans les années 80, le chanteur Freddy Mercury, une star mondiale, apparaît sur scène avec un Marcel blanc. À la même époque, Bruce Willis affiche, lui, un Marcel ensanglanté dans le film Piège de cristal. Et Marcel entre dans le dictionnaire avec la définition suivante : débardeur, maillot de corps, tricot de peau qui découvre les épaules. Dans le même temps, le Marcel est décliné au féminin devenant aussi, de manière surprenante, un élément de séduction.
Aujourd’hui, la société qui l’a créé et lui a donné un nom existe toujours. Les Tricots Marcel fabriquent toujours à Roanne (après avoir délocalisé la production un certain temps) des débardeurs simples ou plus sophistiqués, blancs et colorés. La belle aventure continue…