Zidani sur la journée des droits des femmes : “Des hommes ont un peu peur aujourd’hui”
En “Mamie Georgette” qui défend les droits des femmes, Sandra Zidani débarque en mode stand up à Bruxelles, Liège et Mons en cette semaine de la journée de la femme. Interview avec son interprète et artiste féministe dans le cœur et dans l’âme.
Publié le 08-03-2023 à 11h37 - Mis à jour le 08-03-2023 à 14h13
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”Mamie Georgette, c’est une sorte de carambolage génétique entre Georgette Plana et Mylène Farmer”. Le ton est donné par Zidani qui revient sur scène avec notamment l’un de ses personnages fétiches, l’hilarante Georgette Plana qui arrive à faire danser une salle entière (”elle a inspiré Diam’s !”) dans sa tournée Mamie Georgette en mode stand up ce jeudi 9 mars à Bruxelles, le 10 au Trocadéro de Liège et le 11 à Mons (tickets sur zidani.be) avant Mouscron, Namur et même la France. “C’est le Mamie Tour, sourit d’emblée cette féministe dans l’âme et le cœur mais qui rit parfois jaune sur les droits des femmes actuels. "Georgette est un personnage insupportable mais sympathique et impertinente. Elle parle justement du droit des femmes. Elle est aussi une sorte Jacqueline Sauvage qui a tué son mari et explique pour quelles raisons. Bref, cela parle du droit à la liberté et de son côté important. Mamie Georgette, entre ses amies et les journées tupperware, découvre la vie.”
Quelle est votre position sur cette journée du droit des femmes justement ?
”C’est quand même important et une question vraiment essentielle qui est au cœur de beaucoup de problèmes de manière internationale. Ce sont souvent les femmes qui payent, même encore dernièrement. Il y a beaucoup de choses à faire aussi au niveau du droit humain de manière générale. Mais la femme reste toujours quand même très minorisée, voire infantilisée. Et mes mots sont très modérés par rapport à la situation de la femme en Iran par exemple. Mamie Georgette est un personnage que j’affectionne particulièrement et il est aussi un hommage aux seniors. C’est aussi dans ce cadre-là que le spectacle s’était mis en place pendant la période Covid. Et Mamie nous évoque une période pas si lointaine. En Belgique, par exemple, il a fallu attendre jusqu'en 1978 avant qu’une femme puisse ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son mari… Oui on est surpris, c’était hier. C’est donc un personnage qui fait les liens avec la vie d’aujourd’hui vu qu’elle "déconfine" depuis la mort de son mari. Georgette redécouvre une autre vie. Elle revit. Mais le show n’est pas moralisateur non plus et reste tout public.”
"Certaines de nos féministes apparaissent dures et radicales. Je crois simplement qu’elles n’ont pas le choix."
La journée de la femme ne devrait-elle pas avoir lieu tous les jours ?
”Si bien entendu. C’est une manière de faire un bel éclairage. D’ailleurs on voit que cette journée du 08 mars s’étire de + en + et finit par durer toute la semaine. On ne peut que s’en réjouir. Parfois des copains me disent « On ne fait jamais une journée des hommes'. On leur répond avec humour que ça fait des siècles que c’est leur journée chaque jour !!! Ce qui démontre qu’il y a aussi des hommes qui ont un peu peur aujourd’hui. Et il est vrai qu’il existe une mise au point avec des féministes beaucoup plus radicales. Il y a donc parfois des hommes qui ont un peu peur. Surtout en humour, je connais des camarades qui ne savent plus ce qu’ils doivent ou peuvent dire… C’est aussi la difficulté du Stand Up. En personnage, il y a plus de recul et on peut avoir une parole plus libérée."
Y aurait-il eu des abus de la part des mouvements féministes depuis l’avènement de Metoo ?
”Il y en aura toujours… À un moment donné, quand on défend une cause, obligatoirement, il y faut des personnes un peu plus « carrées » pour trouver un certain équilibre. Si on part tout de suite dans quelque chose d’équilibré, cela ne porte pas ses fruits. C’est le contexte actuel qui veut cela. Force est de constater qu'aujourd’hui, au 21e siècle certaines personnes, voire partis politiques remettent encore en cause l’avortement ! Ca devrait être un acquis. Il faut continuer le combat ! Toujours! L’historienne et féministe Sylvie Lausberg, l’autrice et la sénatrice honoraire belge Fatiha Saïdi ou encore Ariane Dierickx, directrice de l’ASBL “L’îlot” (qui vient en aide aux sans-abri), ce sont mes héroïnes car elles se battent corps et âme. De vraies « Mary Poppins », et elles font du bien car elles formulent les choses et apportent un éclairage et surtout des solutions! Car de manière générale, c’est toujours la femme qui reste le plus souvent seule avec les enfants sans parler des féminicides qui restent trop nombreux, pour ne citer que ces seuls exemples. C’est la raison pour laquelle certaines de nos féministes apparaissent dures et radicales. Je crois simplement qu’elles n’ont pas le choix. Comme elles examinent beaucoup de dossiers, à force, elles ont fini par le devenir.

