Les NFT débarquent en Belgique: la révolution qui va bousculer notre quotidien
Après l’arrivée d’Internet et celle des réseaux sociaux, une nouvelle ère numérique est à nos portes. Déjà bien implantée en Amérique et en Asie, elle pointe à peine le bout du nez en Belgique. Décrytage.
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Publié le 04-02-2023 à 15h32
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NFT. Ce mystérieux acronyme s’invite de plus en plus dans l’actualité. Pour certains, il est synonyme de nouvelle révolution sur le Web. Pour d’autres, il rime avec millions d’euros ou de dollars. L’an dernier, un NFT s’est vendu 91,8 millions de dollars. Une somme jamais atteinte jusqu’ici. De quoi faire tourner plus d’une tête et d’attiser les appétits. Encore faut-il savoir ce dont il s’agit. Le lancement de la plateforme belge WawStreet le 31 janvier dernier donne l’occasion de se plonger dans cet univers énigmatique.
En anglais, NFT signifie “non fungible token” qu’on peut traduire en français par “jeton non fongible”, c’est-à-dire un jeton qui ne peut pas être remplacé par autre chose d’analogue. Voilà qui ne nous avance pas plus. D’autant que pour comprendre ce que sont les NFT, il faut aussi expliquer ce qu’est la blockchain, un autre concept tout aussi intrigant.
Qu’est-ce qu’un NFT ?
Un NFT, c’est un objet numérique associé à un certificat d’authenticité infalsifiable. Il peut s’agir d’images, de dessins, de peintures, de vidéos, de musique aussi… “L’exemple typique, parce que c’est clairement le premier secteur dans lequel les NFT se sont développés, c’est l’art. Plus particulièrement, l’art numérique, explique Vincent Schobbens, le fondateur de WawStreet. Il y a des choses magnifiques qui se font dans ce domaine, tant chez les amateurs que chez les professionnels.” Mais avant l’arrivée de la technologie NFT, ces artistes ne pouvaient pas vivre de leur art. Parce qu’une œuvre d’art numérique, c’est un fichier informatique. Or, un fichier informatique, cela se copie facilement. Il est donc très aisé de reproduire l’œuvre de manière strictement identique et de se l’approprier. Qui irait payer une certaine somme pour acquérir quelque chose de reproductible à l’infini, si ce n’est pour soutenir l’artiste ? Autre problème, pour le collectionneur cette fois : l’œuvre pouvant être reproduite à l’identique, elle ne prendra jamais de valeur.
Le NFT permet à la fois de garantir l’authenticité d’une œuvre et à qui elle appartient, et cela grâce à la blockchain.
La “blockchain', c’est quoi ?
La blockchain, c’est une technologie qui permet de stocker et de transmettre des informations de manière transparente et sécurisée sans organe central de contrôle. C’est une base de données que l’on peut représenter sous la forme d’une succession de blocs contenant chacun un ensemble d’informations informatiques, à savoir l’historique de tous les échanges réalisés entre les utilisateurs depuis la création de la chaîne.
Dans le cas de la vente d’un NFT, le bloc contiendra les transactions. La première est que A a créé un NFT et qu’il en est le propriétaire. La deuxième est que B a décidé d’acheter à A le NFT en question et qu’il en est désormais le détenteur légitime. La troisième est que C a ensuite acquis auprès de B ce même NFT et ainsi de suite. La transparence étant de mise sur la blockchain, tout le monde peut avoir accès à ces informations – transactions, titres de propriétés, contrats… – et donc vérifier qui est le propriétaire authentique du NFT.
À la différence d’un fichier centralisé sur un serveur unique comme peut l’être, par exemple, celui du cadastre, la blockchain est décentralisée. Le fichier des données est, de manière synchronisée, mis à jour sur des centaines d’ordinateurs en même temps. Si quelqu’un veut falsifier la blockchain, il doit parvenir à pirater de manière synchrone, c’est-à-dire simultanément, l’ensemble des ordinateurs, ce qui est techniquement impossible. C’est ce qui garantit la sécurité sur la blockchain. “Si vous possédez le NFT, vous possédez la ou l’une des pièces originales certifiées par l’artiste”, explique Vincent Schobbens.

