Une expo en son honneur chez nous : comment Romy Schneider est passée de “la meringue préférée de l’Europe” à l’incarnation de la femme libre
Une belle exposition retrace sa carrière avec plein de documents, d’images et d’objets inédits au cinéma Palace de Bruxelles, du 24 mars au 25 juin 2023.
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Publié le 24-03-2023 à 06h41 - Mis à jour le 24-03-2023 à 10h03
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Pour comprendre la signification exacte du mot star, il suffit de voir s’illuminer les regards en énonçant quelques noms mythiques comme Marilyn Monroe, Robert Redford, Jane Fonda, Paul Newman ou Catherine Deneuve. Ou de se rendre au cinéma Palace de Bruxelles, entre le 24 mars et le 25 juin, pour découvrir l’effet que produit toujours Romy Schneider, presque 41 ans après sa mort (le 29 mai 1982, à l'âge de 43 ans). L’exposition qui lui est consacrée se donne pour but de casser les clichés sur “cette femme immensément belle, qui n’a jamais cessé de travailler, animée par la passion du cinéma, qui a défendu le métier et des causes fortes comme l’holocauste, alors que ses parents étaient proches d’Hitler”, explique la commissaire de l’expo, Clémentine Deroudille. “Beaucoup de gens parlent d’elle, surtout des hommes, de sorte que le côté mélo a pris le pas sur le fait que c’était la première grande actrice européenne, qui a pris des risques et qui avait la liberté en elle. Cette exposition, qui ne contient que des phrases qu’elle a prononcées, lui rend sa voix.”

Sur plusieurs étages, elle nous entraîne au milieu de photos inédites avec Alain Delon, au milieu des affiches de ses débuts, à côté d’une reconstitution de la perruque de Sissi (”elle pesait cinq kilos”), des lettres écrites à ses réalisateurs fétiches et des vidéos de ses 64 rôles entre Les lilas blancs en 1953 et La passante du Sans-Souci en 1982. “C’était une star, mais elle s’est toujours bagarrée pour ses rôles. La Banquière n’aurait pas vu le jour sans elle. Elle s’est aussi battue pour engager un jeune réalisateur, Andrzej Zulawski pour L’important c’est d’aimer (qui lui a valu le tout premier César de la meilleure actrice -même s’il ne portait pas encore ce nom-là en 1976-, très différent de la statuette compressée actuelle, comme on peut le voir au dernier étage, ndlr). C’est un exemple, qui donne envie de vivre, de prendre des risques, et les images de tournages dévoilent une comédienne facétieuse, plus drôle que ce qu’on pense.”

Alors qu’elle était “la meringue préférée de l’Europe”, dixit Clémentine Deroudille, elle renonce à tourner un quatrième volet de Sissi pour tourner Christine avec un comédien inconnu qu’elle a choisi sur un catalogue de photos et avec qui le courant ne passe pas du tout dans un premier temps, Alain Delon. Pour lui, elle quitte son pays. “En Allemagne, j’étais rayée, écrit Romy Schneider. En France, je n’étais pas encre 'inscrite'. Je n’existais pas comme actrice. J’étais connue comme la joyeuse compagne de la future star mondiale, Alain Delon.”

La France la snobe. Mais comme la star du Guépard, Luchino Visconti tombe sous son charme. Ainsi que Gabrielle Chanel. “Alors que la mode ne l’intéressait pas, elle est devenue la toute première égérie de mode, poursuit Clémentine Deroudille. Coco Chanel change sa façon d’être, de se tenir, de se vêtir. D’ailleurs, elle portera du Chanel dans tous ses films, jusqu’à la fin.” Et lorsque sa carrière tombe un peu dans l’oubli, c’est encore Alain Delon qui vole à son secours en l’imposant dans La piscine, quatre ans après leur rupture. “Les producteurs ne la voulaient pas, ils trouvaient qu’elle n’avait pas une image sexy ni sensuelle. Ils se trompaient…”

Sa rencontre avec Claude Sautet, son “cinéaste préféré”, est aussi improbable. Il cherche une actrice pour César et Rosalie, mais ne croit pas en Romy Schneider. Elle lui paraît trop triste. Par hasard, il rencontre une femme en imper, très vivante et souriante. Il a enfin trouvé sa Rosalie, sans savoir que le rayon de soleil devant lui s’appelle… Romy Schneider. “J’aime bien Rosalie, je l’envie, écrit la comédienne. Je pense qu’il y a des choses dans Rosalie qui me ressemblent et vice-versa.” Ils tourneront encore quatre films par la suite.
Tourner la rend heureuse. Elle enchaîne les films à un rythme effréné. “Je suis parfaitement consciente des risques que je prends en tournant sans arrêt, mais je me sens assez forte, alors j’y vais, je fonce : on verra bien”, écrit-elle. Une citation qui boucle la visite, juste après la découverte de la robe de César et Rosalie prêtée par sa fille, de ses deux César ou de photos inédites touchantes. Une belle expo qui enrichit le mythe.

Cerise sur le gâteau, il sera possible de combiner la visite avec la projection de quelques-uns de ses films, de Sissi au Procès d’Orson Welles, en passant par Max et les ferrailleurs, La banquière ou L’important c’est d’aimer, par exemple. Le tarif varie de 6 à 10 euros, et passe à 15 euros en combinant une séance de cinéma. Plus d’infos sur https://cinema-palace.be/fr/exposition-romy-schneider.