Comment réinventer son couple ?
Même sans en avoir conscience, on construit très souvent son couple sur la base de schémas transmis par nos parents. Alors, si l’on se rend compte qu’au fond, cet héritage ne nous convient pas, comment s’en libérer et créer ainsi un couple qui nous ressemble ?
Publié le 26-09-2021 à 12h49 - Mis à jour le 26-09-2021 à 12h50
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Se différencier de ses origines
Si notre façon d’aimer est tant influencée par celle de nos parents, c’est qu’ils ont été la seule référence de couple reçue pendant l’enfance. "Pour s’en détacher, il est important de commencer par faire un travail d’introspection sur son propre couple", souligne Ginevra Uguccioni, psychologue
En pratique
Réfléchir à nos modes de fonctionnement dans notre couple (façon de communiquer, d'exprimer son amour, de concevoir l'éducation des enfants...) et distinguer ce qui vient vraisemblablement de nos parents de qui est vraiment "nous". Par exemple, si je suis "volcanique" en cas de désaccord, est-ce réellement ma façon de m'affirmer ou parce que j'ai toujours vu mes parents se crier dessus lorsqu'ils se disputaient ? Si à la maison j'assume le quotidien, est-ce par réel plaisir ou parce que, dans ma famille, cela a toujours été ainsi ? Si j'ai du mal à manifester mon amour devant les autres, est-ce par réelle pudeur ou parce que je n'ai jamais vu mon père et ma mère s'embrasser ? "Cette prise de conscience permet de déconstruire le modèle hérité de nos parents afin de s'autonomiser. "
Établir un pactede couple
"Il permet de construire ou de consolider son propre mythe de couple, et de s'assurer que l'on partage les mêmes valeurs fondamentales et objectifs de vie et non ceux hérités de nos parents " dit Ginevra Uguccioni. Premier amour ou pas, l'idéal est d'établir ce "contrat" lorsqu'on s'installe ensemble, moment où les divergences et les incompréhensions commencent à émerger. " Mais on peut aussi le faire, le revoir ou le faire évoluer, lors des grands changements de vie où il y a souvent confrontation des schémas familiaux de chacun", souligne la spécialiste. Par exemple lorsqu'on projette un mariage ou un Pacs, à la naissance ou au départ d'un enfant, s'il y a déménagement, changement ou perte de travail, passage à la retraite...
En pratique
On met sur la table tous les sujets importants qui vont être la base du couple et chacun exprime sa vision des choses, ses désirs et ses attentes : valeurs (honnêteté, solidarité, indépendance, confiance, place du travail...), communication (parler de tout, tout le temps ? Besoin d’avoir des espaces de silence ? De garder des jardins secrets ?...), sexualité (basée sur la complicité et la tendresse ? Ouverte à des expériences nouvelles ?...), gestion de l’argent (qui paie quoi ? Ouvrir un compte à deux ou pas ? Quelle part réserver aux dépenses plaisir ?...), éducation des enfants (très cadrée ou pas ? La mère ou le père s’arrêtera-t-il de travailler pour les élever ou non ? Qui s’en occupe et quand ?...), répartition des tâches (familiales, domestiques, administratives...), vie sociale...
À partir de là, on discute de nos divergences, et chacun estime ce qu'il est prêt à donner, mesure sa capacité à faire des compromis et à accepter l'autre tel qu'il est : "C'est une négociation qui peut être douloureuse, les partenaires pouvant avoir l'impression de trop "céder" sur leurs désirs ou sur le modèle de leur famille d'origine, mais c'est une étape clé pour que le couple devienne une entité propre, résultat des influences et des schémas de chacun des partenaires ," relève Ginevra Uguccioni.
Créer ses propresrituels d’intimité
"Notre conception de ce que doit être la place de l'intimité dans le couple se construit via un ensemble de transmissions que nous lèguent nos parents, et cela passe beaucoup par la démonstration d'affects," note Ginevra Uguccioni. Or, bien souvent, parce qu'il s'agit d'un modèle traditionnel encore très présent, l'un ou l'autre des partenaires estime que les gestes d'affection n'ont plus leur place lorsqu'ils deviennent parents. " Alors qu'ils font partie du socle du couple."
En pratique
Essayer d'échanger les rôles : par exemple, celui des deux qui habituellement ne fait jamais de câlin montre à l'autre qu'il/elle a envie de l'embrasser, et l'autre, qui dans la réalité souhaiterait plus d'intimité, la/le repousse comme s'il/elle n'en avait pas envie, ou n'osait pas. "Cela fonctionne, car se mettre à la place de l'autre permet de mieux le comprendre, d'envisager la relation d'un autre point de vue."
Recréer l'intimité originelle : qu'il s'agisse de se tenir la main dans la rue, de se blottir l'un contre l'autre dans le canapé, de se faire une caresse ou un bisou en se croisant dans la maison... "L'objectif est de retrouver ces petits gestes qui ont sans doute marqué les débuts de la relation du couple, afin de récréer cette intimité originelle."
Oser inventer : en s’affranchissant des stéréotypes familiaux traditionnels et en laissant libre son imagination et son intuition. Quelques mots d’amour sur un Post-it collé en douce dans son agenda ou sur une carte postale glissée dans sa poche, un “sexto” envoyé dans la journée, un week-end surprise en tête-à-tête, de menus services rendus... qu’il s’agisse de petites ou de grandes choses, l’idée est d’entretenir l’affection avec des ingrédients de “son cru”.
Savoir poser des limites avec nos familles
Le schéma parental peut aussi être entretenu parce qu’on laisse trop souvent ouverte, ou trop grande, la porte à nos parents. Notre mère nous donne sans cesse des conseils sur notre vie de femme ou l’éducation de nos enfants, notre père sur la façon de tenir notre budget, il faudrait qu’on déjeune ensemble tous les dimanches... bref, ils empiètent sur notre territoire de couple.
En pratique
Mettre une certaine distance entre nous et nos parentse. 'Il ne faut pas hésiter à leur expliquer, sans violence ni agressivité, en quoi leur côté intrusif peut être blessant pour nous et/ou notre partenaire, insiste Ginevra Uguccioni. Il ne s'agit pas de rompre, mais de redonner sa place à chacun."
Si les rituels nous semblent pesants : on peut leur dire par exemple que, désormais, on ne viendra qu'un dimanche sur deux, qu'on ne passe plus tous les anniversaires ensemble... "Il est possible qu'ils se sentent blessés, mais il leur revient alors de faire un travail sur eux-mêmes pour se détacher de leurs propres enfants."