Les sorties ciné de la semaine: Zombillénium, Knock, Petit paysan, Confident royal & Good Time
Zombillénium a été réalisé en grande partie dans le studio carolo DreamWall
- Publié le 17-10-2017 à 18h23
- Mis à jour le 17-10-2017 à 18h41
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Zombillénium a été réalisé en grande partie dans le studio carolo DreamWall On tire trop souvent à boulets rouges sur le Pays noir. En oubliant toutes ses réalisations de nature à rendre verte de jalousie la concurrence. Comme Zombillénium , un dessin animé tourné pour un tiers dans le studio carolo DreamWall. Un petit bijou d’Arthur de Pins et Alexis Ducord, qui vient s’ajouter aux autres joyaux de la couronne que sont Astérix : le domaine des dieux (près de 3 millions d’entrées) ou La tortue rouge (nommé à l’Oscar du meilleur film d’animation).
Une aubaine aussi bien sur le plan artistique que financier. Sur les 13,5 millions € de budget de Zombillénium , 2,5 millions ont été dépensés en Wallonie. Dont 1,8 chez DreamWall. Ce qui représente de l’emploi pour 49 personnes, entre septembre 2015 et février 2017.
"Au début, seules trois personnes travaillaient, mais nous avons eu jusqu’à 24 animateurs attachés en même temps au projet" , explique Jean-Michel Ballaux, production manager de DreamWall. "Notre chance a été de faire l’adaptation avec l’auteur de la BD lui-même, Arthur de Pins. Il voulait faire un projet orienté teenagers, une satire hybride de la société et des séries Z à la Twilight . Sa crainte était de voir son univers dénaturé par la 3D. On a donc fait un test, qui est devenu le clip de Skip The Use . Cela l’a complètement rassuré. En même temps, il a changé le héros. Aurélien est devenu Hector, un comptable qui déteste le parc d’attraction des zombies et qui va y rester contre son gré. Seul l’auteur pouvait apporter cette modification qui donne plus de relief à l’histoire. Par contre, il avait bien besoin d’un coréalisateur qui connaît la 3D et qui sait couper pour ramener l’histoire à 75 minutes au lieu de 2 h (rire)."
Si les vampires, loups-garous et autres zombies (pas toujours) facétieux du parc d’attraction lui ont donné de grandes satisfactions, les décors, eux, ont apporté quelques sueurs froides. "Les monstres à Londres, New York ou Paris, c’est du déjà vu , poursuit Jean-Michel Ballaux. Tout se passe donc dans le nord de la France, dans un décor très plat, à l’ambiance plombante. Tout y est calme. On voit à des kilomètres à la ronde, comme si tout avait été rasé, jusqu’aux terrils, c’est presque apocalyptique. D’autant qu’un coup de grisou a fait de nombreux morts dans la mine qui sert désormais de parc. Pour les Américains, ce sera sûrement déroutant. Mais pour nous, c’était surtout un casse-tête. De partout dans le village, on doit voir le parc au loin, à hauteur d’homme. On avait sous-estimé cet élément. Cette grande visibilité nous a obligés à créer le décor complet, en reliant toutes les pièces du puzzle, ce qui ne se fait jamais. Un sacré boulot, même si c’était indispensable pour la cohérence de l’univers et les déplacements de caméra."
