Zize Dupanier, le transformiste des Grosses Têtes : “Je refuse Cyril Hanouna toutes les semaines, C8 a été une torture pour moi !”
Zize Dupanier, le comédien transformiste marseillais Thierry Wilson à la ville, débarque à Bruxelles ces 5 et 6 mai avec “Zize : La famille, Mamma Mia !!!” Ancien du cabaret Michou et veuf de la légendaire meneuse de revue Coccinelle (première à avoir changé de sexe à l’état civil), l’humoriste fait depuis deux ans les beaux jours des Grosses Têtes.
Publié le 27-03-2023 à 16h24
:focal(746.5x505:756.5x495)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/JYYTD53NONCLHB4SHB6N4Z7UD4.jpg)
”J’ai eu la chance de venir plusieurs fois en Belgique, à l’époque où je faisais du music-hall avec Coccinelle (Thierry Wilson fut le dernier époux de la célèbre meneuse de revue qui fut la première à changer de sexe à l’état civil en France, NdlR.)”, confie d’emblée le comédien pagnolesque Thierry Wilson qui ne compte pas donner sa vision sur la communauté LGBT pour autant. “Chacun fait ce qu’il veut. Je ne suis pas concerné. Je n’ai pas épousé la cause, j’ai épousé une femme. Point.”
Veuf de Coccinelle depuis 2006, Thierry Wilson a vu sa cote de popularité monter en flèche suite à son personnage de cagole marseillaise alias Zize Dupanier (on l’a vu chez Drucker, Ardisson ou encore Mireille Dumas) et avec laquelle il va semer la zizanie au théâtre des Riches Claires, ces 5 et 6 mai avec son show Zize : La famille, Mamma Mia !!! “J’avais eu la chance de travailler Chez Flo, anciennement Le Grand Escalier à Bruxelles, poursuit celui qui a aussi fréquenté longtemps le célèbre cabaret Michou. Un endroit fantastique ce Chez Flo. J’en garde de merveilleux souvenirs : une ambiance extraordinaire et une qualité de spectacles fantastiques. Puis pour moi, qui suis du sud, le nord de la France et la Belgique, c’était l’Amérique hein (sourire) ! Découvrir un pays et des gens différents, avec cette joie de vivre, générosité et gentillesse. Lio, Vanda, c’est une amie. Je suis très attiré par votre région alors que rien ne me prédestinait à cela, moi qui suis du sud méditerranéen. J’aime votre philosophie et l’humour belge. J’ai la chance de faire les Grosses têtes depuis deux ans et je suis aussi très ami avec Philippe Geluck. Le jour où il m’a fait un dessin avec le Chat, c’était mieux qu’un Picasso pour moi !”
Cette arrivée aux Grosses Têtes, une envie de devenir humoriste ?
”Je suis revenu au théâtre parce que j’ai débuté avec cela. Et puis, la vie a fait que j’ai mis un pied au music-hall. Cela m’a plu et je ne me suis pas rendu compte mais le tourbillon a duré 20 ans ! Pendant 20 ans, je n’ai fait que m’amuser ! Un tourbillon de Coccinelle et du cabaret Michou. C’est passé à une vitesse incroyable. Je me suis dit : je ne vais pas vivre ma passion au rabais. Je rêvais de faire du théâtre et je me suis alors écrit ce personnage de Zize avec lequel je joue depuis 2014. Une aventure extraordinaire car se faire une place dans ce monde d’humoristes… ce n’est pas évident. Vous savez, en France, on a tendance à mettre les gens dans des cases. Et si tu es transformiste, tu fais du cabaret, du music-hall et puis c’est tout ! On te donne un rôle au cinéma où tu joues ton propre personnage et c’est très rare… alors que tu peux faire plein d’autres choses. Moi, j’ai eu ce déclic en voyant ce Suisse Marie-Thérèse Porchet (interprété par le comédien et humoriste Joseph Gorgoni ; NdlR.) qui avait débuté au cabaret La Garçonnière à Genève et je me suis dit : pourquoi moi, je ne ferais pas la même chose en France ?”
Cela a dû être très difficile à imposer un homme déguisé en femme…
”Oui car c’est un milieu fermé en France. On n’a pas l’esprit large. En Belgique, par contre, on aime se déguiser et rire de tout. En France, ça reste très régional, que dans le Nord. Dans le Sud, les hommes sont très machos… Alors un homme qui joue une femme, je peux vous dire qu’il a fallu s’imposer oui !”
En avez-vous souffert ?
