Naissance du jeu vidéo : merci à la guerre froide !
Pour le créer, son inventeur a utilisé un ordinateur qui servait à mesurer les trajectoires des missiles nucléaires…
Publié le 18-03-2023 à 11h30
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Nous sommes en 1958 au Brookhaven National Laboratory (centre de recherche nucléaire du gouvernement des États-Unis). Un physicien du nom de Willy Higinbotham cherche à s’occuper pendant les heures de pause en compagnie de ses collègues.
Il aime particulièrement le tennis et, à l’aide d’un ordinateur analogique, connecté à un oscilloscope (instrument de mesure qui visualise le signal électrique), qui servait à calculer les trajectoires des missiles nucléaires, il met au point un étonnant jeu vidéo mettant en scène le tennis. Il l’appelle “Tennis for two”. Ce jeu permet à plusieurs joueurs de participer en même temps aux parties. Sur un écran, la balle est représentée par un point brillant et elle est renvoyée de chaque côté du filet par les joueurs. C’est ainsi qu’est né le premier jeu vidéo en quelque sorte grâce à la guerre froide entre les États-Unis et l’URSS.
Willy Higinbotham n’était pas n’importe qui. Il était particulièrement qualifié. Pendant la Seconde Guerre mondiale, intégré au célèbre centre américain de Los Alamos dans le désert du Nouveau-Mexique, il était responsable de l’équipe qui prit en charge la partie électronique de la toute première bombe atomique. Par la suite, il deviendra président de la Fédération des scientifiques américains et, jusqu’à son décès en 1994, il luttera pour la non-prolifération nucléaire.
Son jeu créé, Higinbotham l’utilise régulièrement avec ses collègues, mais ne croit pas en son avenir dans le domaine des loisirs. Raison pour laquelle il ne déposera jamais le moindre brevet pour cette première console de jeux. Et ce n’est que vingt-deux ans après son invention (1980), que son jeu sera considéré comme le tout premier jeu vidéo de l’histoire.
En 1962, un autre Américain, Steve Russell, créa le premier jeu vidéo interactif : Spacewar. Un jeu plus sophistiqué : un joueur dirigeait un vaisseau spatial avec lequel il pouvait abattre le vaisseau de son adversaire. Dix ans plus tard, Nolan Bushnell, le créateur de la société Atari, invente le premier grand jeu vidéo populaire. Il est appelé Pong et, comme son nom l’indique, met en scène des joueurs de ping-pong.
Les nouveautés se suivent ensuite les unes après les autres : Space Invaders, imaginé par la société japonaise Taito en 1978. Huit ans plus tard, un autre Japonais, Nintendo, profite de l’essoufflement de l’industrie du jeu vidéo aux États-Unis pour faire un carton avec sa console Famicon. Nintendo était une société connue au Japon depuis… 1889. À l’époque, pas pour ses jeux vidéo bien entendu, mais comme fabricant de cartes à jouer. La société était notamment le fournisseur officiel de la famille impériale. Et c’est encore Nintendo qui frappa le plus fort en 1989, cent ans après sa création, avec la célèbre console Game Boy. On assista ensuite à un bras de fer entre Japonais : Sony (avec sa PlayStation en 1995) et toujours Nintendo en 2004 avec la Wii et ses manettes qui répondent aux mouvements des mains et des poignets grâce à un détecteur de mouvements.
De nos jours, avec le smartphone et Internet, Apple et Microsoft font tourbillonner le jeu vidéo, chez les jeunes bien entendu, mais aussi les moins jeunes, dont beaucoup se sont sédentarisés depuis la pandémie de Covid-19. Pas de doute, le jeu vidéo a encore une très belle vie devant lui…