Que vaut le nouveau Mad Max? Découvrez la critique de notre expert ciné
"La tête haute", "Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence" et "Un peu, beaucoup, aveuglement" sont également passés à la loupe.
Publié le 12-05-2015 à 20h43 - Mis à jour le 13-05-2015 à 07h26
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"La tête haute", "Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence" et "Un peu, beaucoup, aveuglement" sont également passés à la loupe.
Mad Max Fury Road
RÉSUMÉ
Hanté par les souvenirs de ceux qu’il n’a pu sauver, Mad Max n’est plus animé que par un seul instinct : celui de survie. Qui le pousse à miser sur Furiosa alors qu’elle tente de sauver les épouses du monstrueux Immortan Joe.
NOTRE AVIS: 3 étoiles
Aucune tromperie sur la marchandise : la furie et les routes (poussiéreuses) annoncées dans le titre sont omniprésentes. Sans le moindre temps mort, le film démarre sur les chapeaux de roue par une course-poursuite entre de vieux bolides customisés et l’increvable Ford Falcon de Mad Max. Qui se termine mal pour le héros : un crash spectaculaire et une nouvelle fonction, celle de donneur de sang pour un taré à la solde de l’homme qui contrôle les réserves d’eau, Immortan Joe, un monstrueux mix d’Hannibal le cannibale (pour le look) et de Dark Vador (pour la respiration).
Fidèle à lui-même, George Miller ne se préoccupe pas trop du scénario pour nous offrir des images extrêmement léchées de la furie humaine, de dégénérés hurlant à la mort et de bolides qui soulèvent de la poussière dans le soleil rougeoyant sur fond de musique hard rock et de battements de tambour. La caméra plongée au cœur de l’action, il en met plein la vue, notamment lorsque des acrobates se balancent sur des voitures dans un ballet d’une beauté folle.
Entre deux séquences d’explosions, de voitures pulvérisées par des camions au look de forteresse et de chutes de cadavres dans le désert, George Miller s’offre parfois un moment de détente facétieuse. Comme lorsque Mad Max découvre au milieu des dunes les femmes, au physique et aux tenues minimalistes de top models, que Furiosa tente de faire fuir.
Spectaculaire en diable, Fury Road ne peut que ravir les fans d’actions échevelées. Mais qui d’autre irait voir en salle le retour de Mad Max ?
La tête haute
RÉSUMÉ
En total décrochage scolaire, délaissé par une mère complètement dépassée, ultra-violent à la moindre petite frustration, depuis 10 ans Malony passe plus de temps dans le bureau de la juge de la jeunesse que sur les bancs de l’école.
À part voler des voitures, rien ne le motive. Au grand désarroi des éducateurs chargés de ramener cet ado de 16 ans sur le droit chemin. Et à chaque fois, sa réponse face aux faits est la même : c’est de la faute des autres…
NOTRE AVIS: 3 étoiles
Sélectionné en ouverture du Festival de Cannes ce mercredi soir, La tête haute tient avant tout de la grande claque. Dès les premières images, le ton est donné : Malony et sa maman rient effrontément au nez de la juge. Inconscients de la gravité des faits qui leur sont reprochés. Incapables d’assumer la moindre responsabilité. Et provocateurs en diable. De vrais cas désespérés. Et pourtant, malgré le manque de résultats, la juge (Catherine Deneuve, épatante de tendresse et de sévérité pour un rôle tout en nuances) continue d’y croire. Tout comme l’éducateur (Benoît Magimel, impeccable lui aussi) parfois désespéré par l’absence de solution à proposer à Malony.
Comme eux, on s’accroche à l’espoir d’un déclic qui ne vient pas, à cette certitude qu’il y a forcément du bon dans cette petite terreur, véritable concentré de toutes nos peurs et de nos échecs collectifs en matière d’éducation. Comme eux, on rêve de voir la raison l’emporter. Mais la logique de Malony est fort différente. Pur produit de notre société égoïste, boursouflée de télé-réalité qui fait croire que nous avons tous un incroyable talent et qu’il sera forcément reconnu, il veut tout, tout de suite. Et explose si ce n’est pas le cas. Les formations ? Pour quoi faire : elles ne paient pas ! Les voitures accidentées ? Pas grave, il en volera une autre. Rien ne compte pour lui, à part cette mère incapable de l’élever (Sara Forestier, dans un contre-emploi surprenant) encore plus gamine que lui.
Loin de verser dans la psychologie à la petite semaine, Emmanuelle Bercot présente cet ado sans exagération ni angélisme, avec un réalisme terrifiant. Tout en nous amenant à nous poser des questions sur tout ce qui a mal tourné pour en arriver là.
C’est parfois irritant (les nerfs sont mis à vif par cette boule de rage), souvent interpellant, toujours en décalage avec la morale ou les conclusions faciles. Et brillamment joué par le jeune Rod Paradot dont on devrait beaucoup entendre parler à l’avenir.
Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence
RÉSUMÉ
Deux marchands sinistres, désireux de "donner du plaisir", tentent vainement de vendre un masque ignoble, une boîte à rire et des dents de vampire. En chemin, ils croisent la route d’un roi d’opérette qui fait évacuer les femmes d’un bistro pour y entrer à cheval, d’un concierge maniaque et d’une foule de personnes plus sinistres les unes que les autres.
NOTRE AVIS: 3 étoiles
Complètement déjantée, tournée dans des décors sordides qui feraient passer une ville décrépie de Sibérie pour Las Vegas, à un rythme de papy, cette comédie de Roy Andersson, récompensée d’un Lion d’or à Venise, louvoie en permanence entre le délire intégral et l’ennui. Tout y est lent, long, répétitif et filmé en plan fixe. Très proche du cinéma muet (la plupart des acteurs au second plan ne disent rien et ne bougent même pas), elle dévoile en une trentaine de sketches ces petites absurdités de l’existence délicieusement drôles ou franchement irritantes. Aux antipodes du cinéma hollywoodien, cette bizarrerie d’un autre âge, à l’humour très noir, va dérouter, séduire ou énerver.
Un peu, beaucoup, aveuglement
RÉSUMÉ
Un acariâtre inventeur de casse-tête se transforme en spécialiste de la prise de tête lorsqu’une voisine vient s’installer dans l’appartement d’à côté, séparé par une minuscule cloison absolument pas insonorisée. Manque de chance : elle est têtue. Après s’être copieusement pourri la vie, une trêve est conclue. Et, sans jamais s’être vus, chacun commence à trouver du charme à l’autre…
NOTRE AVIS: 3 étoiles
La comédie romantique est le genre le plus formaté du monde. La structure ne change jamais. Et ce n’est pas la première réalisation de Clovis Cornillac qui la révolutionnera. L’acteur de 47 ans a néanmoins le bon goût de partir d’une idée originale. Une sorte de The Voice sentimental : les tourtereaux flashent uniquement sur la voix, sans que le physique joue le moindre rôle. Les dialogues sont parfois inspirés ("Il est con comme une valise sans poignée" ou "Ce n’est pas un téléphone, c’est un cerveau de rechange"), les disputes cocasses (qui obligent Cornillac à marcher sur les éponges par exemple) et les comédiens sont mignons comme il se doit. Le cahier des charges est donc rempli.