Après dix-neuf ans d’existence, le célèbre restaurant “Le Petit Fils” à Lasne ferme ses portes
Le chef Sébastien Leroy explique les raisons de son choix : “Je crains être le premier d’une longue liste “
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Publié le 25-02-2023 à 07h00
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Ce n’est pas une blague. D’ailleurs, elle n’aurait pas été drôle. Le 1er avril, le restaurant “Le Petit-Fils”, une institution depuis près de 20 ans à Lasne, ferme définitivement ses portes. Après avoir bien pesé le pour et le contre, Sébastien Leroy et sa femme Inès ont choisi la moins mauvaise des solutions. Sans cris, sans larmes, avec lucidité, un brin de déception, ils tournent la page. Avec une crainte : “Mon restaurant est le premier de la liste. D’autres vont tomber… “
Après avoir franchi deux arcades monumentales en pierre et avoir laissé l’abbaye d’Aywiers dans votre rétroviseur, le Petit Fils s’offre comme une maison familiale où il faisait bon venir. Le 1er mars, le chef entame le dernier mois d’une très belle aventure avec un menu “Happy End “qui se veut positif. Même si les paramètres qui ont amené à la fermeture sont limpides.
” Une accumulation de contretemps me contraint à stopper l’établissement, raconte-t-il. La fin du bail a été le déclencheur. En pleine réflexion, une crise du personnel suivie d’une crise énergétique a plombé ma boîte. Depuis la mi-septembre, date du début de l’augmentation hallucinante des factures d’énergie, j’ai constaté une baisse de fréquentation de 30 %. À 52 ans, je n’ai ni les reins assez solides ni la motivation nécessaire pour déménager, m’endetter pour des années sans avoir de perspectives optimistes. “
"Depuis le début de la crise énergétique, la fréquentation a baissé de 30%"
Car, contrairement aux idées reçues, la crise frappe aussi le Brabant wallon et ses habitants.
” Quand vous devez rogner sur vos dépenses, la sortie au restaurant est la première à passer à la trappe. Mieux vaut être un des premiers à fermer boutique que les derniers. Dans les alentours (Lasne, Genappe, Rixensart,…), je crains plusieurs fermetures dans les petites structures de trois ou quatre personnes. Avant la Covid, nous tournions à cinq en permanence. Aujourd’hui, je serais incapable de payer une 5e personne. “
Il a bien tenté des adaptations notamment en réduisant les jours d’ouverture. En vain.
” Je pars l’esprit serein avec le sentiment d’avoir tout tenté. Au niveau des autorités, rien ne bouge en notre faveur. Quand j’ai ouvert le Petit Fils il y a 19 ans, je voulais atteindre mes 62 ans et partir tranquillement à la retraite après avoir vendu mon affaire. J’aurais dû le faire avant la Covid. Je cartonnais, mon chiffre d’affaires était trois fois plus élevé… ”

Depuis l’annonce de la fermeture, Sébastien et son épouse sont submergés de messages de soutien et de clients déçus.
” En vingt ans, nous avons vu passer beaucoup de monde, des familles, des mariages, des couples, … Pour beaucoup, le Petit Fils représente quelque chose dans leur vie. Je suis surtout triste pour les personnes âges qui venaient prendre un lunch une ou deux fois par semaine. “
Le mois d’avril servira pour vendre le matériel, nettoyer les lieux et rendre les clés. Avant une nouvelle vie.
” Pas question de déposer le bilan. Je vais continuer à travailler comme indépendant. J’ai reçu quelques propositions mais je veux d’abord me donner à fond pour le dernier mois. “