”Je n’en ai jamais souffert car je suis quelqu’un qui a du caractère. Certains diront que j’en ai un mauvais, moi je préfère dire que j’ai du caractère tout court ! Je vois toujours le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Ce sont mes parents qui m’ont élevé ainsi. Je pars donc toujours gagnant et non perdant.”
Le cabaret Michou vous y aurait-il aidé aussi ?
”Non, je ne pense pas que cela m’a aidé… Cela a été 17 années merveilleuses à Paris. Ce fut formidable mais, aujourd’hui, dans cette nouvelle partie de ma carrière artistique, c’est plus une casserole qu’autre chose. Je dis souvent que c’est ma téléréalité à moi. Les artistes de téléréalité, ils se sont fait connaître grâce à une émission de téléréalité mais cela leur a ouvert tous les horizons. Parce qu’on disait : c’est Steevy ou Loana du Loft. Il n’y en avait pas beaucoup qui avait un intérêt artistique énorme mais quand même. Aujourd’hui, pour s’en sortir, quand on a une casserole, ce n’est pas évident. Souvent on me dit : ah oui, son personnage est drôle mais bon, c’est un artiste de chez Michou. Pendant des années, cela faisait de toi une star ; aujourd’hui, ça me descend au rang de transformiste avec un côté péjoratif. Je ne comprends pas trop bien la France à ce sujet-là.”
"Dans cette nouvelle partie de ma carrière artistique, le Cabaret Michou est plus une casserole qu'autre chose: c'est ma téléréalité à moi."
Comment se fait-il que vous ne soyez pas dans l’émission Drag Race France ?
”Ben je n’ai pas compris non plus pourquoi on ne m’a pas appelé dans le jury une fois… Je connais la prod et on m’a répondu : “tu sais, on y a pensé mais il faut vraiment des gens connus hors milieu pour donner au programme la visibilité dont il a besoin”. Ça veut tout dire ! Ils vont aller chercher des gens comme Arielle Dombasle ou autres qui ne sont ni gay, ni trans, ni LGBT pour tout simplement cautionner ce programme. Vous vous rendez compte ? On est en 2023 !”
C’est la raison pour laquelle on vous voit rarement en télévision ?
”Si on était capable, en France, de faire de la télévision comme vous faites en Belgique, ok. Je suis par exemple fan du Grand Cactus. Elle est extraordinaire, je payerais pour aller dans cette émission moi ! Quand vous voyez que je refuse Cyril Hanouna toutes les semaines… Pourquoi ? Car je ne m’amuse pas ! Quand je suis venu plusieurs fois sur C8, ça a été une torture pour moi. Alors je ne vais pas m’imposer cela ! Ce n’est vraiment pas du tout ce que j’aime faire ni ce que j’ai envie de faire.”
Pourquoi refusez-vous ce genre d’émission ?
”Si je ne suis pas à Paris et que je n’ai rien à vendre, aucune raison. En province, les gens regardent de moins en moins la télévision aussi. Je préfère faire une belle interview pour le Net car la télé est très éphémère. Si c’est juste faire de la télé pour faire de la télé, je ne prends pas assez de plaisir pour aller faire ça. S’ils me payent pourquoi pas, sinon non. Les Grosses Têtes, par exemple, non seulement je suis payé mais en plus, je passe un super moment ! Mais si c’est pour s’infliger un truc comme les émissions débiles d’Arthur sur TF1, moi je n’ai pas envie de faire ça… Il y a des trucs formidables sur Paris Première par contre, bien écrits, drôles et avec gens qui ont du talent et quelque chose à dire.”
Une cagole marseillaise: kesako ? “C’est une grande gueule !”
”C’est une femme extravertie qui s’assume et dit tout haut ce que les autres pensent tout bas, nous explique Thierry Wilson, dont l’idole n’est autre qu’un Thierry Le Luron “brillant et sans barrières”, au sujet de son personnage de Zize Dupanier. C’est une grande gueule ! Quelqu’un qui assume toutes ses différences et qui a les défauts de ses qualités. C’est quelqu’un au grand cœur et qui donne sans compter. Je l’ai créé ainsi, c’est un personnage généreux. Je lui fais dire tout ce que je n’ose pas dire moi-même en me cachant derrière elle. C’est un peu comme la marionnette Jean-Marc de Jeff Panacloc. La différence, c’est que Zize je n’ai pas besoin de lui mettre la main dans les fesses pour la faire parler (rire) !” A l’heure où l’on a l’impression qu’on ne peut plus rien dire, son personnage de Zize permet en effet une liberté d’expression rare. “Avec elle, on peut encore rire de tout, on ne risque pas de se prendre un putain de camion !”