Guillaume Bats, l’audace de l’autodérision
L’humoriste français nous a quittés ce jeudi 1er juin. Nous avions eu la chance de l’interviewer il y a quelques années. Retour sur l’artiste qui avait su séduire le public grâce à son humour noir.
- Publié le 02-06-2023 à 08h29
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Ce vendredi, nous avons appris le triste décès de l’humoriste français Guillaume Bats. En 2017, nous avions eu la chance de le rencontrer juste avant qu’il ne monte sur scène pour présenter son spectacle “Hors-Cadre”.
Comment vous est venue l’idée de pratiquer l’humour ?
J’ai pratiqué le théâtre amateur à Dijon pendant neuf ans. Vers dix-sept ans, je me suis dit que vraiment, l’humour, c’était un truc qui me plaisait. C’est à cette période que j’ai appris à maîtriser les rires et non plus à les subir.
À partir de ce moment-là, je me suis dit que c’était cela que je voulais faire de ma vie.
Vous êtes ensuite monté à Paris, pour y faire vos premiers sketchs. Est-ce que dès le début, vous êtes parvenu à parler de vous et de votre handicap pour provoquer le rire ?
L’autodérision, ce n’est pas un choix. Elle fait partie de ma vie. Rire de mon handicap, avant d’être un spectacle, c’est toute l’histoire de ma vie. C’était donc naturel que dans mon spectacle, j’en rie aussi.
L’humour, c’est votre façon de combattre les discriminations ?
Je ne me sens pas porte-parole de la cause handicapée. Si je fais bien mon travail, si mes vannes sont bonnes, la cause handicapée se défendra naturellement.
Je ne me prétends pas défenseur des handicapés, mais si les handicapés, grâce à moi, se sentent mieux, tant mieux !
Quels conseils donneriez-vous aux gens qui traversent ce que vous avez vécu ?
Je n’ai pas de conseils à donner. C’est un peu égoïste aussi de ma part de faire de l’humour. Si j’en fais aujourd’hui, c’est parce qu’avant tout, ça me fait du bien. Mais si les répercussions sont positives, c’est super. Parfois, après avoir vu mon spectacle, des gens valides ou non-valides m’écrivent des messages bouleversants. Un jour, une femme m’a dit : “Vous m’avez redonné goût à la vie”. C’est puissant.
Cela vous donne-t-il l’envie de poursuivre ?
Carrément. Les meilleurs compliments qu’une personne puisse me faire, c’est que le spectacle l’a fait rire, qu’elle a juste écouté l’histoire d’un type, qui l’a fait marrer, et l’a émue à la fois. Et qu’au bout de cinq minutes, elle a oublié mon handicap.
Dans la vie réelle, c’était plus difficile ?
L’humour, ça permet de montrer aux gens qu’on n’est pas que le mec sur qui on pouvait se marrer. Fin si, on peut. Mais désormais, il faut payer (rires).
Avez-vous des projets en vue pour l’avenir ?
Rien de concret pour le moment, mais pourquoi pas du cinéma ou du théâtre. Tant que cela reste dans la branche du comique, je suis ouvert à tout.