Pierre de Polignac : le grand-père méconnu d’Albert de Monaco
Publié le 26-02-2023 à 15h56
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C’est à Constantine en Algérie que voit le jour la petite Charlotte, fille de Marie-Juliette Louvet, divorcée, mère de deux autres enfants et qui travaille à cette époque comme lingère auprès d’un régiment français basé dans la ville. C’est dans ce même régiment que sert le prince héréditaire Louis de Monaco.
Les années passent, le prince qui est célibataire, n’a pas d’héritier pour garantir la continuité dynastique du Rocher. En 1911, le prince régnant Albert I de Monaco reconnaît la jeune fille comme enfant de son fils le prince Louis. Il faut encore attendre 1919 pour que Charlotte soit adoptée par son père naturel. Étant née hors mariage autorisé par le prince Albert I, elle ne peut être légitimée que par la voie de l’adoption. Charlotte devient duchesse de Valentinois.
Le 19 mars 1920, la princesse Charlotte épouse à Monaco Pierre de Polignac, fils du comte Maxence de Polignac et de Suzanne de la Torre y Mier originaire du Mexique. Il fait partie d’une ancienne famille de la noblesse française d’Auvergne. Il a grandi au château de Kerbastic dans le Morbihan. Ce n’est pas un mariage de contes de fées.
En 1922, à la mort du prince Albert I, le prince Louis II devient le nouveau prince souverain de Monaco et Charlotte, princesse héréditaire. Elle n’a cependant aucune inclinaison pour les affaires d’État. Pierre de Polignac est créé de par son mariage prince de Monaco. Le couple a deux enfants : Antoinette en 1920 et Rainier en 1923.
Le prince Pierre est un homme d’une grande culture. Il a suivi des cours de Sciences politiques et a renoncé à une carrière diplomatique en se mariant. C’est dans la capitale française qu’il va élargir son cercle de connaissances artistiques, en étant un visiteur assidu du salon tenu par sa tante la princesse Edmond de Polignac. Il y rencontre notamment Marcel Proust. C’est grâce à son entremise que le Théâtre de Monaco accueille en 1922 la Compagnie des Ballets Russes de Serge Diaghilev.
Autant la princesse Charlotte ne s’intéresse pas à la chose publique, autant le prince Pierre est un réel moteur pour la vie culturelle monégasque. En 1924, il crée la Société des Conférences qui accueille écrivains et artistes à Monaco. Si son mariage est rapidement un échec, le prince Pierre s’entend très bien avec son beau-père qu’il seconde et conseille. C’est avec l’aval de Louis II que Pierre et Charlotte divorcent en 1934.
En 1944, la princesse Charlotte renonce à ses droits dynastiques en faveur de son fils le prince Rainier qui vient d’atteindre sa majorité. Le prince Pierre représente la Principauté à l’UNESCO et est membre du comité international olympique, comme aujourd’hui son petit-fils le prince Albert II.
En 1949, le prince Rainier monte sur le trône. Il peut compter sur son père dans le domaine des arts et des lettres. En 1951, fut fondé un Conseil Littéraire groupant, aux côtés de membres de l’Académie française et de l’Académie Goncourt, des écrivains étrangers de langue française, et le premier Prix Littéraire Rainier III. Dans la foulée, le Prix Musical Rainier III, est lancé en 1960.
Le prince assiste au mariage de son fils avec l’actrice américaine Grace Kelly en 1956. Il connut cinq de ses six petits-enfants : Elizabeth-Ann, Christian et Christine-Alix, enfants de la princesse Antoinette et Caroline (qui ressemble quasi trait pour trait à sa grand-mère Charlotte) et Albert, enfants du prince Rainier. Il fonda en 1960 la bibliothèque Princesse Caroline destinées aux enfants.
Le prince se partageait entre Monaco et le château de la famille à Marchais dans l’Aisne qui est toujours la propriété des Grimaldi. Le 10 novembre 1964, le prince Pierre s’est éteint à Paris à l’âge de 69 ans. Il repose dans l’ancienne chapelle de la Paix à Monaco.
En 1966, le prince Rainier rendit hommage à l’héritage culturel de son père en créant la Fondation Prince Pierre aujourd’hui sous la présidence de la princesse Caroline, qui est l’un des prix littéraires les plus prestigieux en Europe. La princesse Caroline a prénommé son second fils Pierre en mémoire de son grand-père paternel.
Ceux qui l’ont côtoyé, parlaient toujours du prince Pierre comme d’un homme très généreux et érudit, d’une grande simplicité. Un prince qui a beaucoup contribué pour les débuts du rayonnement culturel de Monaco.