Les confidences de Timothee Chalamet: "Beaucoup pensent que je suis gay"
Timothee Chalamet, à 22 ans à peine, est nommé à l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans Call me by your name.
- Publié le 25-02-2018 à 13h10
- Mis à jour le 25-02-2018 à 13h11
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Timothee Chalamet, à 22 ans à peine, est nommé à l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans Call me by your name. Il a 22 ans. Il est acteur et franco-américain. Il vient de jouer dans Call me by your name, aux côtés de Armie Hammer et est pressenti pour un Oscar dans la catégorie meilleur acteur. En face de lui, le 4 mars prochain, du lourd, pardon du très lourd. Daniel Day-Lewis, Denzel Washington, Gary Oldman, Daniel Kaluuya. Ses chances ? 50/50 ! Comme le sang qui coule dans ses veines ! Dans Big Bird, le premier film de Greta Gerwig, il irradie tellement la pellicule que ce film a, lui aussi, été nominé aux Academy Awards. Ce n’est pas fini, on le retrouvera également dans le prochain Woody Allen avec Selena Gomez. Quoi d’autres ? Ah oui, au moment où nous transcrivions cette interview, nous apprenions que Timothee Chalamet - retenez bien son nom - allait incarner Henri V. Rencontre avec le nouveau roi d’Hollywood. Un surdoué que l’on surnomme déjà le DiCaprio puissance 10 !
On doit vous appeler comment ? Timmy ? Tim ? Timothee ?
"Timmy ! Sinon, il y a aussi Timmy T, Little Timmy Tim, quand je faisais du rap. En Chine des fans m’appellent Sweet Tea. On m’appelle parfois aussi Elio à cause de mon personnage dans Call me by your name !"
Vous avez débuté très jeune dans ce métier. Comme faites-vous pour garder les pieds sur terre ?
"Il faut déjà rester connecter avec sa famille et ses amis. C’est la première évidence. Ensuite, il faut savoir faire leur tri entre ceux et celles qui vous encensent à longueur de journée pour obtenir certains avantages et ceux et celles qui n’ont qu’une ambition : vous aider à progresser. Ce n’est pas toujours facile de faire le distinguo, mais avec le temps et l’expérience, on y arrive… Après avoir joué le fils du vice-président dans Homeland et celui de Matthew McConaughey dans Interstellar , j’ai compris que les choses commençaient à bouger pour moi. Le téléphone s’est mis à sonner, ma boîte mail à saturer. J’ai pris ce train en marche en espérant maintenant qu’il ne déraille pas !"
Il y a à peine un an, vous étiez un quasi inconnu. Aujourd’hui, on ne parle que de vous dans la presse et vous raflez des awards un peu partout. Quel effet cela vous fait ?
"Vous dire que cela ne me fait pas plaisir serait un gros mensonge ! Cela serait surtout en contradiction totale avec les raisons mêmes pour lesquelles j’exerce ce métier : me produire devant un public et donc, au final, être apprécié pour ma performance d’acteur. L’acteur qui vous jure qu’il n’apprécie pas être au contact des gens ou recevoir des bons points, à savoir des prix, des awards, n’est pas un acteur selon moi. Ce métier, il n’a de sens, il n’a de légitimité même que si vous êtes capable de toucher le cœur et l’âme de celles et ceux qui viennent vous voir au cinéma ou au théâtre. Moi, je suis acteur parce que je veux pouvoir mettre entre parenthèses, le quotidien des gens. Mon job, c’est de les transporter ailleurs."
Vous pensez qu’il faut être fou pour être un bon acteur ?
"C’est une bonne question qui demande une bonne réponse. La réponse est oui. Nous sommes des écorchés vifs, des êtres à fleur de peau. Vous ne pouvez pas faire ce métier si vous n’avez pas été en analyse. Ne serait-ce que pour essayer de comprendre qui vous êtes vraiment. Un rôle cela exige que l’on fasse abstraction de qui on est. Parfois, on s’investit tellement que l’on oublie qui l’on est. Il nous faut un temps de réadaptation. Un peu comme un astronaute qui aurait passé trop de temps en apesanteur !"