Une révolution en route
Les NFT ne sont pas présents que dans l’art. On peut faire des NFT avec des phases sportives, à partir d’une vidéo d’un sportif ou d’un titre musical. Tout peut devenir un NFT à partir du moment où c’est numérique. Il s’agit donc d’un univers totalement dématérialisé. Ou plutôt, ça l’était. Depuis quelques mois, une nouvelle tendance émerge, celle des NFT Utility. C’est-à-dire des NTF auxquels est ajoutée une “utility”. Dans l’art, il peut s’agir d’une œuvre matérielle ou d’une reproduction de celle-ci. On peut imaginer un NFT d’un tableau qui serait vendu avec le tableau original. Ou alors, un NFT purement numérique d’une image qui serait vendu avec une impression de celle-ci. En musique, on peut joindre au NFT une impression vinyle relativement rare. Ou une entrée à un concert de l’artiste. Ou encore une rencontre avec un sportif, l’accès à un match, etc. Et cela change tout ou peut tout changer.
C’est un nouveau moyen pour ces artistes de rémunérer leur art et d’être en contact direct avec leurs fans, leur public, explique Vincent Schobbens. Même si elle est anonyme, tout se sait sur la blockchain. C’est totalement transparent. On sait quel portefeuille numérique détient quel NFT. On peut donc contacter le détenteur du portefeuille en question. “Le musicien peut, par exemple, imaginer envoyer un message à tous les détenteurs qui ont acquis une de ses créations, par exemple pour leur signaler qu’il organise un concert ou qu’il sort un nouveau titre. Les spécialistes de l’industrie musicale jugent que cela va révolutionner le secteur parce que l’artiste pourra mieux vivre de son art s’il est connecté à ses fans. Ceux qui le suivent achèteront sa musique et les revenus lui reviendront directement. S’il doit vivre de ses écoutes sur Spotify ou de ses vues sur YouTube, il lui faut des millions d’écoutes et de vues, ce que tout le monde n’a pas la chance d’avoir.
Cela va même plus loin. Les NFT pourraient être une solution pour contrer les problèmes de fraudes avec les tickets pour les concerts. Étant infalsifiables, c’est sans doute la solution qui va s’imposer en matière de ticketting, juge notre interlocuteur. “Ça commence d’ailleurs déjà”, ajoute-t-il.

Les géants se ruent dans le secteur
Les NFT, ce n’est pas nouveau. Ils existent depuis pas mal d’années et sont déjà bien répandus auprès d’une partie du grand public en Amérique et en Asie. Beaucoup moins en Europe. Et encore moins en Belgique. “Avec les NFT, on se retrouve dans la configuration de la fin des années 90 avec les balbutiements d’Internet ou des réseaux sociaux au milieu des années 2000. Il y a eu le Web1 où on allait chercher des informations, le Web2 où on était en réseaux sociaux et voici le Web3 on est en décentralisé”, commente Vincent Schobbens. Selon lui, tout est réuni pour que cette technologie se généralise rapidement. Il en veut pour preuve les grands noms qui s’y investissent. C’est le cas de Méta, la maison-mère de Facebook et Instagram, ou encore Samsung qui propose aussi des NFT sur ses Smart TV.
Nike a aussi mis les pieds dans le secteur avec l’acquisition du studio RTFKT. Et Adidas propose une collection baptisée “Into The Metaverse” qui a récolté plus de 23 millions de dollars en quelques heures. Dolce Gabbana, LVMH, Coca-Cola, Pepsi, McDo et Starbucks sont également montés dans le train.
Et que dire du marché du jeu vidéo qui reste, et de très loin, le plus important secteur du divertissement à l’échelle mondiale, à des années-lumière d’Hollywood et consorts ! Les éditeurs de jeux Epic Games et Ubisoft, deux des géants, sont déjà bien dans la place.