Vincent Taloche : “Même le monde politique nous prend au sérieux bien qu’on soit des comiques”
La Fédération Belge des Professionnels de l’humour, officiellement reconnue et présidée par le plus jeune des frères Taloche, propose un 1er gala festif ce 6 février à Mons.
Publié le 30-01-2023 à 17h26
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Après les belles audiences de son Festival International du Rire de Liège durant les fêtes sur la RTBF (mais aussi les 30 ans de son duo avec Bruno), 2023 s’annonce sous les meilleurs auspices pour le cadet des frères Taloche, président de la Fédération Belge des Professionnels de l’humour (FBPH) depuis la période Covid.
D’une idée qui a germé dans son jardin durant le premier confinement est née une association qui porte ses fruits aujourd’hui en comptant près de 170 membres (de Jérôme de Warzée à Pierre Kroll, en passant par Alex Vizorek, Bénédicte Philippon, Freddy Tougaux, Pablo Andres, Guillermo Guiz, Zidani, etc.), dont l’objectif est de faire reconnaître, défendre et encourager le travail artistique des humoristes, mais aussi l’ensemble des opérateurs et techniciens de l’industrie de l’humour en Belgique. “Depuis juillet 2022, la Fédération est officiellement reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles, se réjouit Vincent Taloche, 53 ans, et visage de la représentation de l’humour en Belgique. On a participé à hauteur de 80 % au changement du nouveau décret des Arts de la scène qui inclut désormais l’humour. Lequel est officiellement reconnu et peut prétendre à des demandes de bourses. Comme toute forme d’art, il a le droit aujourd’hui de simplement exister.”
C’est pourquoi il était temps de fêter cela dans un premier gala – présenté par Sophie Pendeville et David Jeanmotte – ce 6 février au Théâtre royal de Mons ouvert au public, avec des surprises et des invités exceptionnels comme Virginie Hocq, Kody, PE, mais aussi Fabian Le Castel, Sarah Grosjean (l’ex-Pouf de Grand Cactus) ou encore la nouvelle scène belge à suivre (Carole Matagne, Emilie Croon, Lorenzo Mancini, Sacha Ferra, Kostia, etc.). “Quand je vois où on en est arrivé, même si c’est du bénévolat, je me dis que je ne l’ai pas fait pour rien, poursuit l’humoriste qui montera un gala par an pour que le public se joigne à leur cause. Même le monde politique nous prend au sérieux, bien que nous soyons des comiques (sourire) ! On est là, on existe et on fait des ateliers. On va peut-être aussi avoir un lieu pour des créations. On est écouté et on a envie de nous aider, je suis donc satisfait du résultat.”
DE QUOI ENCORE PLUS AIDER L’EXPORTATION DE NOTRE HUMOUR ?
“Oui. D’autant plus que d’autres nations entendent parler de cette Fédération. Les humoristes suisses francophones voulaient faire pareil et je leur ai envoyé mon dossier pour qu’ils gagnent déjà quelques mois d’avance (sourire) ! Ils s’en sont inspirés pour faire des trucs différents car, contrairement à nous, il n’y a pas de ‘régions’ pour leur secteur. Nous, on est en Fédération Wallonie-Bruxelles pour les francophones, eux sont obligés avec les alémaniques, italiens et francophones de faire quelque chose qui comprend les trois. Mais ils se servent un peu de notre modèle. Même en France, on m’a dit que cela n’existait pas… C’est pourquoi on m’invite souvent à participer à des commissions, réunions et autres colocs sur la question.”
“La Suisse et la France s’inspirent du modèle belge.”
EN BELGIQUE, LE TAX SHELTER ENTRE AUSSI DANS LA DANSE DE L’HUMOUR ?
“Effectivement, il va commencer à faire son entrée dans le monde de l’humour. Bien sûr, cela vient du cinéma et le théâtre l’a aussi exploité, mais il y a des normes et règles à respecter. Si un humoriste a déjà créé quelque chose – un spectacle existant –, il ne peut pas prétendre au Tax Shelter. Par contre, que ce soit pour un projet théâtral ou de one man show, on peut désormais introduire une demande. C’est officiel. Et il n’y a jamais eu autant d’humoristes émergents en ce moment. On ne compte plus les jeunes qui se lancent dans le stand-up via les cafés-théâtres et autres scènes ouvertes. Cette culture du stand-up chez les jeunes – il ne te faut pas grand chose pour essayer – fait que le nombre d’humoristes explose. Mais ce n’est pas que lié à la Belgique. Et, même s’ils viennent moins chez nous que ceux qui font de la scène, il y a aussi tous les TikTokeurs, etc. qui font aussi de l’humour sur les réseaux sociaux.”
LES MEMBRES DE LA FBPH AURONT-ILS UN STATUT D’ARTISTE PROPRE ?
“Le statut d’humoriste n’existe pas et on ne le demandera pas. On est plus dans la reconnaissance d’une profession, déjà. À partir du moment où il y avait le conte, les arts forains, etc. repris dans la culture belge francophone, c’était logique que l’humour soit dedans. Après, il existe un statut d’artiste qui est lié, lui, à toute forme artistique, pas que l’humour. On compte s’impliquer un peu plus dans ce volet-là pour répondre à certaines questions. Le statut de l’artiste qui est en train d’évoluer n’est pas lié à l’humour, mais il va bénéficier aux artistes de l’humour. On est une fédération jeune encore, qui apprend aussi à s’améliorer. Avoir été jusqu’ici, en deux ans, on est déjà très content. Même s’il reste encore des choses à faire…”
En route vers une école de l’humour en Belgique ?
“Cela faisait partie du dossier de base avec l’ambition d’en créer une équivalente à ce qui se fait au Québec avec l’école nationale de l’humour, assure Vincent Taloche, président de la FBPH. C’est toujours d’actualité mais, pour être franc, on n’est quand même pas nombreux – 3 à 4 personnes – dans le travail effectif de cette fédé… Nos priorités étaient avant tout de se fédérer, d’être reconnus et de participer au fait que l’humour soit reconnu comme art à part entière… Et on y est arrivé, donc et on ne s’est pas trompé.”
Et de conclure sur cet aspect pédagogique de l’humour qui s’apprend. “Mais pourquoi pas, il y a une école à Québec, l’équivalent aussi à Paris, une école du one man show et du music-hall et il y a même un projet déjà en route en Belgique en dehors de la fédé. Et si ce n’est pas nous, la FBPH, ce ne sera pas gave. Le projet est tellement ambitieux et lourd à mettre sur pied qu’on n’aurait pas pu, en un an et demi/2 ans, mettre ça en place au détriment du reste. Mais je trouve l’idée toujours très séduisante.”