Les dernières confidences de Marcel Amont : “Je n’ai jamais été qu'un saltimbanque”
Le dernier grand Monsieur du music-hall est mort mercredi. Il avait 93 ans.
Charles Van DievortPublié le 09-03-2023 à 09h12 - Mis à jour le 09-03-2023 à 17h41
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Il s’en est allé dans la discrétion la plus totale. Marcel Amont s’est éteint mercredi à l’âge de 93 ans, chez lui, à Saint-Cloud. Son nom n’évoque peut-être pas grand-chose pour les jeunes aujourd’hui. Pour les aînés, en revanche, il reste autant associé à quelques grands succès (”Le Mexicain”, “Le chapeau de Mireille” (chanson que lui a donnée Georges Brassens)…) qu’à ses amours avec Alice Kessler, une des sœurs Kessler, jumelles blondes, grandes et belles. À l’époque, cette love story alimentait (déjà) les colonnes people des journaux populaires.
“J’ai mené une vie assez chaotique, confiait-il à la DH en 2009, alors qu’il fêtait ses 80 ans. Jusqu’à 40 ans, je n’ai eu qu’un seul enfant, une fille qui a maintenant 51 ans. Un de ces quatre matins, je risque de devenir arrière-grand-père. Ça me pend au nez. Puis, après mes 40 ans, d’un coup, je me suis retrouvé avec quatre autres enfants.”
On le disait chanteur. Serge Lama, lui, disait de Marcel Amont qu’il était “le dernier des fantaisistes”, ce que l’intéressé approuvait. “Je n’ai jamais été qu’un fantaisiste. Après avoir eu la chance de passer le bac, alors que je vivais dans un milieu où tous les garçons bossaient à 14 ans, au lieu de récompenser mes parents en choisissant l’enseignement ou quelque chose de respectable, j’ai annoncé à mon pauvre papa que j’allais faire l’artiste. Il s’en arrachait les cheveux. Mais j’avais vu Montand et Bourvil à Bordeaux. Moi qui ne connaissais des chanteurs que ce que j’entendais à la radio, j’en étais ébloui : on peut vraiment faire ça en trois minutes ?”
Ses débuts, il les a fait à Bordeaux. “Je me suis inscrit au Conservatoire d’art dramatique où j’ai joué les valets de Molière. J’y ai appris à apprécier les beaux textes. Et j’ai recherché de bons auteurs. Une chanson comme 'Le Mexicain' est une fantaisie, mais écoutez ce texte : c’est très bien écrit, confiait-il à la DH il y a 13 ans. Et puis ma stratégie a été simple : de la scène, de la scène, de la scène… Après, j’ai découvert le spectacle de Maurice Chevalier. Il était le fantaisiste mondial. C’est ça que j’ai toujours aimé dans le spectacle : le geste qui va avec le mot. Même Piaf ! Quand elle chantait Le clown. Ça peut paraître ringard maintenant, mais qu’est-ce que c’était bien fait !”
Dans l’évocation qu’il fait de l’artiste sur le site du Parisien, Éric Bureau raconte comment en 2016, Marcel Amont a volé la vedette à tout le monde lors de la dixième tournée Âge tendre. C’était au Zénith d’Amiens. “Les ex-stars des sixties et seventies font le plein et, entre Sheila et les Rubettes, je vois arriver un Ovni. En quinze minutes survoltées, il passe du rire aux larmes, fait danser ses choristes sous “Le ciel de Provence”, tournoyer son sombrero et chanter “Le Mexicain” aux gamins qui accompagnent leurs grands-parents. Il les fait frémir aussi en jouant les acrobates, debout au sommet d’une chaise. Marcel Amont, le doyen, vole la vedette à toute la troupe. Il a alors 87 ans, l’âge de mon père, mais pas le même jeu de jambes. Je n’en reviens pas. Christophe Dechavanne, le producteur de cette tournée anniversaire, non plus. “Marcel Amont président”, lance chaque soir Cyril Féraud qui anime la tournée.” Cyril Féraud qui a rendu hommage sur les réseaux sociaux à celui qu’il appelle “son ami”.
”Ce soir-là, confesse Éric Bureau du Parisien, j’ai vraiment découvert cette star du music-hall, ce fantaisiste qui a ouvert la voie aux Gad et autres Jamel.”