Eden Dambrine, 16 ans et star du film belge "Close", raconte sa folle nuit aux Oscars : "Madonna m'a invité, mais je n'ai pas pu franchir la porte !"
Le jeune acteur français, 16 ans à peine, fait sensation dans cette poignante production signée Lukas Dhont. Si le film de notre compatriote n'est pas reparti avec une statuette, pas de frustration, ni d’amertume pour ce jeune espoir du cinéma européen, que beaucoup imaginent comme le futur Timothée Chalamet. Eden nous raconte sa folle nuit !
Publié le 14-03-2023 à 14h44
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Comme des millions de Belges, nous avons retenu notre souffle en regardant la télé dimanche dernier. Avouons-le, nous espérions du fond du cœur que "Close" décroche le Saint Graal hollywoodien. A savoir un Oscar du meilleur film étranger. Les votes des membres de l’Academy of Motion Picture Arts & Sciences en ont, hélas, décidé autrement.
Pour Eden Dambrine, cet acteur français de 16 ans qui fit sensation dans cette poignante production signée Lukas Dhont, ce séjour dans la patrie des stars aura été une expérience pailletée qu’il n’est pas près d’oublier. Pas de frustration, ni de sentiment d’amertume donc pour ce jeune espoir du cinéma européen. A ses yeux, pouvoir assister à cette 95ème édition des Oscars, c’était déjà en soit "tutoyer les dieux" d’un Olympe qu’il ne pensait jamais atteindre.
Quelques heures après l’évènement, le temps de "digérer" une nuit trop courte cumulée au décalage horaire – et accessoirement les petits fours servis aux after-parties - nous avons demandé à Eden de nous faire un "retour d’émotions".
C’est dans les locaux du Lycée Français de Los Angeles, entouré d’étudiants hallucinés par son brillant parcours, que celui que l'on qualifie d’ores et déjà de "next" Timothee Chalamet s’est confié à la Dernière Heure. Rigoureux et très professionnel dans ses réponses, Eden Dambrine n’aura eu aucun mal à séduire un public qui lui était déjà tout acquis. Y compris les professeurs de ce prestigieux établissement qui, avant lui, avait eu l’occasion de recevoir Brad Pitt et Angelina Jolie, Jodie Foster, Claire Dane ou bien encore Lisa Marie Presley…

Comment vous êtes-vous préparé pour cette 95 ème cérémonie des Oscars ?
"Je n’ai rien voulu préparer du tout et je n’ai rien voulu savoir avant l’heure non plus. Je voulais découvrir cette magie des lieux par-moi-même. J’ai abordé cette soirée sans me mettre la pression. J’y suis allé en restant très naturel et très cool. La seule consigne que j’avais reçue, c’est d’être souriant et surtout très poli. Quand on me faisait un compliment, je devais bien entendu dire "merci" ! Ah oui, j’oubliais, on m’a répété plusieurs fois de ne surtout pas boire d’alcool ! Ici, aux Etats-Unis, ça ne rigole pas !"
Vous étiez magnifique dans votre beau costume...
"C’est Fendi qui m’a habillé pour l’occasion. Ils ont été super sympa avec moi. Et je trouve que le costume que je portais sortait vraiment du lot ! Il était, de toute manière, hors de question que je porte un smoking avec un nœud papillon. Je suis quelqu’un qui aime les couleurs et les belles matières. J’aime aussi oser dans la mode !"

Dans quel état d’esprit étiez-vous pendant toute cette soirée ?
"Honnêtement, je suis fatigué ! On est arrivé à 13h00 et la soirée s’est terminée aux alentours de 20h00. C’était très long. D’autant que j’ai enchaîné avec les interviewes. Parfois, vous devez répondre à une question qui vous a été posée des milliers de fois préalablement. Cela ne pose pas de problème. Je comprends. C’est le jeu. Mais au bout d’un certain temps, cela devient difficile de rester concentré ! Après les Oscars, vous avez en plus des parties. Avec ma mère, je suis rentré à 4h du matin dans la chambre d’hôtel ! Les Oscars, c’était intense. Très intense. Je me doutais bien que c’était un gros truc mais là ça dépassait tout ce que je pouvais imaginer. Cela n’a rien à avoir avec Cannes, les Césars ou les Magritte. Là, on se retrouve dans un show énorme et hyper bien huilé. Je ne savais plus où donner de la tête. Il y avait une star au mètre carré ! Ce qui était assez impressionnant c’est que vous pouviez parler avec ces gens. Une fois que vous évoluez dans le même monde qu’eux, ils sont hyper-accessibles. Toutes les deux nominations, vous avez une pause publicitaire. Cela vous permet de vous lever et d’échanger avec les gens qui sont invités comme vous. Ou éventuellement de boire ou de manger quelque chose. A la cérémonie des César, vous n’avez pas de pause ! C’est donc plus difficile de sociabiliser avec les personnes autour de vous !"
