Elena d’Espagne “La remplaçante” exemplaire
Publié le 19-03-2023 à 12h10
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En décembre prochain, l’infante Elena d’Espagne célébrera ses 60 ans. C’est ce qui a motivé la journaliste Nuria Tiburcio à publier une biographie assez fouillée de la fille aînée du roi Juan Carlos, extrêmement populaire en Espagne pour son côté patriotique affiché et sa défense de l’art de vivre à l’espagnole. C’est aussi une sorte d’hommage à une princesse qui a toujours eu le sens du devoir chevillé au corps et qui fut une victime collatérale de l’exclusion de sa sœur, l’infante Cristina, de la vie officielle de la famille royale.
Elena d’Espagne est née à Madrid le 20 décembre 1963. Elle est le premier enfant de Juan Carlos de Bourbon alors prétendant au trône d’Espagne sous le régime du général Franco et de la princesse Sophie de Grèce, fille du roi Paul (la monarchie grecque tombera en 1967). Elle est, dès ce moment, l’avenir de la dynastie, si du moins elle est restaurée un jour. Une sœur, Cristina, voit le jour deux ans plus tard et finalement l’héritier mâle Felipe en 1968.
Pour reprendre le terme du prince Harry, Elena a été jusqu’en 2005 la “remplaçante” au cas où il serait arrivé malheur à son frère Felipe. Cette posture de seconde ne semble toutefois pas l’avoir traumatisée ou marquée négativement. Elena s’est toujours tenue à disposition de l’institution depuis la montée sur le trône de son père en 1975.
Après différentes romances avancées par la presse espagnole notamment avec des cavaliers puisque l’infante pratique l’équitation en compétition et avec les archiducs Georg et Martrin d’Autriche (frère du prince Lorenz), la Cour annonce ses fiançailles avec Jaime de Marichalar y Saenz de Tejada, fils du défunt comte de Ripalda. Travaillant dans le domaine bancaire, le jeune homme d’excellente famille est un parti idéal. Le mariage célébré à Séville, montre si besoin les liens que l’infante entretient avec l’Andalousie si chère à son cœur et à celui de sa grand-mère paternelle, la comtesse de Barcelone.
Deux enfants naissent : Felipe dit Froilan et Victoria Frederica aujourd’hui influenceuse. Sous la houlette de son époux qui a intégré des conseils d’administration de marques de luxe françaises, Elena se métamorphose totalement. Juchée sur de très hauts talons, portant de larges capelines, elle s’habille désormais chez Christian Dior, Chanel ou Christian Lacroix. À la veille de Noël 2001, Jaime de Marichalar avec qui elle habite dans un triplex de l’élégant quartier de Salamanque à Madrid, est victime d’un AVC. Cette épreuve marque un tournant dans leur relation. Ayant gardé des séquelles physiques, le duc de Lugo s’enferme dans son monde et l’infante ne l’accompagne plus lors des mondanités et des défilés à Paris.
Car la vraie nature d’Elena d’Espagne, ce sont ses amis (un petit cercle rapproché), sa famille, ses chevaux, la vie à la campagne, bref une existence sans aucun chichi. La séparation est inéluctable et le divorce prononcé en 2010.
L’affaire Noos et la condamnation de son beau-frère Inaki Urdangarin à six ans de prison, ont mis sa sœur l’infante Cristina au ban de la famille royale. Elena suit le même sort alors qu’elle est très populaire. Lors de l’accession au trône de Felipe en 2014, elle passe d’être fille de roi à sœur de roi et surtout à ne plus être qu’un membre de la famille du roi, et non plus un membre de la famille royale.
On compte depuis sur les doigts d’une main les activités officielles de l’infante qui a dû dans l’intermède se trouver un travail, n’exerçant plus de mission pour la Cour. Elle dirige le département social de la Fondation Mapfre.
Ces dernières années n’ont pas été faciles pour l’infante avec la vie de famille qui a volé en éclats et qui a été étalée à la Une de la presse : l’incarcération de son beau-frère, les ennuis judiciaires et financiers de son père, les révélations de Corinna Larsen, ex-maîtresse du monarque, ses enfants souvent dans l’œil médiatique, l’exil de Juan Carlos à Abu Dhabi et l’infidélité publique dont a été victime sa sœur au sortir de prison de son époux.
Elena d’Espagne a cependant su maintenir le cap de cette vie qu’elle s’était reconstruite après son divorce. Toujours fidèle soutien pour sa mère (surtout après le décès de son frère, le roi Constantin de Grèce), sa sœur et son père qu’elle a visité à de nombreuses reprises à Abu Dhabi, l’accompagnant aussi lors de son bref retour en Galice.
Elena d’Espagne, c’est une infante proche des gens, n’hésitant pas à sortir avec sa voiture, drapeau national en main après une victoire de l’équipe de football, c’est aussi une fidèle de la tauromachie, de la Féria de Séville. Il n’est pas rare de la voir dans la foule le jour des Forces armées (équivalent de la Fête nationale), n’étant plus dans la loge royale.
Une fidélité sans borne à l’Espagne et à la Couronne. Une infante sacrifiée sur l’autel de la raison d’État lorsqu’il s’agissait de protéger au mieux Felipe VI des avanies familiales. Une infante qui avait toute sa place, qui l’a gardée dans le cœur de ses compatriotes et qui n’a jamais émis la moindre critique face à ce changement de situation. Une “remplaçante” exemplaire.