Vivre mieux avec moins: comment alléger son espace pour libérer son esprit
“Nous pensons posséder des objets, mais ce sont eux qui nous possèdent”, selon Marie Quéru, auteur de l’Écologie d’intérieur.
Publié le 11-03-2023 à 21h17
:focal(535x680:545x670)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/CP6DEANW3ZAGFLVE26WOCEV6UA.jpg)
Le problème est que nous avons trop. Voici l’équation impossible que nous tentons de résoudre : faire entrer une quantité infinie d’objets, d’informations et de tâches dans un espace et un emploi du temps finis… L’insolubilité de cette équation semble évidente ! Cette vérité est toute simple, mais pourtant, nous avons du mal à y souscrire”, écrit Marie Quéru dans “L’écologie d’intérieur, vivre mieux avec moins” (Ed. Eyrolles, 25 €). Comment en effet se libérer du temps et de l’espace pour se concentrer sur l’essentiel, a fortiori quand on est “hyperactif” et maladivement conservateur ?

Dans cet ouvrage qui inspire d’emblée la sérénité, l’auteure, ingénieure en agriculture, décrit la manière dont “notre cerveau explique notre propension à tout conserver et à adopter des comportements de consommation frénétique”. A la question “pourquoi avons-nous trop d’objets ?”, Marie Quéru répond : “l’accumulation est simplement la conséquence d’un flux non maîtrisé : nous avons trop d’objets qui entrent (que nous achetons, acceptons ou conservons) et pas assez qui sortent (dont nous n’arrivons pas à nous séparer). Il en résulte un différentiel positif qui peut aller jusqu’à la surcharge”.
Aux particuliers, mais aussi aux entreprises, cette mère de famille propose – via des formations en ligne, des conférences ou des accompagnements sur mesure – d’expérimenter son protocole, l’écologie d’intérieur, pour mieux vivre et travailler. Dans son ouvrage, les mécanismes sont décortiqués, la méthode est détaillée.
La philosophie de l’écologie d’intérieur y est décrite comme “une philosophie de l’essentiel qui propose d’accroître notre bien-être personnel, tout en ayant un impact environnemental et sociétal positif”. Au minimalisme, une notion immédiatement associée à “quantité minimale, donc privation”, elle préfère le terme “essentialisme”, “plus juste car il décrit un rapport sain à l’objet, où nous ne gardons que ce qui est essentiel pour nous.” Pour elle, “l’essentialisme est une notion positive et nuancée, qui laisse la place au progrès. C’est un chemin que chacun est libre de prendre ou non, pour trouver son équilibre”.
Les trois pollutions
Encore faut-il identifier les pollutions qui nous entourent parfois à notre insu. Au nombre de trois, principalement : visuelle, mentale et environnementale. “La surabondance de biens, d’informations et d’obligations est une triple pollution qui perturbe l’équilibre nécessaire à nos vies, tout comme une pollution souille et altère un milieu, fait remarquer Marie Quéru. La pollution visuelle de nos espaces advient lorsque les objets prennent le pas sur notre espace vital et perturbent notre regard, au point que notre environnement semble désagréable à vivre. Quant à la pollution mentale, elle se produit quand les stimulus trop nombreux, suscités par le trop-plein, viennent épuiser notre cerveau, créant de la fatigue mentale puis physique”.
Illustrant ces propos, “l’arrangeuse”, du nom de son compte Instagram, explique : “Tous les objets qui nous entourent sont la représentation physique d’une liste de tâches à accomplir, virtuelle ou réelle. La vaisselle à laver, le linge à repasser, un livre à lire, un meuble à retaper, une facture à régler, une veste à porter, un vase à épousseter… Plus les objets sont nombreux, plus cette liste s’allonge”.

Alors, concrètement, comment s’y prendre pour tendre vers plus de simplicité ? C’est tout l’objet de l’ouvrage. Entre autres pistes, l’auteure suggère de “ne conserver que les tâches et les objets qui facilitent notre quotidien et à nous séparer des supposées innovations qui s’avèrent souvent de “fausses bonnes idées” ; éviter tous les objets qui n’ont qu’une seule fonction afin de privilégier, au contraire, ceux qui peuvent en assurer plusieurs à la fois. Ainsi, nous ne verrons plus pulluler des objets utilisés que très rarement”. Pour lutter contre la pollution environnementale, on choisit le “durable”, qu’il s’agisse d’objets ou de pratiques plus écologiques. S’orienter vers des nouvelles pratiques qui suppriment de nos vies tout ce qui est jetable pour, in fine, éliminer totalement de nos comportements la notion d’usage unique.
Pour changer durablement notre rapport à l’objet, le seul moyen efficace est “d’abord nous confronter à la réalité possédée, puis trier pour ne garder que l’essentiel et enfin réorganiser les items restants de façon optimale, pour faciliter notre quotidien et le rendre beau”.
Un résultat qui peut être atteint en suivant le cycle de l’écologie d’intérieur, qui comporte cinq étapes. “Premièrement, idéaliser, c’est-à-dire imaginer quel serait notre mode de vie ou de travail parfait. Deuxièmement, visualiser afin de nous confronter à ce qui nous empêche d’atteindre cet objectif. Ensuite, essentialiser, ce qui permet de trier de façon à ne garder que les essentiels, le but étant de ne conserver que les objets, les tâches, les amitiés… qui comptent vraiment pour nous. Vient après l’étape de réorganisation qui nous amène à réfléchir à la façon optimale d’agencer le résultat de notre tri en définissant une place pour chaque chose. Enfin, éditer à pour but d’améliorer encore le résultat obtenu en mettant en œuvre notre nouvel art de vivre. Lorsque nous ne possédons que nos essentiels, idéalement organisés, il devient possible d’interroger nos pratiques (en matière de consommation d’écologie…), d’affiner notre art de vivre et de tendre définitivement vers notre vie idéale”. Joli programme !

