Révocation du droit à l’avortement aux États-Unis: "L’ombre de Donald Trump plane toujours"
L’Amérique est-elle plus divisée que jamais, alors que le droit à l’avortement vient d’y être révoqué ? Serge Jaumain, professeur d’histoire contemporaine à l’ULB, a analysé la situation sur DH Radio ce matin.
- Publié le 27-06-2022 à 09h46
Ce vendredi, la Cour suprême américaine a révoqué le droit à l’avortement instauré en 1973 . Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique "Roe v. Wade", il y a 50 ans, quand chaque État était libre de les autoriser ou non.
"Il faut rappeler que ce n’est pas une loi fédérale, mais une décision de la Cour suprême, qui a considéré dans son arrêt que l’avortement ne pouvait pas faire l’objet de poursuite judiciaire", détaille Serge Jaumain. "Depuis 50 ans, il n’y a pas eu de législation, et les États-Unis vivent donc avec cet arrêt".
La Cour suprême a décidé vendredi de révoquer cet arrêt et de rendre aux états la possibilité de légiférer sur ce point, provoquant diverses réactions . Quelque 26 états ont interdit, ou compte le faire, l’IVG, montrant la profonde cassure au sein du pays.
"Pourtant, et c’est ça qui est fou, une toute grande majorité des Américains sont favorables au maintien de la légalisation de l’avortement", poursuit le professeur. "On a toujours l’ombre de Donald Trump qui plane ici. Il a fait nommer 3 juges ultra-conservateurs à la Cour suprême, ce qui influencera les décisions et la société pour longtemps car les juges sont nommés à vie".
Assaut du Capitole, une tentative de coup d’état?
Le 6 janvier 2021, le parlement américain est pris d’assaut après la défaite de Donald Trump, qui ne reconnaît pas le résultat de l’élection.
Une enquête a été menée sur ces événements par une commission d’enquête pendant 9 mois. Les auditions publiques ont lieu en ce moment.
"Ce que montre cette commission, c’est absolument effrayant", selon Serge Jaumain. "On voit maintenant la manière dont toute une série de choses ont été organisées lors de cet assaut. Il y avait des milices organisées militairement. La question c’est de savoir qui est à l’origine de cela. Y a-t-il eu des ordres venant directement de Donald Trump?".
Le professeur s’empresse aussi de rappeler un point important: "Il n’y a pas la moindre preuve d’un quelconque trucage des élections, malgré les nombreuses enquêtes. Même un certain nombre de juges républicains (parti de Donald Trump) sont arrivés à la conclusion qu’il n’y avait pas d’élément montrant une volonté de truquer les élections".
Pourrait-on inculper Donald Trump? "Beaucoup de juristes se posent la question", détaille l’invité de Maxime Binet. "Les preuves commencent à être assez nombreuses. Des preuves sur son implication indirecte. Au moment de l’assaut, il n’a pas bougé, alors qu’un président est élu pour défendre les institutions, mais il a décidé de laisser faire".