Sorties ciné de la semaine: des singes en pagaille , un Malick en roue libre et une Inde de carte postale (VIDEOS)
Découvrez les sorties ciné de la semaine !
- Publié le 11-07-2017 à 20h20
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Découvrez les sorties ciné de la semaine !
La planète des singes - Suprématie : la trilogie s’achève sur une note mineure
Hollywood compte énormément sur ce dernier volet de la trilogie La planète des singes pour redresser un box-office qui épouse dangereusement les courbes d’intention de vote du PS depuis le début de l’année. Mais pas sûr qu’il ait misé sur le bon cheval. Car dans son ultime guerre, César est loin de faire mouche.
La faute en incombe à un scénario étonnamment mollasson et, surtout, bien trop imbibé de sentimentalisme à l’eau de rose. À tout moment, on essaie de nous arracher des larmes, alors qu’on est venu voir un grand spectacle.
Vraiment dommage, car Matt Reeves a manifestement fait preuve d’ambition en appliquant les règles du western au duel sous la pluie ou la neige entre les hommes et les singes. La vengeance et le règlement de comptes tiennent lieu de moteur à l’intrigue. Suite à la mort de sa femme et son fils aîné, César, tel un héros solitaire, part seul sur la piste du responsable du massacre : Le Colonel. Enfin, il aimerait partir seul : Luca, Rocket et Maurice, qui connaissent leurs classiques et les Dalton, n’ont pas l’intention de le laisser jouer à l’outlaw sans eux.
Notre avis Mais pour autant, l’expédition ne se transforme pas en chevauchée fantastique. Pour César, le conflit est avant tout intérieur. Faut-il assouvir sa vengeance, au risque d’entraîner la chute de tout son peuple, ou tenter de sauver les singes, retenus prisonniers par Le Colonel pour construire un mur géant ?
Le clin d’œil à Donald Trump est amusant. Tout comme ceux à Apocalypse Now (un chef militaire chauve illuminé et… Ape Pocalypse Now écrit sur un mur), La grande évasion, Le sixième homme et même Les 10 commandements (pour la séquence finale). Mais cela ne suffit malheureusement pas à compenser le manque d’action. L’attaque sauvage inaugurale (très réussie) et la fameuse guerre finale expédiée rapidement ne suffisent pas, en dehors d’elles, c’est le grand vide.
Pour faire passer le temps, Matt Reeves amène les justiciers velus à adopter une petite fille rendue muette par le virus qui frappe les humains, sauver des chimpanzés crucifiés voire se sacrifier pour permettre à César d’aller au bout de sa quête en dépit des contradictions qui le tiraillent de plus en plus.
Bien sûr, techniquement, c’est irréprochable. Les effets spéciaux sont bluffants, les décors naturels majestueux et ceux des prisons militaires évoquent avec effroi les camps de concentration. Andy Serkis, le champion de la Capture Motion qui se cache de nouveau sous les traits de César, parvient même à faire faire naître les émotions des primates sous la couche d’images de synthèse. Mais cette histoire-là pouvait aisément se relater en 1 h 30 au lieu de 2 h 20. C’est dire si cette Suprématie souffre de nombreux temps morts.
Même si certaines séquences nous plaisent énormément, c’est donc une petite déception qui l’emporte au final.
Le dernier vice-roi des Indes: l’Inde pour les Nuls
L'HISTOIRE Comment, en tant que petite-fille d’Indienne, peut-on livrer une évocation aussi lamentable de la partition des Indes britanniques qui, le 15 août 1947, donna naissance à l’Inde et au Pakistan et provoqua l’un des plus grands déplacements de populations de l’histoire (12,5 millions de réfugiés) et fit des centaines de milliers de morts dans des combats fratricides entre hindous et musulmans ? Sur ce sujet, on se souvient du magnifique Earth de Deepa Mehta. La comparaison avec cette bluette signée Gurinder Chadha n’en est que plus douloureuse…
NOTRE AVIS (0/5) La cinéaste d’origine indienne livre une reconstitution historique totalement convenue. Est-ce parce qu’elle est née à Nairobi et qu’elle a grandi en Angleterre ? Chadha adopte en tout cas un point de vue toujours occidental, réduisant aux seconds rôles les personnages indiens et pakistanais, quand les figures historiques de Nehru et Gandhi jouent la carte de l’exotisme. Au milieu du chaos qui s’empare du palais du vice-roi à Delhi, le spectateur est donc prié de compatir pour le sort du pauvre Lord Maunbatten (Hugh Bonneville, aussi princier que dans Downton Abbey ) et de son épouse Edwina (Gillian Anderson). Soit deux braves aristocrates britanniques venus accomplir leur devoir en procédant à la dissolution de la colonie et à la mise en place de la ligne Radcliffe, sans prendre conscience de l’importance historique des événements. Tout comme la cinéaste, qui se concentre uniquement sur la reconstitution pesante… Toujours soulignée, recourant aux violons, la mise en scène achève de plonger Le dernier vice-roi des Indes dans le naufrage le plus complet. Jusque dans une dernière scène indigne et racoleuse, qui, lors de la présentation du film au festival de Berlin, a provoqué plus de rires que de larmes…
Song to Song: Terrence Malick se prend encore pour Godard
L'HISTOIRE Difficile de déterminer si Terrence Malick passe son temps à fumer la moquette ou à regarder en boucle la filmographie complète de Jean-Luc Godard. De toute façon, cela revient exactement au même. Tout comme dans les épouvantables T r ee Of Life, A la merveille et Knight Of Cups , il ne prend plus la peine de s’encombrer d’un scénario. Ni même de tenter de raconter une histoire. Il enchaîne les images (généralement avec le reflet du soleil sur la caméra) sans le moindre souci de raccord, de cohésion ou de logique, et plaque dessus quelques phrases définitives sur lesquelles les philosophes du cinéma plancheront peut-être dans les prochaines décennies tout y trouvant uniquement le sens qui les arrange. C’est bien simple, ce ne sont plus des films, mais juste des foutoirs.
NOTRE AVIS (0/5) Song To Song reproduit ce même schéma avec une fan (Rooney Mara) tellement branchée rock qu’elle couche avec un compositeur à succès un peu naïf (Ryan Gosling) et une star douée pour profiter du talent des autres (Michael Fassbender). Tout cela pour illustrer le thème de la trahison dans le monde du show-business et des relations amoureuses. Mais fallait-il pour autant entrechoquer dans le plus grand désordre les séquences du passé, du présent, de disputes, de concert, de réconciliations, sans la moindre structure narrative ? Et pendant 2 h 09 encore bien !
Natalie Portman, Cate Blanchett, Holly Hunter ou Val Kilmer viennent ajouter une ligne à leur filmographie sans rien apporter au récit inexistant ou à ce fatras censé produire des émotions à partir du chaos. Cette torture interminable n’est à réserver qu’aux masochistes ou aux cinéphiles désireux de prétendre qu’ils ont compris le but de ce vide intersidéral.