L’agneau mystique comme vous ne l’avez jamais vu
Jérôme Laffont et Joachim Thôme consacrent à l’œuvre des frères Van Eyck un documentaire passionnant dans ses moindres détails.
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Publié le 24-05-2020 à 11h39
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Jérôme Laffont et Joachim Thôme consacrent à l’œuvre des frères Van Eyck un documentaire passionnant dans ses moindres détails.
Ils y ont travaillé pendant huit ans, de 2011 à 2019. Huit années pour redonner ses couleurs, sa brillance et une infinité de détails à un chef-d’œuvre connu mondialement : le polyptyque de L’Agneau Mystique. Achevé en 1432, le monumental ouvrage des frères Van Eyck a subi les assauts du temps mais a résisté, envers et contre tout. En 1934, soit cinq siècles après que le public l’ait découvert, deux des panneaux furent volés dans la Cathédrale Saint-Bavon, en plein cœur de Gand. L’un sera restitué anonymement, l’autre ne refera jamais surface et c’est, aujourd’hui encore, une copie que l’on peut admirer. Ou plutôt que l’on pourra admirer lors de la plus grande exposition jamais consacrée au primitif flamand, quand les mesures de sécurité liées au coronavirus seront, peu à peu, levées.
En attendant, si vous rêvez de découvrir l’œuvre par le menu, on ne peut que vous conseiller de regarder le documentaire (diffusé sur Arte Belgique, dans l’émission Tout le baz’art) intitulé La tentation du réel, L’Agneau Mystique des frères Van Eyck, réalisé par Jérôme Laffont et Joachim Thôme. "Le sujet nous intéressait depuis longtemps", explique le premier. "Nous nous sommes rendu compte que la VRT avait diffusé quatre reportages sur la restauration elle-même mais rien sur le tableau lui-même." Comprenez ce qu’il raconte d’une époque, d’une société, d’un milieu. Alors les deux cinéastes se sont mis au travail, ont énormément lu sur le sujet et un fil rouge s’est dessiné : les secrets de fabrication. "Et le réalisme en peinture, puisqu’Hubert et Jan Van Eyck en sont vraiment les inventeurs", précise encore Jérôme.
Mais comment filmer une œuvre aussi grande (et alors en restauration) tout en montrant le nombre hallucinant de détails - perles, tissus, textures, lumières, visages - que les peintres ont immortalisés à jamais ? "Sur le site closertovaneyck, on peut zoomer sur les tableaux pour s’en approcher de très, très près. Ce sont ces images que nous avons projetées sur un grand écran, de 10 mètres sur 5, et devant lequel les experts et historiens de l’art se succèdent", poursuit Jérôme. Des spécialistes qui viennent de Belgique, bien sûr, mais aussi d’Allemagne, d’Angleterre, d’Espagne. Preuve, s’il en fallait encore, de l’universalité de L’Agneau Mystique.
Dans des images d’une belle poésie, on sort aussi du cadre, pour filmer cette vieille abbaye où, posée contre un mur, on découvre la stèle funéraire d’Hubert, le frère Van Eyck dont on ne sait presque rien. Mais les deux réalisateurs ont aussi rendu une petite visite à un artiste, et non des moindres, puisque David Hockney leur a ouvert sa porte, en Normandie, pour leur soumettre sa théorie sur l’utilisation par Van Eyck d’instruments d’optique dans sa peinture. "Ce n’était, paradoxalement, pas la partie la plus compliquée", sourit Jérôme Laffont, qui avait déjà consacré un sujet au graveur, peintre et illustrateur belge Frans Masereel. "Il nous a accueillis de manière très généreuse, il adore parler de Van Eyck !"
Pour ces images-là et pour toutes celles, magnifiques, d’une œuvre intemporelle, rendez-vous vous Arte, ce dimanche, à 18 h 40.