Le truc qui vous a le plus surpris ?
"Quand vous devez vous rendre aux toilettes, vous devez quasiment demander la permission. A un certain moment Lukas Dhont et son frère Michiel ont voulu se rendre aux toilettes, il y a deux personnes de l’organisation qui ont pris leurs fauteuils le temps qu’ils reviennent. Ce que j’ignorais c’est que les caméras balayent constamment la salle et il n’y a rien de pire, selon la production, que des fauteuils ou des rangs inoccupés !"
Austin Butler, la star de "Elvis" a pleuré en voyant "Close"
Dans les stars que vous avez rencontrées quelle est celle qui a été la plus sympa avec vous ?
"J’ai pu parler à nouveau à Austin Butler que j’avais déjà rencontré au festival de Cannes. Il était à l’affiche de Elvis comme vous le savez et Austin concourait dans la catégorie meilleur acteur. Le réalisateur Baz Luhrmann était à ses côtés ainsi que sa femme, la costumière Catherine Martin. Ils étaient vraiment super. Austin est un grand fan de Close. Il adoré le film et ma prestation d’acteur. Il m’a même confié à nouveau qu’il avait pleuré tant l’histoire l’avait ému. Je lui ai retourné le compliment en lui disant que j’avais vu Elvis plusieurs fois ! On sentait qu’Austin était vraiment content que je sois là ! On percevait en lui de la bienveillance ! Mais bon, j’ai quand même croisé un gars qui m’a demandé ce que je foutais-là ? J’ai dû lui répondre que j’accompagnais Lukas Dhont et d’autres personnes ayant tourné dans Close. Puis, j’ai ajouté que le film était nominé dans la catégorie des meilleurs films étrangers ! Le mec m’a alors "scanné" du regard, de la tête aux pieds, et il m’a dit "OK" ! Genre "circule môme !"
Le plus bluffant ? Lady Gaga. Je n'ai jamais vu quelque'un avec une telle présence scénique"
Qui vous a bluffé le plus ?
"La performance de Lady Gaga sur scène ! Je l’avais croisée sur le tapis qui n’était pas rouge d’ailleurs mais champagne ! Un tapis assez petit d’ailleurs. Ce qui était dingue, c’est qu’elle est venue avec une super-robe ! Et puis, on l’a vu apparaître sur scène au cours de la cérémonie vêtue d’un jean déchiré et d’un simple t-shirt. Quand elle a commencé à chanter, nous étions tous et toutes bouche bée. J’ai rarement vu quelqu’un ayant une telle présence scénique ! J’ai aperçu aussi Pedro Pascal, la star de Mandalorian et The Last Of Us. Il était accompagné de sa sœur qui avait beaucoup apprécié Close."
Il parait que vous avez pu papoter également avec Steven Spielberg...
"Gustav était là. Il était très impressionné car il adore les films de Spielberg. Il était comme tétanisé devant lui. Incapable de parler. Spielberg s’est adressé à moi. Il voulait savoir dans quel film nous avions tourné Gustav et moi. On lui a répondu que le film s’intitulait Close. Il nous a alors confié qu’il avait adoré ce film, notamment les scènes avec... le chien et les paysages d’Irlande ! Nous n’avons pas osé lui dire qu’il devait confondre Close avec une autre production ! Bref ! Pas convaincu qu'il ait vu le film. Mais bon, il était gentil et positif."
Et au niveau nourriture, c’était comment ?
"Super bon ! Il y avait de super traiteurs ! Je leur aurais bien décerné un Oscar de la gastronomie ! C’est clair, que cela n’a rien à voir avec ce que l’on me sert à la cantine !"
"Madonna n'a pas voulu de moi à son after-party"
On chuchote que vous avez été invité dans la maison de Madonna pour sa traditionnelle fête post-Oscar ?
"Oui ! Mais malheureusement, je n’ai pas pu franchir le pas de sa porte ! Comme de l’alcool était servi, il fallait montrer son passeport ou sa carte d’identité. Aux Etats-Unis, la majorité c’est à 21 ans. N’en ayant que 16, cela devenait compliqué. Ma mère, qui était avec moi, avait pourtant précisé qu’elle ne me quitterait pas d’une semelle. Les organisateurs de cette soirée n’ont rien voulu entendre. Il parait que Madonna a eu des problèmes dans le passé avec des mineurs qui se sont mal comportés. Du coup, elle est devenue hyper-stricte !"