Aujourd’hui, cela fait la fierté de DreamWall. Et cela amuse autant Jean-Michel Ballaux que "les clins d’œil à la chanson de Pierre Bachelet, Les Corons , à Twilight , Lino Ventura, les Men in Black et Chewbacca, notamment. "
Mais un projet chasse l’autre et aujourd’hui, l’un de nos plus grands studios ( "60 à 70 personnes à temps plein, avec des pics à 120" ) relève d’autres défis. "Nous avons toujours trois productions en parallèle. Abraca , un dessin animé 2D de 26 minutes, la suite de la série Boule et Bill en 3 D et Vic le Viking , un long métrage 3 D qui devrait sortir en salle en été 2018. Comme nous sommes adossés à Dupuis - mais aussi Sambre Invest, la RTBF et Wallimage - nous privilégions son immense catalogue, même si tout dépend toujours des commandes des diffuseurs. Notre réputation internationale est telle que je sais déjà sur quoi nous devrions travailler en 2018 et 2019. Cela crée des vocations et des emplois chez nous. Avant, 60 % des animateurs étaient belges. Désormais, c’est 85 %. "
Un bel exemple de réussite qui remet à sa place la sinistrose ambiante.
Les damnés de la Terre
Zombillénium revisite avec bonheur le mythe des vampires, loups-garous et autres zombies dont on aime tant avoir peur
Même pour un contrôleur de sécurité tatillon comme Hector, ce n’est jamais une bonne idée d’avoir la dent dure au moment d’inspecter Zombillénium, le parc d’attraction peuplé de monstres dont sa fille Lucie est mordue. Et encore moins d’énerver un vampire et un loup-garou en même temps. C’est qu’ils prennent vite le… mors aux dents. Un petit coup d’incisives et voilà la bête de règlements transformée en créature démoniaque pour l’éternité. Dans un environnement qui tient de l’enfer sur Terre. Les touristes sont de plus en plus difficiles à effrayer et les affaires vont mal. C’est bien simple : le diable en personne est prêt à vendre ses parts à des investisseurs privés uniquement intéressés par l’argent. C’est dire si toute la troupe des monstres peut se mettre à trembler. Même si Hector compte bien apporter un peu de sang frais à l’entreprise.
Notre avis: Top
En adaptant sa propre bande dessinée, Arthur de Pins ne se contente pas de se moquer gentiment de Twilight et de revisiter les grands mythes cinématographiques de l’effroi. Il le fait avec un délicieux humour impertinent, une grande tendresse pour tous ceux dont on aime tant avoir peur, et beaucoup d’inventivité. Dans le décor triste du nord de la France, le sort des damnés de la Terre devient très vite symbolique d’un monde où l’argent remplace les sentiments, d’une société où tu rapportes du fric ou tu crèves.
Les images sont lourdes de sens, mais allégées par des références cocasses à Pierre Bachelet, aux Black Panthers, à l’esprit du jazz, aux Men in Black , à Star Wars ou à La planète au trésor . Cette version de Plus belle la mort possède un charme fou, une poésie touchante, une musique enivrante et un graphisme emballant. Une belle réussite.
Knock
Juste pour Omar Sy
Dans le tranquille et fortuné village de Saint-Maurice, les visites chez le médecin sont bien moins courantes qu’à l’église ou au bar du coin. Jusqu’à l’arrivée du Dr Knock. Partant du principe que "les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent" , l’ancien escroc change vite la situation à son profit.
Notre avis: Bof
Depuis le Knock immortalisé par Louis Jouvet au cinéma, en 1950, plus personne n’avait osé s’attaquer à la pièce de Jules Romain. Mais ça chatouillait ( "Ça vous chatouille ou ça vous gratouille ?" ) Lorraine Lévy, bien décidée à offrir une version plus positive et ensoleillée du récit. Dans un décor digne de Pagnol, avec Omar Sy en tête d’affiche. Souriant, dynamique, directif, roublard, il livre un numéro plein de charme, de sensibilité et d’humour. Mais cela ne suffit pas à sortir le film de son ornière vieillotte. Les conflits avec le curé paraissent datés, tout comme la naïveté des habitants. Comme la mise en scène se traîne, on ne voit pas bien l’intérêt de cette nouvelle version, pas déplaisante mais terriblement banale.
