L’examen est raté ? Réponse A : bah, le niveau était trop haut, le cours pas à la hauteur ! Réponse B : c’est normal que je l’ai raté, je suis nulle, je n’ai pas assez travaillé, ces études ne sont pas pour moi.
Si vous répondez B, il y a de fortes présomptions pour que vous soyez une femme. Car cela s’appelle le syndrome d’imposture. "C’est un cran au-dessus encore du manque de confiance en soi", explique Elisabeth Cadoche, journaliste et auteure avec la psychologue Anne de Montarlot du livre Le syndrome d’imposture - Pourquoi les femmes manquent tant de confiance en elles ? (Ed. Les Arènes). " C’est un déficit particulier de confiance qui fait qu’on a peur de tout, et surtout d’être démasquée, cela procure aussi un sentiment de honte, parce que l’on ‘sait’ que l’on n’est pas à la hauteur du challenge, de la confiance, de la mission qu’on a placée en nous. C’est paralysant, on se dévalorise en boucle dans sa tête, on se compare aux autres, en les mettant tous sur un piédestal. Et c’est carrément paralysant ! " , décrit-elle. C’est d’ailleurs connu dans le milieu professionnel : là où les hommes se survendent pour un poste et apprennent après, les femmes y réfléchissent longuement, tournent autour de l’idée, ne se sentent pas capables et doivent travailler longuement sur un argumentaire avant de postuler (en se sentant dans l’imposture !).
Et cela existe chez toutes les femmes même les plus haut placées ! Comme Michelle Obama qui s’étonne encore que l’on écoute ce qu’elle dit ou Simone Veil qui se disait : "Je vais faire une grosse bêtise et on va me jeter hors de l’Assemblée."
Pourquoi cela ? " Cela peut aussi toucher les hommes mais bien moins. Parce que l’on a vécu des siècles de domination masculine, qu’on a totalement intégré culturellement le fait que les femmes sont cantonnées surtout dans la sphère privée. Ce sont des stéréotypes construits et répétés dans le cadre familial, des petites phrases quand on est une fillette : ‘Sois bien sage et ne fais pas de bruit’, ‘Tu cours comme une fille.’