Baptiste Lecaplain toujours aussi déjanté : “Plein de gens pensent que je prends des trucs”
Le Monsieur 100 000 volts de l’humour français, qui avait un projet de film avec le réalisateur belge de “Dikkenek”, débarque ce 24 mars à Bruxelles et le 16 novembre à Mons avec son show “Voir les gens”.
Publié le 03-03-2023 à 15h01
Absurde, loufoque et véritable pile électrique sur scène, Baptiste Lecaplain revient – avant le retour du trio avec Arnaud Tsamère et Jérémy Ferrari – avec un nouveau spectacle en Belgique : Voir les gens, le 24 mars prochain au Cirque Royal de Bruxelles et le 16 novembre au Théâtre Royal de Mons (tickets sur www.odlive.be).
Deux fois papa, l’humoriste virevoltant de 37 ans s’est-il assagi ? Non, surtout quand on lui parle de sa folie sur les animaux. “Les dessins animés ou les animaux qui parlent m’ont toujours fait rigoler, confesse celui qui aimerait se réincarner en hirondelle. L’avantage de faire parler des animaux est qu’ils ne peuvent pas vous attaquer en procès (sourire) ! Il n’y aura pas une association de lions qui viendra vous dire : ‘ah non, la période de rut, c’est 3 jours et pas 4 comme vous dites !’. Non, mais c’est juste que tout est possible et cela renvoie à un truc très enfantin. C’est immédiat. En faisant parler un animal, les gens trouvent cela con très vite.”
Est-ce pareil avec vos filles ?
”La grande là, elle commence à rire à d’autres blagues un peu plus pointues et il faut souvent des gros mots pour la faire rigoler (sourire) ! C’est mignon car là, je lui fais des blagues quand la maman n’est pas là (rire) ! Non, mais j’ai envie que ma fille ait un sens comique un peu développé. Elle a vu le spectacle, en entier, même la fin sur la partie infidélité… j’ai donc été transparent : j’ai dit que c’était la faute de maman (rire) ! Non, mais je lui ai dit qu’à un moment, j’étais attiré par quelqu’un d’autre et que je ne regrettais pas parce que si je n’étais pas revenu, elle n’aurait pas été là. Et après elle me dit : maman elle a été méchante avec toi, car elle dit que tu avais pleuré”. C’est très mignon (sourire) !”
Peut-on rire de tout avec des enfants ?
”Je prends une dimension très absurde et clownesque donc je ne me prends jamais au sérieux sur les sujets que j’aborde. Je n’y vais jamais frontalement ni au premier degré. Il y a des trucs dont je n’ai pas envie de parler comme de religion ou de politique. Ça me fait chier, pas envie d’aller là-dedans. Je préfère provoquer le rire et l’interrogation par une blague que je viens de faire plutôt qu’elle n’entende des trucs à l’école. Je lui ai déjà montré des dessins animés qui ne sont pas de son âge. En lui disant : ‘ok, tu regardes, mais si j’entends un mot que tu répètes sac, c’est terminé’. Les enfants captent très vite l’humour. Elle a par exemple regardé huit fois l’épisode 1 de South Park. Et il était drôle de voir sa tête en mode : non mais on peut vraiment dire ça (sourire) ? Je préfère l’initier aux trucs très rapidement.”
“C’est délicat de parler de Pierre Palmade, c’est trop tragique et on ne sait pas encore ce qui peut arriver à certaines victimes…”
Vous avez la réputation d’être le Monsieur 100 000 volts de l’humour. Une façon de vous engager envers la crise énergétique ?
(rire) “Je fais très attention comme père de famille en effet. Mes filles laissent tout allumé à la maison, les lumières ou les robinets, c’est galère. J’essaye de les culpabiliser : vous savez que si vous laissez les lumières allumées plus de 15 minutes, c’est un panda qui meurt ? ‘Oh non, pas envie de tuer un panda’, répondent-elles. Je fais très attention aux dépenses énergétiques, car je suis très maniaque. Quant à l’énergie sur scène, c’est parce que j’ai toujours été admiratif de Courtemanche, Jim Carrey ou Philippe Lelièvre. J’ai toujours été fasciné par les humoristes qui transpirent sur scène. C’est aussi une manière de se protéger. Si la performance est physique, les gens seront peut-être plus indulgents s’ils ont moins rigolé : ‘il n’est pas marrant, mais il s’est donné !’”
À l’heure de l’affaire Palmade, certains y voient autre chose…
”C’est délicat de parler de Pierre, c’est trop tragique et on ne sait pas encore ce qui peut arriver à certaines victimes… Mais sinon oui, plein de gens pensent que je prends des trucs ! Alors que je n’ai jamais bu, jamais fumé et jamais pris d’alcool. Je fais du sport tous les jours. Ma drogue, c’est le vélo d’appartement. J’ai toujours fait du sport. J’aime la sensation d’après. Quand je ne fais pas de sport dans une journée, j’ai l’impression de m’empâter.”
Au risque, effectivement, de tomber du côté obscur du showbiz…
”J’ai toujours été très anesthésié par cela, car mon père a eu des problèmes avec ça. Il s’est soigné quand j’avais 12 ans et cela m’a vraiment anesthésié. Parce que moi, l’alcool, ce n’est pas le côté cool. Quand on est bourré à Paris, c’est coolos, mais dans un village comme celui d’où je viens, c’est moins coolos et beaucoup plus dépressif. J’ai toujours été distant avec ça, car ce n’était pas compatible avec la vie de sportif que j’avais. Je m’entraînais tous les jours au basket. J’ai fait sport études avec des entraînements six fois par semaine et deux matchs les week-ends donc je n’ai jamais eu le temps de faire ça.”

Son projet de film belge avorté avec le réalisateur de “Dikkenek”
”Cela fait un petit moment que je n’ai plus fait de cinéma, concède Baptiste Lecaplain vu dans Nous York, Dieumerci ! ou encore La Folle histoire de Max et Léon. J’en ai fait pas mal et le dernier était en 2018 avec Anne Le Ny, La Monnaie de leur pièce. Je pense aussi que j’ai empatis d’un truc : que mes films n’ont pas foncièrement marché. Donc, à partir d’un moment, il faut performer. Je n’ai pas eu de gros succès et j’ai dit non à plein de comédies que je n’aimais pas beaucoup. À force de dire non, les gens m’ont un peu mis de côté en pensant que j’étais sélectif et que je faisais ma vie sur scène.”
Mais l’humoriste – vu aussi dans la série Bref – nous avoue refaire des castings. Et nous explique son projet avorté avec le cinéaste belge Olivier Van Hoofstad. “On s’était vu pendant un moment, raconte-t-il au sujet du réalisateur culte de Dikkenek. Je suis venu chez lui écrire et c’était super. On avait une envie de faire un film avant qu’il ne fasse Lucky. On a développé une version de scénario qui n’a pas abouti malheureusement… Mais j’étais trop content de le rencontrer. J’ai des notes audio, dans mon téléphone, de 50 minutes où je parle beaucoup, car il m’avait demandé de tout enregistrer (rire). C’est un mec vraiment adorable, on a beaucoup rigolé.” Et de conclure. “Ça ne s’est pas fait, malheureusement, car au cinéma, on écrit des trucs pendant longtemps puis cela ne se fait pas pour plusieurs raisons.”