Procès des attentats de Paris : "L’attitude de Salah Abdeslam a changé"

Ce jeudi 30 juin 2022, dans "Il faut qu’on parle", Maxime Binet a reçu Guillaume Lys, avocat de l’association des victimes V-Europe, pour revenir sur le procès de Paris et parler de celui de Bruxelles.

La Rédaction de L'Avenir

Le verdict est tombé mercredi soir au procès des attentats de Paris. Cinq accusés vont retrouver la liberté malgré leur culpabilité. Salah Abdeslam écope de la perpétuité incompressible.Une peine historique."Les peines sont sévères mais elles sont à la hauteur de la gravité des actes, explique Guillaume Lys, avocat de l'association des victimes V-Europe.

L’avocat belge, qui a assisté plusieurs fois au procès des attentats de Paris estime que "la vérité judiciaire a été faite en partie." Même s’"il reste encore certaines zones d’ombre." Lesquelles?"Le rôle d’Ousama Attar, présumé mort pour l’instant.Il y a cependant encore de très nombreuses questions sans réponse autour de sa personnalité."

Guillaume Lys approuve le fait que les victimes ont été entendues."Elles ont pu s’exprimer et c’est le plus important surtout dans un procès aussi long (NDLR: 10 mois)", dit-il.

Les propos de Salah Abdeslam ont "évolué"

Principal accusé de ce procès historique, Salah Abdeslam fut au centre de toutes les attentions."Ces dix mois n’ont pas été une propagande pour l’État Islamique, confie l’avocat.Au fil du temps, l’attitude de Salah Abdeslam a changé, ses propos ont changé.Depuis sa première prise de parole où il se présentait comme un combattant farouche de l’État Islamique, on a vu, peu à peu, qu’il commençait a exprimé des regrets.Était-il sincère?On laissera les juges juger de sa sincérité mais ce qui est clair, c’est que c’est une évolution notable."

Le 10 octobre prochain s’ouvrira le procès consacré aux attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles.Et Salah Abdeslam devra rendre des comptes également."On a un espoir qu’il puisse apporter des éléments de réponse sur les motivations des assaillants", explique Guillaume Lys avant de revenir sur l’organisation des attentats de Paris.Ce procès fut très bien organisé.Les débats se sont déroulés de manière sereine, dans un contexte loin d’être facile.Paris a montré la voie à suivre et on doit en tirer les leçons pour octobre prochain à Bruxelles."

Pourtant, selon l’avocat de l’association des victimes V-Europe, il y a du pain sur la planche. Pour lui, le choix d’organiser ce vaste procès d’assises appelé à durer de longs mois dans le "Justitia", nouvelle implantation de la Justice dans les bâtiments de l’ancien siège de l’Otan à Haren, n’était cependant pas le plus judicieux.

"On s’est compliqué la tâche en décidant de faire ça dans le Justitia, où les conditions sont assez rudimentaires. On a pris une ancienne caserne militaire qu’on a essayé de transformer en un lieu de justice, avec des contraintes sécuritaires qui parfois ne cadrent pas avec l’organisation d’un procès", indique l’avocat, qui a participé récemment à un procès "test" dans ce bâtiment. "On ne peut rien emporter dans les salles, pas d’eau, pas de pomme, pas de médicament. Il y a des problèmes logistiques qui semblent parfois futiles, mais qui sur 10 mois peuvent avoir leur importance. Il faut avoir un accueil assez digne pour que les gens ne se concentrent que sur le procès", estime-t-il.

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