Damien Ernst à propos de la crise énergétique: "Pas de black-out cet hiver mais les gens ne pourront plus payer leurs factures"

Sera-t-on privé de gaz et d’électricité cet hiver ? Quel impact sur les prix ? Damien Ernst, professeur de l’ULiège et spécialiste en énergie, a analysé la problématique énergétique ce mardi sur DH Radio.

Eda

"La situation est catastrophique au niveau énergétique", a alerté le spécialiste. Et la question d’une coupure de gaz ou d’électricité revient sur la table au vu de l’actualité en Russie. Le spécialiste s’est montré rassurant: "Il n’y aura pas de black-out ni de gaz ni d’électricité cet hiver". En revanche, avec la flambée de la demande, les prix devraient - encore plus - monter en flèche puisque 80% du gaz est consommé entre octobre et mars en Belgique.

"Je pense qu’on n’est pas encore au cœur de cette crise énergétique"

"On ne va pas nous couper le gaz et l’électricité mais on va manquer de gaz et de combustible fossile cet hiver. De ce fait, les prix vont être très élevés", analyse le spécialiste. "Aujourd’hui sur les marchés, le prix du gaz est à 130€ du MWh contre 16 à 18€ avant le Covid, soit 700% d’augmentation. Et je pense qu’on n’est pas encore au cœur de cette crise énergétique".

Selon des modèles allemands, la situation énergétique pourrait s’avérer critique à la mi-février 2023. "Dans ces modèles, dans six scénarios sur sept, les réserves allemandes de gaz sont à zéro. Les gens, pour beaucoup, ne pourront plus payer leurs factures en Belgique", analyse Damien Ernst, et les éventuelles aides de l’État ne "serviront à rien" puisque l’on fera face à un manque de combustible fossile en hiver.

Diminuer notre consommation? "Oui, on n’a pas le choix"

Une solution pourrait-elle être, comme le déclarait d’ailleurs Engie, un des gestionnaires des centrales nucléaires en Belgique, de diminuer - tout simplement - sa consommation d’énergie? "Oui, nous n’avons pas le choix. Cela m’étonne d’ailleurs que ce ne soient pas les gouvernements qui aient communiqué là-dessus avant ces grands patrons dans une carte blanche (NdlR:: Engie, TotalEnergies, EDF)".

Rouvrir les centrales à charbon?

Certains pays - comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Autriche - ont décidé de réactiver la production d’énergie au charbon. "Une excellente décision", souligne Damien Ernst. Et tant pis pour le climat? "On est dans une telle crise énergétique. L’Allemagne n’en a plus rien à cirer du climat et veut éviter un effondrement de son économie."

Faire pression sur la Russie?

Réuni en ce moment, le G7 souhaiterait faire pression sur la Russie pour faire baisser le prix du gaz et du pétrole. "Il faudrait que tous les pays du monde, s’ils achètent en Russie, le paient à ce prix maximum. Cela me semble quand même difficile. Cela implique de définir une clé de répartition. Certains pays, en très forte demande, pourraient être tentés de négocier des contrats à meilleur prix avec la Russie", explique enfin le spécialiste.

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