Les sorties ciné de la semaine: un duo 100% belge épatant, un thriller grotesque et un biopic de qualité
Dans Ôtez-moi d’un doute : le duo Cécile de France - François Damiens est juste épatant. Halle Berry est la star du nanar de la semaine, tandis que Jeanne Balibar donne vie à l'énigmatique Barbara. On n'oublie pas le sympathique duo Hawke-Hawkins dans Maudie.
Publié le 05-09-2017 à 18h30 - Mis à jour le 06-09-2017 à 15h12
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Ôtez-moi d’un doute : le duo Cécile de France - François Damiens est juste épatant. Les comédies françaises sont souvent à l’image des petites phrases de Donald Trump : navrantes, désespérantes. Mais de temps en temps, il y a un petit miracle (on parle des comédies hexagonales, plus de Trump…), comme Ôtez-moi d’un doute . Le petit bijou dont on n’attend rien de spécial qui se transforme en 1 h 40 de bonheur.
L'HISTOIRE: Spécialisé dans le déminage des plages, direct et plutôt bourru, Erwan (François Damiens) gère son entreprise avec rigueur et ses relations avec son père affectueux, sa fille enceinte ou son futur beau-fils débile… comme il peut. C’est-à-dire assez maladroitement. Sa vie manque cruellement de fantaisie ou de divertissement, mais elle lui convient parfaitement. Enfin, le croit-il.
Un test génétique lui apprend que son papa (Guy Marchand) n’est pas son père biologique. Et cela le taraude. Il engage une société de détectives pour connaître l’identité de son géniteur. Un type bien (André Wilms), sympa, avec qui il parvient à parler beaucoup plus librement qu’il ne l’a jamais fait.
Une source de bonheur , mais aussi de terrible malheur. Car il est aussi le paternel d’une femme médecin au caractère bien trempé, d’un naturel insolent désarmant, Anna (Cécile de France). Une femme adorable dont Erwan était tombé amoureux quelques semaines auparavant. Sans savoir qu’elle était sa demi-sœur. Faut-il tout lui dire et perdre son amour, ou se taire et braver les interdits moraux ?
Comme si cela ne le torturait pas suffisamment, voilà que son papa commence à se douter de quelque chose.
NOTRE AVIS (5/5):Carine Tardieu a écrit le scénario avec Michel Leclerc, le réalisateur du Nom des gens, et cela se sent. On retrouve dans sa comédie la même tendresse pour une multitude de personnages attachants, un goût pour les situations inextricables, un grain de folie et un attachement à tout ce qui rend la vie belle. Pour ne rien gâcher, face à un François Damiens émouvant, tout en retenue, elle offre à Cécile de France un rôle solaire, magnifique, dont les réflexions, directes et marquées du coin du bon sens, amènent un décalage hilarant par rapport au politiquement correct d’usage dans les rapports sentimentaux.
Ces deux-là, on voudrait passer des heures à leurs côtés. Ainsi qu’avec leurs proches. Pour le plaisir de se sentir bien, mais aussi pour toutes les pistes de réflexion sur le sens de la famille, l’approche éducative, la transmission, les amours impossibles ou la pression sociale. Une vraie bulle de fraîcheur et de joie. À ne manquer sous aucun prétexte : ce sera un des films français de l’année. Sans l’ombre d’un doute.
Barbara: l’énigme Barbara
L'HISTOIRE: Comment rendre compte de ce personnage évanescent, de cette Longue dame brune qui cacha rapidement sa véritable identité (Monique Serf, née en 1930 d’une mère russe et d’un père alsacien) derrière le nom de scène de Barbara, ses robes noires, ses fourrures, son eye-liner ? La tâche est impossible et Mathieu Amalric l’a compris. Son film ne sera donc pas une biographie convenue mais une évocation très personnelle de celle qui a bercé son adolescence.
NOTRE AVIS (4/5): Son film, il le conçoit comme un puzzle, où il mêle archives visuelles et sonores, scènes de fiction, tournage dans le tournage, mais aussi making of du film qu’il est en train de mettre en scène. On le retrouve, par exemple, interrogeant Jacques Tournier, qui a écrit un livre sur la chanteuse. La scène est évidemment jouée; elle est pourtant documentaire, Amalric se mettant en scène en train de tourner son film, où Barbara est campée par sa complice de toujours Jeanne Balibar. Entre la chanteuse et l’actrice, l’alchimie est totale. À tel point qu’à un certain moment, il devient difficile de faire la différence entre Balibar et Barbara. Dans une scène, Amalric fait dire à son personnage que Barbara est une femme insaisissable, toujours différente. C’est exactement l’angle qu’il a choisi pour composer par petites touches ce portrait très juste. Car à travers Barbara, c’est de lui que parle le cinéaste et peut-être un peu de la fascination pour son ancienne compagne Jeanne Balibar, qu’il filme avec amour…
Maudie: l’innocence de l’art
L'HISTOIRE: Née en 1903 et morte en 1970 en Nouvelle-Écosse, Maud Lewis est une peintre folklorique canadienne parmi les plus connues, en raison de ses toiles naïves.
NOTRE AVIS (3/5): Aisling Walsh appuie peut-être un peu trop sur l’infirmité des personnages. Pourtant, on finit par s’attacher à ce couple pas banal, qui a vécu simplement, en dehors de la société. Et ce à cause d’acteurs impeccables de retenue. Tant Sally Hawkins (assez mimétique) qu’Ethan Hawke parviennent en effet à faire vivre ces personnages, les empêchant de glisser dans la caricature grossière.
Kidnap: une course-poursuite grotesque
L'HISTOIRE: Quelques secondes. Karla n’a lâché des yeux son fils que quelques secondes, le temps d’un coup de fil. Et il a disparu au milieu du parc. Paniquée, elle court partout. Et découvre qu’il est enlevé de force sur le parking. C’est le début d’une angoissante course-poursuite.
NOTRE AVIS (0/5): Cela fait près de 3 ans que ce film porté et produit par Halle Berry traîne dans les tiroirs. Étonnant, vu le casting et le sujet. Mais au bout de quelques minutes, on comprend pourquoi. Tout est invraisemblable et beaucoup trop facile dans cette traque. Les kidnappeurs menacent de tuer l’enfant, la maman abandonne la poursuite puis… la reprend, comme si la menace avait disparu. Et, naturellement, aux croisements d’autoroute, elle prend systématiquement le bon chemin… au hasard. Le final est à l’avenant : grotesque, tellement risible qu’il ne reste rien du suspense.