C’est une tradition aussi étrange qu’immuable, sur laquelle les scientifiques n’ont pas fini de plancher. Au mois de mai, à l’instar des oiseaux migrateurs, les cinéphiles du monde entier, soudainement obsédés par les palmes, entament une transhumance de deux semaines, pour déposer leurs pellicules et leurs valises bien au chaud sur la Côte d’Azur. Cette année, les experts sont formels, 160000 festivaliers sont attendus du 14 au 25 mai sur la Croisette, sous le regard attendri des 74000 habitants de Cannes. Car ici, ces migrants sont accueillis à bras ouverts. Et pour cause : en moyenne, ils vont dépenser 206 € par jours. Dame, c’est que cela coûte 360000 coupes de champagne, 24,000 kg de homard, 80000 petits pains, un yacht (510000 € la semaine en moyenne), une suite à l’hôtel (46000 € la nuitée en palace) ou 1800 rafraîchissements capillaires aux abords du palais, mais aussi les heures supplémentaires de 700 policiers mobilisés pour l’occasion. En ajoutant les dépenses pharaoniques des studios, les retombées pour la ville sont estimées à 200 millions €. Pour un budget de 20 millions €, c’est d’une rentabilité imbattable en deux petites semaines à peine.
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