Un patron insupportable, brutal et colérique. Il était aussi un assoiffé de pouvoir.
Son nom à lui seul symbolise la Terreur. Accusateur public du funeste Tribunal révolutionnaire, Antoine Fouquier-Tinville a, en quinze mois, requis et obtenu la mort de 2625 suspects. Il a fini par être traduit devant son propre tribunal, n’exprima jamais le moindre regret et sa défense fut celle que, deux siècles plus tard, les officiers nazis ont copiée : "Je n’ai fait qu’obéir aux ordres." À son tour, il a été condamné à la guillotine et exécuté en place de Grève (l’actuelle place de l’Hôtel de Ville) le 7 mai 1795. C’était il y a juste 225 ans.
Dans la nuit, il avait écrit à sa femme : "Je n’ai rien à me reprocher. Je meurs pour ma patrie et sans reproche. Je suis satisfait ; plus tard, on reconnaîtra mon innocence." À tout le moins, il était mauvais prophète. L’Histoire le présente aujourd’hui comme une espèce de grand tueur à gages, un vampire assoiffé de sang. Quelques nuances méritent quand même d’être apportées.
On est immédiatement après la chute de Louis XVI. Non seulement la France ne veut plus de roi, mais plus question d’être dirigée par un seul homme. C’est le parlement qui sera souverain. On lui donne un nom : la Convention. À l’époque, elle compte 377 membres.
Au début de 1793, la France va très mal. En Belgique, son armée a subi défaite sur défaite. Paris craint l’invasion des troupes autrichiennes et il apparaît que les partisans du Roi financent les émigrés qui s’agitent hors des frontières et, dans le pays, ils alimentent des insurrections.
La Convention annonce la levée de 300.000 hommes pour faire face à l’invasion éventuelle. Cela déclenche une vague d’émeutes sans précédent qui réactivent des sentiments contre-révolutionnaires.
Les guerres coûtent cher et l’économie se porte aussi mal que du temps du roi. Paris a faim et s’agite.
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