Petit paysan
L’amour vache
La trentaine solitaire, Pierre ne vit que pour ses vaches laitières qu’il appelle chacune par leur prénom et pour lesquelles il s’inquiète au point d’appeler sa sœur, vétérinaire, à toute heure du jour et de la nuit au moindre signe bizarre. Alors, quand l’une d’elles est atteinte de fièvre hémorragique, il panique. S’il ne la fait pas disparaître incognito, tout le troupeau devra être abattu.
Notre avis: Top
Sur papier, Petit paysan peut difficilement être qualifié d’attrayant. Mais à l’écran, la magie opère. Face à Sara Giraudeau, épatante, Swann Arlaud livre une prestation sidérante de naturel, d’humanité et de justesse. César en vue pour cet acteur déjà vu dans Ni le ciel ni la terre ou Baden Baden . Et peut-être aussi pour Hubert Charuel, fils de fermier, qui signe sa première réalisation. Sans fioriture, il place le décor puis resserre de plus en plus l’intrigue autour de Pierre, au point de transformer ce drame en un véritable thriller, tant on se demande comment il pourra se sortir de ce guêpier. Une excellente surprise.
Confident royal
Une histoire vraie, étonnante et rafraîchissante
Lors de chaque repas au cérémonial rigoureux, la reine Victoria traîne autant le poids des ans que son ennui. Jusqu’à ce qu’un Indien musulman, Abdul Karim, enfreigne les règles et apporte un vent de fraîcheur dans sa vie.
Notre avis: Bien
Cette histoire vraie, méconnue tant ses traces ont méticuleusement été effacées en Angleterre, tombe à pic, dans le climat de méfiance actuel, pour rappeler tout ce que l’ouverture aux autres cultures peut nous apporter. La rigueur britannique, associée à la fantaisie indienne et la philosophie musulmane, débouche sur une rencontre savoureuse, inattendue et pleine de sens. Judi Dench, en souveraine tantôt cassante, tantôt compréhensive, livre une prestation parfaite face à un Ali Fazal sympa en diable. On peut reprocher l’angélisme de Stephen Frears et son manque de nuances dans la description de l’entourage royal très coincé, mais le thème et sa portée humaniste actuelle compensent largement ces défauts. Cette histoire mérite d’être mieux connue et qu’on en tire des leçons.
Good Time
Robert Pattinson, un barjot impulsif
Il y a des jours, comme ça, où des bras cassés comme Connie (Robert Pattinson) et Nick Nikas (Bennie Safdie) feraient mieux de rester couchés plutôt que suivre leur inspiration. Mais voilà, le premier rêve de richesse rapide et le second fonctionne plus lentement que la moyenne. Alors, ensemble, avec un masque présidentiel sur la tête, ils tentent un braquage. Foireux, évidemment. Au bout duquel Nick va se retrouver en prison. Connie n'a alors plus qu'une seule idée en tête : le faire évader. Mais une seule idée, c'est vraiment peu pour y arriver. Et la nuit va tourner au cauchemar pour lui.
Notre avis: Bof
Cet ovni des frères Benny et Josh Safdie démarre à un rythme démentiel, lors d'une séance de psy tout à fait dingue qui en dit long sur les tourments des deux frangins. Mais assez rapidement, à force de rencontres improbables (avec une ado que Robert Pattinson séduit pour planquer son frère et lui voler la voiture familiale ou un dealer bien à l'Ouest) dans des lieux que le sont tout autant (un parc d'attraction la nuit, l'appartement kitsch d'un gardien qui vient de se faire tabasser), le thriller vire à la comédie à l'italienne, tendance grotesque. Le suspense s'évapore en même temps que l'intérêt pour le truand lors de cette variation underground d'After Hours. Les moments de pure folie semblent dès lors constituer le seul attrait de cette œuvrette assez inconsistante.
Mention tout de même à Robert Pattinson, plus que convaincant en barjot impulsif prêt à tous les sacrifices pour son frère adoré. Mais pour le reste, il n'y a pas grand chose à voir passé le feu d'artifice initial.