Et vos parents vous ont-ils toujours suivi ?
"Oui, j’ai cette chance d’avoir eu des parents qui m’ont toujours soutenu. Avant d’intégrer la Performing Arts High School de New York Laguardia, j’ai tourné des pubs, joué des petits rôles, etc. Quand j’étais plus jeune, vers l’âge de 13 ans, j’étais un gars un peu rebelle. J’avais une forme de mal-être en moi qui me rongeait. Parfois, j’étais en colère contre tout. À commencer contre moi-même parce que je n’arrivais pas à définir ce qui me mettait dans cet état. Jusqu’au jour où j’ai compris que j’avais besoin de jouer. C’était même la seule activité qui me procurait de la joie ! En intégrant mon école, LaGuardia Drama School, j’ai découvert que je n’étais pas le seul dans ce cas. Pour autant, il m’a fallu travailler. Le talent, ce n’existe pas à l’état pur. C’est quelque chose qui se façonne, qui se cisèle. Un peu comme une création réalisée par un artisan !"
Quel conseil majeur donneriez-vous à un jeune qui souhaite suivre vos pas ?
"Se débarrasser de ses tics, de ses moues, de certaines postures. Quand vous arrivez sur un plateau, il faut être comme un papier vierge, un papier buvard qui va s’imprégner du personnage. Si vous arrivez avec des expressions d’un rôle précédent, cela ne donne rien de bon. Il est important de jouer sans en ajouter, sans mettre des fioritures. Il faut épurer, dégrossir afin de garder la substantifique moelle ! Le reste, c’est du verbiage ! Ma chance c’est d’avoir grandi à New York et non à Hollywood. J’ai vécu à Big Apple et ai été confronté à des expériences qui m’ont construit !"
Votre père est Français si je ne m’abuse ?
"Oui ma famille du côté de mon père est de Chambon-sur-Lignon. Un petit village situé en Haute-Loire. À une heure de Saint-Etienne. C’est clair que cela n’a rien à voir avec Manhattan ! (rires) . Ma mère, elle, est Américaine. Elle travaille aujourd’hui dans l’immobilier. C’est aussi une actrice accomplie. Tout comme ma sœur."
Vous séjourniez souvent en France ?
"Trois à quatre mois dans ce village de 3.000 habitants ! Les neuf mois restant, je vivais à Hell’s Kitchen à New York. À chaque retour, j’avais besoin d’un temps de réadaptation. C’est amusant mais j’ai l’impression que mon background européen me sert grandement aujourd’hui ! Dans Lady Bird, je parle français. Dans Hostiles et Call me Me By Your Name , je mets aussi en avant ces racines du Vieux Continent !"
2017 aura été une année fantastique pour vous. Qu’attendez-vous de 2018 ?
"Pour l’heure, je profite de ce qui m’arrive. De toutes ces bonnes critiques, de l’amour du public. Je tiens un journal de bord dans lequel je consigne tout ça. Je veux pouvoir me rappeler de chaque instant quand je serai un vieux monsieur ! (rires) . Ce qui est clair, c’est que je ne veux rien brusquer. Je monte une marche à la fois et si quelqu’un me propose de prendre un escalator ou un ascenseur direct vers la renommée, je ne m’empresse pas !"
Vous êtes aussi très présent sur les réseaux sociaux ?
"Yep ! Là aussi, il a fallu gérer. Du jour au lendemain, je suis passé de quelques centaines de milliers de followers à des millions de followers. Notamment sur Instagram ! Quand je poste un message, je réfléchis deux fois plutôt qu’une..
Beaucoup de messages enflammés ?
"Oui ! Cela fait parti du package !"
Quel est le post qui vous a le plus touché ?
"Celui d’une jeune fille qui a mis ma photo en haut de son sapin de Noël. Elle avait mis comme légende : " Si j’ai placé Timmy au firmament de mon sapin, c’est parce que c’est une shining star" . C’était mignon et touchant !"
"J’adore mettre des mots français dans mes phrases !"
