Des jouets dans le monde entier

BRUXELLES Il est possible de comparer l'appartement de Harry Swerts et les caves du château de Moulinsart à l'époque des frères Loiseau : tout y est encombré d'objets divers, chargés de tant de magie. Chez Harry Swerts, collectionneur de 61 ans, ces objets ont tous un lien avec Tintin. Une collection qui a la réputation d'être parmi les plus belles du monde, qui compte des albums dédicacés, des sérigraphies qui valent aujourd'hui "beaucoup trop d'argent" et même des dessins originaux signés par Hergé. Ces pièces feront rêver les collectionneurs, mais les vraies fiertés d'Harry sont ailleurs : dans ses vitrines.

Il possède des centaines d'objets issus de l'univers de Tintin. Des fétiches arumbayas (y compris en bougies), des fusées lunaires à damiers rouges et blancs, des sous-marins de poche imaginés par le professeur Tournesol, la scène de théâtre des Sept boules de cristal, ou encore, inspirée par le même album, l'effrayante momie de Rascar Capac.

La dernière acquisition du collectionneur : une boîte à bonbons ronde, commercialisée dans les années soixante par la société française Brochet. "Cette boîte a cinquante ans ! Je connaissais son existence simplement parce que je possède la même... en porte-clés." À présent, il a les deux !

"J'ai la collection dans les gènes. J'ai hérité ça de mon père, un amoureux des timbres et des pièces de monnaie. Je suis né l'année de la création du magazine Tintin. La collection des hebdomadaires fut mon cadeau de naissance. Je les ai tous ! Pliés en trois, à cause de la boîte aux lettres. Depuis mon enfance, j'ai gardé tous ces objets que l'on recevait, par exemple, en prenant de l'essence chez Esso : des personnages de l'univers de Tintin qu'il fallait peindre soi-même, puis glisser dans des décors. C'était avant le développement du merchandising, qui a commencé voici une dizaine d'années. Auparavant, tous ces objets étaient de simples jouets."

Peut-être Hergé aurait-il moins apprécié cette statuette de son Tintin habillé en pape ou un bébé Tintin dans les bras d'un Saint-Antoine : "Ça, c'est de l'humour ! Il s'agit d'un Saint-Antoine de Lombardsijde ! Ou, si vous voulez, Saint-Antoine du Lombard ! Il faut savoir que le Lombard est le nom de l'éditeur des magazines Tintin. Un copain sculpteur a trouvé ce Saint-Antoine dans une brocante et il s'est amusé à transformer en Tintin le bébé que le saint tenait dans ses bras."

Dans ces trésors se trouvent d'autres fabrications artisanales. "Une amie, connaissant ma passion, s'est mise à me fabriquer des poupées en s'inspirant d'une scène des Cigares du Pharaon : la réunion de la société secrète."

La collection ne serait pas complète sans les objets officiels. "Je les ai aussi. Je possède les 71 voitures miniatures refaites sur la base des dessins des Tintin. Mais ici aussi, j'avoue une préférence pour l'artisanal. La vieille voiture de Tintin au Congo est très jolie dans sa version officielle. Mais celle, en bois, qu'on m'a ramenée du marché des voleurs de Kinshasa est plus amusante à montrer. J'ai aussi une dépanneuse Simoun qu'un type a réalisée à partir d'un jouet ordinaire qu'il avait trouvé dans le commerce. Ce sont des pièces uniques."

Harry a dû se choisir un énorme appartement car certaines de ses pièces n'entrent pas dans les vitrines. Une fusée lunaire de plus de deux mètres. Un Haddock, bouteille de whisky à la main, ou un Nestor, avec un plateau, grandeur nature ou presque. "Ils ont été réalisés par un artiste de Valence dont le métier, pendant des années, fut de sculpter en papier mâché un cheval pour la Feria de Valence et, chaque année, son cheval était brûlé. Il en a eu marre de travailler pour l'éphémère. Il s'est mis alors à imaginer des présentoirs pour restaurants. Toujours en papier mâché. Son Nestor fut de cette veine. Mais un jour, on lui a signifié qu'il n'avait pas le droit d'utiliser ainsi les personnages de l'univers de Hergé. Il a donc arrêté. Mais auparavant, il m'avait quand même sculpté mon Haddock, ainsi que des têtes de Tintin, de Tournesol et de la Castafiore."

© La Dernière Heure 2008