Emily Bécaud évoque son père Gilbert: “Un papa rigolo qui faisait souvent des bêtises”
Emily Bécaud, la fille du monument de la chanson française, présente Et maintenant !, un spectacle hommage, avec Jules Grison.
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- Publié le 15-09-2022 à 16h01
- Mis à jour le 15-09-2022 à 16h02
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Le 18 décembre 2001, Gilbert Bécaud disparaissait, laissant derrière lui plus de 650 chansons dont d'énormes classiques de la chanson française tels que " Nathalie ", " L'important, c'est la rose" et " Je viens te cher cher" . Vingt ans plus tard, Et Maintenant, le nouveau spectacle de Gil Marsalla dont le titre fait référence à l'un des plus grands tubes du chanteur, rend hommage à ce dernier. Derrière le projet et le micro, le chanteur Jules Grison. Celui-ci a monté le spectacle avant de le présenter à Emily Bécaud, la fille que Gilbert Bécaud a eu avec sa femme Cathryn Lee St. John, dite Kitty.
De passage à la rédaction de La DH, Emily Bécaud et Jules Grison nous en ont dit davantage sur ce spectacle musical qui débarquera en Belgique en décembre prochain et avec lequel ils espèrent faire le tour du monde, comme le faisait celui qui en est l'inspirateur.
Dès la genèse du projet, il y a un an, Jules Grison savait qu'il voulait démarrer le spectacle avec la chanson " Il est à moi (l'Olympia)" . "Pour moi, c'était évident, dit-il. Pour le reste, on a fait un plan avec des titres qu'il était logique de retrouver dans le spectacle. Les 20 dernières minutes appartiennent toutefois au public. C'est lui qui choisit quels seront les titres qu'il a envie d'écouter. " À noter que lors du spectacle, Emily Bécaud viendra le rejoindre sur scène pour interpréter une chanson à ses côtés.
Est-ce facile de prendre des distances par rapport au personnage qu’était Gilbert Bécaud lorsqu’on l’interprète sur scène ?
J.G. : "Je ne suis pas du tout dans l’imitation. Il m’a fallu du temps pour m’approprier son répertoire. J’ai rencontré Emily il y a dix ans et on a travaillé sur un premier projet. Puis tout est venu naturellement. J’ai eu le temps de mûrir et de grandir. Aujourd’hui, je peux chanter des chansons que je ne pouvais pas interpréter il y a 10 ans. Je pense à ‘L’Indien’, par exemple."
E.B. : "Sur scène, Jules fait quelques gestes qui me perturbent car ils sont proches de ceux de mon père. Ça me rappelle des souvenirs. Ça fait du bien."
Y a-t-il des chansons de Gilbert Bécaud qui vous émeuvent lorsque vous les interprétez ou lorsque vous les entendez ?
J.G. : "’Je reviens te chercher’ fait partie des chansons qui me remuent les tripes. On se fait vite choper par les chansons de Gilbert parce qu’elles nous emmènent vers toutes sortes d’émotions. On se marre, on rigole, on voyage. Choses qu’on ne fait plus trop aujourd’hui quand on écoute des chansons."
E.B. : "Je n’arrive plus à chanter ou même à écouter ‘Quand il est mort le poète’. Ses fans, avec la plus grande bienveillance, l’avaient chanté pour son enterrement. Depuis ce jour, je ne l’aime plus. Celle que j’adore chanter, par contre, c’est ‘L’Indifférence’, parce que je peux me lâcher et être moi."
Emily, comprenez-vous pourquoi on surnommait votre père "Monsieur 100 000 volts" ?
E.B. : "Tout à fait. Il était tout le temps survolté. Il avait un trop-plein d’énergie. Il avait souvent besoin de vider son sac et il le faisait sur scène."
Avez-vous l’impression que les titres de Gilbert Bécaud arrivent encore à toucher les nouvelles générations ?
J.G. : "En France, pas trop. Pourtant, c’est notre culture, notre patrimoine. Ça devrait bercer nos jeunes. Nous on est justement là pour continuer à faire avancer la machine, à faire en sorte que ses titres résonnent encore un certain temps."
E.B. : "C’est chouette de voir que ça passe de génération en génération et qu’on ne l’oublie pas évidemment."
Emily, comment avez-vous vécu le fait d’être "la fille de" Gilbert Bécaud ? Cela n’a-t-il pas parfois été lourd à porter ?
E.B. : "Non, pas pour moi. J’ai toujours été très fière d’être sa fille, cela ne m’a jamais pesé."
Quel genre de père était-il ?
E.B. : "Au travail, un papa sérieux qui avait besoin que tout soit carré. Mais, à la maison, c’était tout le contraire. Il mettait le bazar. C’était un papa rigolo qui faisait toujours des bêtises. Il adorait faire rire ceux qui se trouvaient autour de lui. Tous les deux, on était très similaires. À la maison, il était lui-même. Sur scène, il laissait place à l’artiste."
"Et maintenant", le titre qu’il a fini… en Belgique
Quand elle annonce l'arrivée du spectacle Et maintenant en Belgique, Emily Bécaud se remémore l'attachement que son père avait pour notre plat pays. "On a beaucoup tourné ici. On a fait beaucoup de salles. Il aimait le public belge et celui-ci le lui rend bien encore aujourd'hui", explique-t-elle. "Il trouvait que le public belge était drôle et qu'il avait un sens de l'humour qu'on ne trouvait pas forcément ailleurs. C'est pour ça qu'il en jouait beaucoup. Il adorait taquiner les Belges devant qui il chantait."
L'histoire de Gilbert Bécaud et la Belgique ne s'arrête pas là. Le chanteur aurait, en effet, terminé le titre Et maintenant à Bruxelles, nous confie l'éditeur musical Laurent Balandras. "Il faut savoir que Gilbert Bécaud avait environ 250 concerts par an, partout dans le monde. Il voyageait donc beaucoup. Régulièrement, il devait monter sur scène mais ses chansons n'étaient pas finies. Il appelait donc ses auteurs et leur demandait de se déplacer dans un autre pays, même au bout du monde, pour terminer une chanson. Il me semble que ça a été le cas pour Pierre Delanoë qu'il a obligé de le rejoindre à Bruxelles pour terminer dans l'urgence Et maintenant".
C'est également dans la capitale belge, et plus précisément à l'Ancienne Belgique, que sa femme, l'Américaine Cathryn Lee St. John, qu'il venait de rencontrer à l'époque, a compris à quel point Gilbert Bécaud était une star. "Elle venait des États-Unis et ne savait pas que l'homme dont elle était tombée amoureuse était l'interprète de "The Day The Rains Came Down", adaptation de la chanson "Le jour où la pluie viendra" , véritable succès au pays de l'Oncle Sam.
Et maintenant !: le 9 décembre à La Madeleine de Bruxelles, le 10 décembre au Théâtre Royal de Mons, le 11 décembre au Trocadéro de Liège. Infos et rés.: www.ticketmaster.be.