Depuis 1922, le cinéma est mordu de vampires
Depuis cent ans, le cinéma est mordu de vampires. Il y a un siècle, le 5 mars 1922, le Tout-Berlin se réveille d’une nuit d’effroi. La veille, la Marmorsaal, la salle de marbre du Zoo Palast, le plus grand cinéma de la capitale allemande, a accueilli la première de Nosferatu, eine Symphonie des Grauens (littéralement : Nosferatu, une Symphonie de l’horreur) de Friedrich Wilhelm Murnau. Le spectacle était sur l’écran et dans la salle : pour créer l’ambiance, on avait demandé aux invités de porter des costumes de l’ère Biedermeier, la Restauration allemande (1815-1848), époque à laquelle se déroule le film.
Avec Nosferatu, l’écran devient démoniaque. Le vampire plante ses crocs dans l’imaginaire collectif. Il n’en démordra plus. Ce chef-d’œuvre du cinéma muet est la première adaptation du roman Dracula de Bram Stoker qui nous soit parvenue (il ne reste que quatre photos de Drakula halála du hongrois Károly Lajthay, tourné un an plus tôt).
Nosferatu est une adaptation pirate. Afin de ne pas payer de droits d’auteur, le producteur du film, Albin Grau, le scénariste Henrik Galeen et Murnau ont changé le nom des protagonistes. Jonathan Harker, le héros, est rebaptisé Hutter. Sa fiancée Mina devient sa femme Ellen. Dracula mue en Orlok. Mais les auteurs ont été moins prudents avec le titre du film : le surnom Nosferatu provient du roman où il désigne le "non-mort".