Sorties ciné de la semaine: une adaptation ratée de "Gaston Lagaffe" mais un chef d'oeuvre, "Lady Bird" (VIDEOS)
Découvrez toutes nos critiques des sorties ciné de la semaine. Au menu: "Gaston Lagaffe", "Ladybird" et "Drôles de petites bêtes".
Publié le 03-04-2018 à 19h14 - Mis à jour le 04-04-2018 à 10h54
Découvrez toutes nos critiques des sorties ciné de la semaine. Au menu: "Gaston Lagaffe", "Ladybird" et "Drôles de petites bêtes".
"Gaston Lagaffe" : adapter l’œuvre de Franquin était mission impossible
Encore une adaptation de BD franco-belge. Et encore un ratage. Pas aussi monstrueux que ceux du Petit Spirou, de Lucky Luke, Iznogoud, Blueberry, Largo Winch, Michel Vaillant ou Les Chevaliers du ciel , mais un échec quand même. D’autant plus cruel que Pierre François Martin-Laval, alias PEF, est un vrai fan. Qui fait le maximum pour respecter les personnages et les gags originaux. Mais s’attaque à une montagne bien trop haute, tout simplement inaccessible. Pour lui ou n’importe quel autre cinéaste.
La magie des albums réside avant tout dans le coup de crayon génial de Franquin, l’expressivité délicieuse et hilarante de chaque personnage : la joie enfantine de Gaston chaque fois qu’il se lance dans un projet farfelu, la tête furibarde de Prunelle au moment de découvrir une nouvelle catastrophe, les colères rouges de M. De Meesmaecker, l’air sadique de Longtarin ou la béatitude de Mademoiselle Jeanne. Autant de visages impayables, impossibles à retranscrire au cinéma sans tomber dans la caricature grossière ou la trahison fade.
Notre avis: bof
PEF parvient à donner de la cohérence aux aventures de Gaston (une gageure en soi) mais pas à retranscrire la saveur désopilante de chacune de ses lubies. On ne voit pas comment il aurait pu mieux interpréter Prunelle, dénicher une mademoiselle Jeanne plus craquante qu’Alison Wheeler, ni trouver un Gaston plus ressemblant que Théo Fernandez. Mais cela ne suffit pas. Il ne parvient pas à combler l’espace entre les cases, là où le lecteur se tordait de rire en imaginant les délires du garçon de course le plus lent du monde. Ni à suivre les protagonistes dans leurs coups de folie improbables. Tout paraît lent, mièvre, poussif, peu inspiré : ce qui percute en quelques cases perd énormément de sel dans une longue mise en place destinée à rendre l’ensemble réaliste.
Les fans de Franquin ne s’y retrouveront pas, c’est une certitude. Les autres, sans doute déjà pas très motivés à la base, risquent de ne pas rire souvent, tant la plupart des gaffes et des dégâts tombent à plat (ou à l’eau). Non, vraiment, Gaston n’aurait jamais dû quitter son douillet divan de papier.
"Ladybird": le meilleur film de 2018… jusqu’à maintenant
Notre avis: chef-d’Œuvre Précipitez-vous pour découvrir cette merveille en salle, car avec un casting sans star et un scénario dépourvu de scènes d’action, Ladybird risque de ne pas rester longtemps à l’affiche.
Ladybird, c’est en fait le surnom que se donne Christine, une lycéenne dégoûtée par la ville de Sacramento, son école trop stricte et son quotidien trop quelconque. Sa vie, elle la verrait bien dans une grande université très chère de la Côte Est, après des sorties avec des amies fortunées et le plus beau garçon de l’établissement scolaire. Elle aimerait l’inventer, tout simplement. Sans toujours se rendre compte des dégâts causés, chez ceux qui l’aiment, par son aversion pour la réalité.
Une petite tranche de vie toute simple, qu’on a l’impression de connaître, voilà tout ce que propose la réalisatrice Greta Gerwig pour sa première réalisation. Mais tout y est tellement juste, aussi bien dans l’humour que les coups de cafard ou les réflexions sur l’enseignement et les copines, qu’on est transporté comme par enchantement dans nos propres souvenirs scolaires. Ou dans les relations compliquées avec les parents et les amis. Voire dans les rêves, poursuivis avec entêtement, dont on ne comprend pas toujours plus tard en quoi ils étaient si importants.
Alors que le thème se prête à une comédie vulgaire, balourde et pétomane, comme Hollywood en produit à la chaîne, Greta Gerwig mise sur la finesse, la tendresse, le non-dit, la subtilité des contradictions des multiples facettes d’une même personnalité.
Saoirse Ronan, déjà fabuleuse dans Lovely Bones de Peter Jackson, Hanna de Joe Wright, The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson ou Dix-sept ans en captivité de Nikole Beckwith, confirme son immense talent et sa capacité à trouver l’humanité de personnages mêmes banals. Grâce à elle, Ladybird constitue le film le plus touchant de 2018… jusqu’à maintenant.
"Drôles de petites bêtes": la vie en rose pour les tout-petits
Notre avis: bien
Énorme succès d’édition (plus de 18 millions d’exemplaires vendus), Drôles de petites bêtes débarque au cinéma, dans un film d’animation mignon, tout en rondeur, destiné aux plus petits. Pour raconter en douceur une fable à la fois écologique (la guêpe Huguette veut s’emparer de la couronne de sa cousine, la reine des abeilles, Marguerite, et détruire l’équilibre du jardin) et contemporaine, puisque le héros n’est autre qu’Apollon le grillon, un vagabond habitué à être rejeté parce qu’étranger. L’histoire n’est pas originale, mais les messages sont joliment délivrés.