Timothee Chalamet doté d’un sacré sens de la repartie ne se laisse décontenancer par aucune question…
Vous avez beau être un acteur surdoué, cela ne doit pas être évident de tourner des scènes d’amour avec un homme que vous ne connaissiez pas auparavant ?
"Pour Call me by your name , Luca, le réalisateur avait bien fait les choses. Il nous avait demandé à Armie et moi-même de sociabiliser avant de tourner. Six semaines avant d’amorcer le film, nous sommes donc sortis ensemble à droite à gauche. Nous nous sommes beaucoup parlé. Nous sommes devenus ainsi plus complices. Du coup, les scènes auxquelles vous faites allusion n’ont pas posé plus de problèmes que ça. Et puis, vous savez, il ne faut pas en faire tout un plat. C’est très technique une scène d’amour. On vous demande de mettre les mains-là, de faire telle ou telle moue et surtout d’y croire un peu. Aujourd’hui, beaucoup de gens pensent que je suis gay parce que j’étais vraiment naturel. Pour moi, c’est le plus beau des compliments que l’on puisse me faire; cela signifie que j’étais crédible. La beauté de Call me by your name , c’est qu’il nous fait comprendre que l’amour, c’est l’amour. Y compris chez des gens du même sexe !"
Certes mais faire l’amour aussi à une pêche cela ne doit pas être évident…
"Là aussi, j’y étais préparé. Luca est venu vers moi deux semaines avant que nous tournions cet ébat fruitier ! (rires) . Quand il a évoqué cette scène de masturbation avec une pêche, j’aurais pu douter de sa santé mentale mais je n’ai pas réagi ainsi car cette scène était parfaitement légitime ! Originale mais légitime ! Bref, je revois Lucas m’approcher et me dire : " Tu sais la scène d’amour avec la pêche ? Sache que j’ai essayé ! Ca marche ! " (rires) . J’étais loin alors de m’imaginer que cela deviendrait un moment d’anthologie ! Tout le monde me pose des questions sur cette scène…"
J’imagine que vous devez voir les pêches différemment maintenant ?
"Oui ! Surtout les juteuses ! Les pêches que nous avons auditionnées pour cette scène étaient toutes bio, je tiens à le préciser ! (rires) "
Vous est-il déjà arrivé de pleurer par amour ?
"Oui ! Quand vous aimez quelqu’un forcément vous devez montrer de la vulnérabilité, des émotions. À partir du moment où vous ouvrez votre cœur et votre âme, forcément, vous prenez le risque de souffrir. Enfin, si les choses ne se passent pas comme vous l’avez espéré !"
Vous êtes plus romantique quand vous êtes aux États-Unis ou en France ?
"Quand je suis à Paris, la mécanique du romantisme s’enclenche automatiquement et naturellement. Je me souviens d’un été passé en France. J’étais amoureux d’une fille qui n’était pas à mes côtés ! Du coup, j’ai commencé à pas mal cogiter. Cette fille me manquait tellement que je suis entré dans un mode nostalgique. Je déambulais dans les rues de capitale en écoutant en boucle du Edith Piaf et d’autres chanteurs qui vous font vibrer vos cordes sensibles ! C’est évident, je voulais souffrir !"
On a beaucoup évoqué aussi dans la presse les testicules de Armie Hammer ! Qu’est ce qui s’est réellement passé ?
"Disons que l’action de Call me by your name se déroule dans les années 80. À cette époque, les hommes portaient des shorts très courts et un peu amples parfois. Bref, au cours d’une scène les testicules de Armie sont sortis de leur contexte . Nous avons dû les effacer digitalement en postproduction ! Un gros boulot !"
Vous pensez que cette scène sera proposée en bonus dans le DVD ?
"Oui ! Et on verra même au ralenti ! Je plaisante ! Non, dans le DVD, vous ne verrez rien non plus ! Enfin, j’imagine…"
Quand vous êtes furieux, vous jurez en Anglais ou en Français ?
"En Anglais ! Mais j’adore mettre des mots français dans mes phrases !"
Comme ?
"Joie de vivre ! (en français dans le texte) "