Le RN, grand vainqueur des élections législatives françaises: "Un Français sur deux estime que le RN ne constitue plus une menace pour la démocratie"

Benjamin Biard, politologue au Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP), était l'invité de Maxime Binet ce mardi 21 juin dans "Il faut qu'on parle". Il est revenu sur les résultats des législatives françaises, annonciateurs d'une société fragmentée de l'autre côté de la frontière.

Le camp présidentiel français n'a pas réussi à obtenir de majorité absolue lors de ces élections législatives 2022. Comment expliquer cette déconvenue subit par Macron ? Pour Benjamin Biard, plusieurs facteurs peuvent l'expliquer : "Contrairement à 2017, il a un quinquennat marqué par des crises majeures à défendre. Le parti Ensemble! reste le groupe parlementaire le plus important aujourd'hui mais le nombre de ses sièges a été divisé par deux à l'Assemblée nationale (245). Certains citoyens ont perdu la confiance qu'ils avaient accordée au gouvernement", pointe-t-il.

Deuxième élément pour le politologue : une quasi absence de campagne présidentielle contrairement à d'autres candidats, comme Jean-Luc Mélenchon par exemple.

Historiquement, il s'agit de la première fois sous la Ve République qu'un scénario semblable se présente. La France serait-elle devenue ingouvernable ?

Les résultats de ces élections causeront éventuellement un certain nombre de blocages politiques mais ceux-ci ne devraient pas se révéler insurmontables selon notre interlocuteur : "Si nous regardons la Belgique, la Suisse, les Pays-Bas, ... nous remarquons que nous faisons face à des gouvernements de coalition qui assemblent plusieurs partis politiques. La France a moins cette culture du compromis et il y aura des efforts à réaliser. Il y aura des blocages, des difficultés à mettre en place certaines réformes."

Le RN, le vrai vainqueur de ces élections ?

Benjamin Biard l'affirme : Marine Le Pen et le Rassemblement national sont incontestablement l'un des grands vainqueurs de ce scrutin (89 députés): "C'est le résultat de la normalisation, de la dédiabolisation de l'extrême droite française. Aujourd'hui, un Français sur deux estime que le RN ne constitue plus une menace pour la démocratie", détaille le spécialiste.

Par ailleurs, le front républicain s'est particulièrement affaibli. Cette volonté de faire barrage au parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella s'estompe. Les électeurs ne suivent plus nécessairement les consignes de vote.

Cette récente victoire constitue inévitablement une première étape en vue d'obtenir la présidence française, ultime objectif assumé du RN.


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