Close, ce film magistral de Lukas Dhont est donc revenu bredouille. C’est une grosse déception pour la Belgique j’imagine. En attendant, nous sommes intimement convaincus, qu’un jour, vous reviendrez à Los Angeles. Vous en êtes, en effet, qu’au début d’une carrière qui s’annonce très fructueuse. Qu’est-ce qui vous a surpris en débarquant dans la Mecque du cinéma mondial ?
"Le nombre de sans-abris ! J’aime beaucoup cette ville et je rêverai un jour de faire carrière à Hollywood. Mais franchement, c’est très perturbant de voir toutes ces personnes vivant dans des tentes ! Parfois, ces laissés pour compte de la société ne sont qu’à quelques centaines de mètres de maisons qui coûtent plusieurs dizaines de millions de dollars. Je n’ai jamais vu autant de contrastes !"
"Un journailste m'a demandé si j'étais gay et en couple avec Gustav. Une question aussi déplacée que stupide"
Avez-vous déjà des projets sur Los Angeles ? Qui sait ? Un film avec Steven Spielberg?
"Rien pour l’instant ! Mais si j’ai une proposition venant de Hollywood, croyez-moi, je l’étudierai. Je rêverai de vivre ici. J’ai l’impression que tout est possible dans cette ville. Je suis désormais très à l’aise en anglais. Je pourrais donc tourner sans soucis dans cette langue ! En plus, ce qu’il y a de bien chez les Américains, c’est qu’ils adorent les acteurs disposant de plusieurs cordes à leur arc. Moi, je suis aussi danseur. C’est-à-dire que je peux également communiquer avec mon corps. J’adorerais avoir une carrière comme Jamie Bell ou Tom Holland. Ils ont commencé par la danse et vous voyez où cela les a amené ! La danse fait toujours partie de ma vie ! Pour l’instant, mon cœur balance entre le cinéma et le ballet. Mais qui sait, je vais peut-être réussir à concilier les deux ! Ca serait le bonheur intégral ! Pour l’heure, je suis le courant et nous verrons bien où il m’amène ! J’essaie de ne pas trop me poser de questions au fond ! Je vis le moment présent ! C’est tout ! L’acting comme la danse sont tous les deux très exigeant vous savez ! Je suis quelqu’un de très perfectionniste et j’envisage ces deux activités artistiques avec le même sentiment : celui de bien faire !"
Un journaliste m'a demandé si j'étais "gay" dans la vraie vie
Des interviewes, vous avez dû en donner des tonnes. Quelle est la question la plus embarrassante qu’un journaliste vous ait posée jusqu’à présent ?
"Un journaliste m’a demandé si Gustav et moi nous étions ensemble dans la vraie vie. Ça revenait à nous demander si nous étions homos dans la réalité. J’ai trouvé cette question aussi déplacée que stupide !"

C’était aux Etats-Unis ?
"Non, c’était au festival de Cannes ! C’était l’une des premières interviewes que nous donnions Gustav et moi ! Je ne vous cache pas que j’étais un peu énervé ! Tellement énervé que je me suis levé et que j’ai laissé ce journaliste en carafe ! Le plus dingue, c’est que j’ai dû refaire une interview dans le train avec ce même gars. Mais bon, il a fini par s’excuser. Il m’a expliqué qu’il avait vu Close une seconde fois et que sa vision des choses n’était plus la même !"
Après la folie des Oscars, comment comptez-vous vous y prendre pour redescendre sur la planète terre ?
"Je vais retourner à l’école et là, ça sera radical ! (rires)"
En parlant d’école, vous avez pu parler aux étudiants du Lycée français de Los Angeles. Racontez-nous ?
"C’était très sympa de pouvoir parler à des étudiants – de soixante nationalités différentes - qui ont été sensibles à Close et à la thématique abordée. La plupart des garçons et des filles qui m’ont interviewé connaissent après tout ce que tous les ados vivent dans leur vie. Ils se cherchent dans cette société qui n’est pas toujours tendre et qui ne leur épargne rien. A la fin de mon intervention, Mrs Carver, la prof d’anglais et le directeur de l’école, Monsieur Dominique Petauton et son épouse Madame Petauton, enseignante documentaliste sont venus me voir. Ils m’ont complimenté par rapport à mon excellent niveau d’anglais. A défaut d’un Oscar pour Close, j’aurais au moins gagné, à Los Angeles, une bonne note sur mon carnet... hollywoodien ! (rires)"