Les cinq règles d'une bonne organisation
Pour Marie Quéru, auteure de l’Écologie d’intérieur, une bonne organisation est catégorisée, accessible, visible, contenue et verticale. “Ces cinq règles simples pour optimiser le placement de nos objets, combinées entre elles, rendent notre organisation imbattable”. Explications en extraits.
1. Catégoriser. “Il s’agit de ranger ensemble les objets appartenant à la même sous-catégorie. À nous de déterminer les sous-catégories qui correspondent le mieux à nos habitudes : par matières, par usages, par types de produits ou encore par moments de la journée. Il n’y a pas de catégorisations prédéfinies, seulement celles qui nous ressemblent”. Exemple dans la cuisine, on peut imaginer différentes sous-catégories. Par matières : le verre, le métal, la céramique, le bois… Par usages : l’art de la table, la préparation des repas, la conservation des aliments… Par moments : le petit-déjeuner, les repas, le goûter, les soirées festives…
2. Être accessible. Il s’agit, d’abord, de s’assurer qu’un objet est “attrapable” et donc “replaçable” en un minimum d’actions (idéalement une ou deux) ; ensuite, réfléchir à ce que l’on utilise le plus souvent et rendre ces objets le plus accessibles possible (à l’avant d’un tiroir, face à nous, en première place dans une arborescence digitale…) ; enfin, respecter l’anatomie de notre corps, en plaçant les choses les plus lourdes en bas et les plus légères en haut.
3. Rendre visible. Tous les objets hors de notre vue seront oubliés. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout exposer, mais notre système de classification doit être suffisamment clair et intuitif. Plus possibilités pour y parvenir : la couleur, la transparence des contenants dans les espaces de stockage et la cohérence qui permet à l’œil de repérer plus facilement les groupes d’objets.
4. Contenir. Cela revient à maintenir ensemble nos objets pour éviter qu’ils ne tombent, ne se renversent ou ne se mélangent, grâce à des boîtes, des séparations, des dossiers… Une recommandation qui s’applique encore plus aux petits objets, mais aussi aux objets numériques.
5. Verticaliser. Pour utiliser au mieux un espace, il faut utiliser la verticalité. Qu’il s’agisse de couvercles de casseroles, de stylos dans un bocal, de papiers administratifs dans un classeur, de tablettes de chocolat dans la porte du frigo…, le gain de place est phénoménal, tout est accessible et l’objet oublié en bas de la pile n’existe plus !
Un peu de lecture...
Chinez, recyclez, réinventez !
“Si vous vous sentez un peu dépassé lorsque vous arrivez en brocante et que vous ne voyez jamais rien d’intéressant, partez en quête d’une seule fourniture à la fois. La recherche d’un seul élément ne vous empêchera pas d’en ramener d’autres. Si en cherchant votre table de chevet, vous trouvez votre bibliothèque, prenez-la”. Des astuces, comme celle-ci, pour chiner avec aisance, mais aussi pour recycler des objets ou des meubles et ainsi réinventez son intérieur, le livre “Créez votre intérieur en respectant votre planète”, de Nafi Rêve, en regorge. Convaincue que l’on peut se meubler exclusivement avec des articles d’occasion, elle encourage la “récup” en la mettant en valeur, quitte à la détourner de sa destination initiale. Un guide pratique très sympa, avec photos avant/après.

Créez votre intérieur en respectant la planète, Nafi Rêve, Ed. Racine, 24,95 €
Pour s’épanouir chez soi
Être bien chez soi, c’est essentiel, et pourtant, cela ne va pas forcément de soi. Quelles sont les couleurs qui feront que l’on se sente bien ? Comment créer une harmonie ? Ou apporter du confort ? En 50 exercices, la décoratrice Anne-Laure Rusak propose dans “50 exercices déco thérapy” de faire un bilan de notre intérieur pour réfléchir à ce que nous attendons réellement de lui. Esthétiquement, bien sûr, mais aussi surtout psychologiquement.

50 exercices déco thérapy, Anne-Laure Rusak, Ed. Eyrolles, 12 €
Direction zéro déchet
Le zéro déchet, cela peut s’appliquer un peu partout. Dans chaque pièce de la maison, il existe trois règles d’or à appliquer en priorité, d’après Sylvie Droulans, auteur de “Révélez l’éco-héros qui est en vous, le zéro déchet en 12 étapes”. À savoir : faire un désencombrement (nettoyer, vider, trier), définir ce dont on a réellement besoin et évacuer petit à petit les objets à usage unique et se focaliser sur des objets réutilisables et durables.

Révélez l’éco-héros qui est en vous, le zéro déchet en 12 étapes, Sylvie Droulans, Zéro carabistouille, Ed. Racine, 22,50 €