Ce qu'il faut retenir des Oscars 2023
Michelle Yeoh, Jamie Lee Curtis, Brendan Fraser, Ke Huy Quan et Everything Everywhere All at Once couronnés lors de la 95e cérémonie des Oscars qui ont éteint la plupart des polémiques.
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Publié le 13-03-2023 à 10h19 - Mis à jour le 13-03-2023 à 10h32
Qu’il paraît loin le temps où les Oscars constituaient un label de qualité des films hollywoodiens à voir absolument au cinéma malgré la concurrence des blockbusters. Jusqu’en 2019, les grands studios présentaient discrètement leurs films les plus ambitieux dans quelques rares cinémas avant la date limite, puis organisaient une grande sortie après l’annonce des nominations ou la cérémonie, pour profiter de l’effet Oscars et séduire le grand public avec des fictions plus originales. Mais la pandémie est passée par là, les cinéphiles se sont abonnés massivement aux plateformes de streaming et désormais, seuls les grands spectacles comme Avatar : The Way of Water (Oscar des effets spéciaux) ou Top Gun : Maverick (prix du meilleur son) attirent encore la grande foule dans les multiplexes. “Les films à Oscars”, comme on les appelait, servent désormais surtout à attirer de nouveaux souscripteurs vers le streaming.
Le palmarès de cette année l’illustre parfaitement : les deux grands vainqueurs sont tous les deux accessibles sur Internet. Everything Everywhere All at Once, qui a décroché sept statuettes chauves (film, réalisation pour Daniel Kwan et Daniel Scheinert, actrice pour Michelle Yeoh, rôles secondaires féminin pour Jamie Lee Curtis et masculin pour Ke Huy Quan, scénario original et montage), après une carrière honorable en salle (100 millions de dollars de box-office mondial, pour un budget de 25 millions) est déjà visible sur Amazon Prime ou Apple TV +, notamment. Quant à l’autre triomphateur de la cérémonie, A l’Ouest rien de nouveau, primé quatre fois (film étranger, photographie, décors et musique), il s’agit d’une production Netflix. Enfin, le troisième film ayant décroché le plus de nominations (mais pas un seul trophée), Les Banshees d’Inisherin, est disponible sur Disney + depuis ce lundi.
Seule la troisième et dernière fiction multiprimée, The Whale (meilleur acteur pour Brendan Fraser et maquillage), qui vient tout juste de sortir sur grand écran, devrait donc booster les achats de tickets de cinéma.
Michelle Yeoh: “Mesdames, ne laissez personne dire que vous n’êtes plus de prime jeunesse”

Côté déception, on pointera la défaite de Close, de Lukas Dhont, l’absence désolante au palmarès du merveilleux The Fabelmans de Steven Spielberg ou un manque total de surprise. Par contre, on ne peut que se réjouir du triomphe de Michelle Yeoh et de Jamie Lee Curtis, âgées respectivement de 60 et 64 ans, qui démentent l’adage selon lequel la carrière des comédiennes s’arrête à 40 ans aux États-Unis. “Mesdames, ne laissez personne dire que vous n’êtes plus de prime jeunesse”, a d’ailleurs déclaré la toute première détentrice asiatique d’un Oscar de la meilleure actrice. “Merci pour tous les petits garçons et filles qui me ressemblent et qui sont en train de regarder ce soir. C’est un signal d’espoir et de possibilités. C’est la preuve que les rêves peuvent être grands et que les rêves se réalisent.” Jamie Lee Curtis, pour sa part, à rendu hommage à ses parents, Janet Leigh et Tony Curtis : “A ma mère et à mon père qui ont tous deux été nominés aux Oscars dans différentes catégories : je viens de gagner un Oscar !”
Brendan Fraser et Ke Huy Quan, les "revenants" oscarisés

Impossible, aussi, de ne pas se réjouir des prix décrochés par deux “revenants”, Brendan Fraser et Ke Huy Quan. “C’est donc à ça que ressemble le multivers”, a lancé, très émue, la star de La momie ou de George de la Jungle. “J’ai commencé dans ce métier il y a 30 ans, avec une facilité que je n’ai pas su apprécier, jusqu’à ce qu’elle s’arrête. Je veux juste vous dire merci pour cette reconnaissance. C’est comme si j’avais participé à une expédition de plongée et que l’air qui remonte à la surface était surveillé par des personnes qui font partie de ma vie, comme mes fils.”
Révélé par Indiana Jones et le temple maudit puis Les Goonies, voici près de 40 ans, Ke Huy Quan, n’était pas le moins bouleversé sur scène : “Mon parcours a commencé sur un bateau. J’ai passé un an dans un camp de réfugiés et je me retrouve ici sur la plus grande scène d’Hollywood. On dit que des histoires comme celle-ci n’arrivent que dans les films. Je ne peux pas croire que ça m’arrive à moi. C’est ça, le rêve américain.”
Les polémiques un peu éteintes
De cette 95e édition, très classique dans sa forme, on retiendra l’entrée de Jimmy Kimmel en… parachute après s’être extirpé de l’avion de Top Gun, ses vacheries (”Comment l’Académie a-t-elle pu ne pas nommer James Cameron pour Avatar 2 ? Elle a cru que c’était une femme ?” ou “À ce stade de l’émission, les gifles nous manquent un peu”), la punchline de Saral Polley en recevant le prix du scénario pour Women Talking (”Merci à l’Académie de ne pas avoir eu peur des mots femmes et parler…”), la présentation des effets spéciaux par Elizabeth Bank accompagnée de l’ours de Cocaïne Bear (”Batman qui vole, ce n’est pas réel. Tom Cruise qui vole, c’est réel. Black Panther : Wakanda Forever, c’est totalement réel”) ou le discours de Ruth Carter, la costumière de Black Panther : Wakanda Forever, devenue la première femme noire à décrocher deux Oscars (”Merci à l’Académie d’avoir reconnu la super-héroïne qu’est une femme noire. Elle résiste, elle aime et elle surmonte toutes les épreuves.”). Par contre, on oubliera vite la présentation de Hugh Grant, qui s’est comparé à “un scrotum”, faute d’hydratation de sa peau.
Pas de grande excentricité ni de show hors du commun, mais un palmarès et des discours qui permettent d’éteindre un peu les polémiques sur le manque de diversité et la trop faible place des femmes dans les nominations.
