Grande question sans réponse claire que le rapport au poil. Il y a la réponse issue d’une tradition historique, sociétale et patriarcale qui ne donne aucune place à la pilosité féminine. Et la part grandissante des collectifs féministes et autres mouvements des réseaux sociaux comme le body positive qui font du retour du poil à la fois un symbole de la libération des corps et un objet de revendication féministe.
Il n’y a qu’à voir les comptes Instagram comme Le Sens du Poil, Parlons Poils ou Paye ton poil du collectif Liberté, Pilosité Sororité pour voir comme le sujet a finalement de l’importance et infuse de plus en plus dans la société, auprès de Monsieur et surtout Madame Tout-le-Monde.
Et pour y voir plus clair, le Pôle "Genre, sexualités et santé sexuelle" de l’Ifop a mené pour la plateforme de santé sexuelle Charles.co une enquête permettant de mesurer l’évolution des pratiques dépilatoires (en France) et le niveau d’adhésion aux normes et injonctions en matière d’épilation. Conclusion : mi-jambe on pourrait dire, et les femmes comprennent là de quoi l’on parle ! En fait, cette enquête met en exergue un recul sans précédent des pratiques dépilatoires en France mais aussi la persistance des stéréotypes de genre qui associent encore étroitement le glabre à la féminité et la pilosité à la masculinité.
Voici les enseignements de cette enquête menée auprès de 2 000 personnes représentatives et qui peut concerner également les tendances en Belgique. D’abord, le nombre de femmes ne "s’épilant" pas du tout le pubis a doublé en huit ans, passant de 15 à 28 %. La crise sanitaire n’a fait qu’accélérer un "retour du poil" déjà perceptible depuis quelques années. Mais dans le même temps, l’épilation intégrale (marque de fabrique du sexe vu par l’industrie du porno) progresse de manière continue chez les femmes depuis 2013 avec 24 % d’adeptes mais surtout 56 % chez les moins de 25 ans et 48 % chez les 25/34 ans.