Lorsqu’en 1862, cinq ans après la mort de Vidocq, Victor Hugo publiait Les Misérables, le succès populaire fut immédiat et foudroyant. Par contre, les gens de bon goût poussent la critique jusqu’à la colère. Sainte-Beuve, les frères Goncourt, Dumas, Baudelaire ("un livre immonde et inepte")… L’écrivain Barbey d’Aurevilly résume leur avis à tous : "Le livre le plus dangereux de son temps !" Et lorsque Paris voudra adapter le sujet au théâtre, la censure y mettra un coup d’arrêt !
Le personnage de Jean Valjean dérange. On est dans une société qui ne pardonne pas. Le public, oui. L’autorité, non. Un forçat repenti et devenu soudain un maire brillant, un homme de bien… ça n’est tout simplement pas moral ! On se doit de ne retenir que le passé de voleur de cet homme !
Il y a sans aucun doute du Vidocq dans le personnage de Jean Valjean. Avant de se mettre à la disposition de la police, puis d’y diriger la première brigade de la Sûreté, François Vidocq avait été voleur, faussaire, bagnard et roi de l’évasion. La bonne société de son temps ne le lui a jamais pardonné. Le public, oui. Victor Hugo, aussi.
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