Les insultes frappent comme des gifles verbales : "Elles déclenchent une cascade d’effets comme de l’anxiété"
Les mots ont un impact aussi fort que des claques dans notre cerveau émotionnel.
- Publié le 02-08-2022 à 06h12
- Mis à jour le 02-08-2022 à 10h03
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Les violences verbales, critiques, insultes, harcèlement ont une charge offensive importante sur nos émotions. Mais en fait, elles peuvent blesser "comme une vraie petite gifle" qui serait verbale, explique Marijn Struiksma, professeure à l'université d'Utrecht à la tête d'une recherche sur l'impact du langage et la charge offensive des insultes.
Selon cette étude menée en 2022, "recevoir une gifle ou voir quelqu'un d'autre subir ce sort est un événement très marquant, quel que soit le contexte précis". Or, "l'équivalent verbal est tout aussi évocateur, et les traces réflexes, basées sur la mémoire, se retrouvent même dans une expérience psycholinguistique qui n'implique pas d'interaction interpersonnelle naturelle".
On retient les insultes, pas les compliments
79 volontaires ont été embarqués dans une expérience. "Nous avons utilisé des enregistrements d'électroencéphalographie et de conductivité cutanée pour comparer l'impact à court terme d'insultes verbales telles que 'Linda est une idiote' ou 'Paula est horrible' à celui d'évaluations plus positives (par exemple, 'Linda est un ange', 'Paula est impressionnante') et de descriptions factuelles et neutres sur leur personne ('Linda est étudiante')", précisent les chercheurs.
Les résultats ont montré que les mots négatifs provoquaient une réaction en 250 ms, une réponse très rapide qui ne diminuait pas en fonction de la répétition massive, et qui ne dépendait pas non plus de la personne impliquée. Et cela, à cause de l’amplitude 2, une composante au niveau du cuir chevelu qui capture très rapidement l’attention émotionnelle.
Les insultes des réseaux sociaux frappent
"Les insultes déclenchaient une cascade d'effets comme de l'anxiété ou une estime de soi abîmée", détaille Marijn Struiksma. "Certains se dissipaient rapidement, tandis que d'autres avaient tendance à persister." Alors même que ces dénigrements étaient lus en toute connaissance de cause par les volontaires, dans le cadre d'une interaction expérimentale, et même "sans interaction réelle entre les locuteurs", puisque les cobayes devaient lire une série d'assertions. Ce qui pourrait vouloir dire aussi, par extrapolation, que les insultes lues sur les réseaux sociaux ont le même impact que s'ils avaient été directement éructés en direct. Ou que lorsque l'on est exposé à des remarques perfides et blessantes sans arrêt, c'est comme si on était roué de coups…
Les insultes sont donc beaucoup plus impactantes que les compliments ou les déclarations neutres pour nous êtres humains ultra-sociaux qui tenons à notre réputation et qui souvent avons des failles dans notre estime de soi…