40 ans du décès d’Umberto II, dernier roi d’Italie
Publié le 19-03-2023 à 16h12
:focal(763x569.5:773x559.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/JJLJ6FWM4JGOLPBEF2TDMEW4QY.jpg)
Le 18 mars 1983, le roi Umberto II d’Italie s’éteignait à l’âge de 78 ans en exil à Genève. Umberto avait régné un peu plus d’un mois. Umberto est né le 15 septembre 1904 à Racconigi. Il est le fils du roi Victor Emmanuel III monté sur le trône en 1900 suite au décès de son père le roi Umberto I (époux de la reine Margherita qui donna son nom à la célèbre pizza) à Monza le 29 juillet 1900. Victor Emmanuel a épousé en 1896 la princesse Elena de Monténégro. Umberto est le troisième de leurs cinq enfants et fils unique.
Les relations père-fils furent toujours compliquées. Victor Emmanuel n’entendant pas initier son fils aux affaires de l’État. Le souverain cultive aussi une certaine forme de jalousie avec son fils qui est grand de taille et svelte, alors que lui est de petite taille. Le prince de Piémont est considéré comme l’un des meilleurs partis du Gotha de son époque. Le roi Albert I et la reine Elisabeth y voient l’époux idéal pour leur fille la princesse Marie José qui est d’ailleurs envoyée adolescente aux études en Italie.
Après une longue attente quant à la demande formelle en mariage qui a lieu en septembre 1929 au château de Losange, aujourd’hui propriété de la famille de la reine Mathilde, Umberto a longuement mis Marie José en garde sur la pesanteur et le carcan de la Cour italienne. Le 23 octobre 1929, Umberto revient en Belgique pour l’annonce des fiançailles officielles. Le lendemain, le prince se rend au Soldat Inconnu. Alors qu’il s’entretient avec le bourgmestre Adolphe Max, un dénommé Ferdinando De Rosa, membre d’un groupe anti-fasciste tire en direction du prince, qui n’est pas touché. Il fut condamné à 5 ans de prison, il n’en fit que 2. Son avocat n’était autre que Paul Henri Spaak qui souligna que si le roi d’Italie avait eu la même attitude que le roi Albert I au sortir de la guerre, le fascisme ne se serait pas établi au pouvoir.
Le mariage est célébré le 8 janvier 1930 en la chapelle du Quirinale à Rome. Umberto a fait réaliser lui-même chez le couturier Ventura toute la garde-robe de sa future femme. Les réceptions, audiences, dîners, bals se multiplient au fil des jours. On parle dans certains cas de plus de 5 000 invités. C’est un rythme soutenu qui épuise les fiancés. La robe a été dessinée par Umberto, un modèle de style médiéval et empire, en panne de velours blanc avec un manteau de cour de 7 m qui nécessite d’être porté par quatre laquais, mais le couturier Ventura avait cousu les manches à l’envers. Il fallut en catastrophe les découdre et les enlever et faire porter de longs gants à Marie José alors qu’il fait froid et qu’il pleut. Sur les photos officielles, Marie José semble à la fois épuisée, crispée et frigorifiée. Debout depuis 5 h, elle put enfin se restaurer lors du déjeuner donné à 14 h 30.
Le lendemain, Mussolini organisa une grande parade militaire avec 20 000 soldats qui défilèrent devant un public de plus de 100 000 personnes.
Umberto et Marie José ont eu quatre enfants : Maria Pia (1934), née après la mort de son grand-père maternel le roi Albert I, Victor Emmanuel (1937) titré prince de Naples, Marie Gabrielle (1940) et Marie Beatrice (1943).
Le prince et la princesse de Piémont s’entendent bien et partagent les mêmes inquiétudes quant au devenir du pays dirigé par Mussolini. Plus libre de ses mouvements que son époux, la princesse Marie José multiplie les contacts de terrain et avec la résistance.
En 1943, Victor Emmanuel destitue Mussolini mais pour l’opinion publique hostile au Duce, la famille royale s’est compromise avec le fascisme. En 1944, le roi confie la lieutenance générale du royaume à son fils le prince Umberto et abdique le 9 mai 1946. Les nouveaux souverains jouissaient d’une certaine popularité. Marie José était connue pour son non-conformisme et avoir tenu plus d’une fois tête à Mussolini qui la redoutait.
Le 2 juin 1946, un référendum est organisé pour déterminer si les Italiens sont en faveur de la monarchie ou de la république. C’est cette dernière qui l’emporte par 54 % contre 45 à la monarchie, un score qui a depuis toujours été discuté, car nombre de soldats et de réfugiés n’étaient pas encore rentrés au pays et les registres électoraux d’après-guerre n’étaient pas tous en bon état de tenue.
La famille royale quitte l’Italie pour l’exil. Umberto n’a que 41 ans. Il s’installe avec la reine Marie José et leurs quatre enfants à Estoril au Portugal où sont aussi établies d’autres monarchies comme la famille de France, de Bulgarie et d’Espagne. La Constitution de la République d’Italie adoptée en 1948 interdit au roi de fouler le sol de sa patrie. Il en est de même pour les descendants mâles.
Les souverains se séparent sans divorcer. La reine Marie José opte pour Genève où le climat lui convient davantage. Son fils, le prince de Naples, part avec elle. Umberto reste au Portugal avec ses filles. Dans ses Mémoires, Marie José explique qu’Umberto s’était refermé sur lui-même et que leurs chemins n’avaient désormais plus les mêmes perspectives. Ils ont toutefois continué à apparaître ensemble lors des grands événements du Gotha dont le mariage en 1960 de leur neveu le roi Baudouin et les réunions de famille.
Ne pouvant entrer sur le sol italien, le roi Umberto a été inhumé à l’abbaye royale d’Hautecombe en Savoie. En cette année 1983, la reine Marie José eut les douleurs successives de perdre son époux et ses deux frères, le prince régent Charles et le roi Léopold III.
En 2002, après 56 ans d’exil, le prince de Naples et son fils, le prince de Venise, né en exil, obtinrent enfin l’autorisation de venir en Italie.
Le roi Victor Emmanuel III est mort à Alexandrie en 1947 et la reine Elena en 1952 à Montpellier. Leurs dépouilles ont été rapatriées en 2017 et inhumées au sanctuaire de Vicoforte. La sécurité de la tombe du souverain n’étant plus garantie en Égypte. Pour le moment, il n’a pas été envisagé de faire de même avec Umberto et Marie José, décédée en 2001 et enterrée à ses côtés en Savoie française.