"Fils assassinés. Femmes violées. Biens pillés. Les bandits, qui sont-ils ? Journalistes enlevés. […] Coups d’État. Maisons incendiées. Forêts ravagées. Épidémies propagées. Ethnies divisées. […] Oh ma Guinée ! Forces armées. Marabouts qui tuent. […] Droits : zéro ! Ici : famine, chômage, impunité. […] Oh là, c’est trop à raconter…"
À peine sorti de l’adolescence, Fran Kourouma, 19 ans, quitte en mai 2016, quelques bagages à la main, sa Guinée natale : direction l’Europe. "Je pars à la recherche du bonheur. Une fois arrivé, finis nos malheurs, confie-t-il, plein d’espoir, à sa mère. Là-bas, c’est le paradis terrestre, la paix du cœur."
De la Libye, qu’il quitte à bord d’une pirogue de fortune, il accoste en Italie en février 2017, avant d’arriver en Belgique, au centre Fedasil du Petit Château, en juin de la même année. Plus d’un an pour rejoindre l’"Eldorado" européen. Un an pendant lequel ses rêves d’un avenir meilleur seront anéantis par la barbarie des hommes : humiliations, insultes, racisme, vols, passages à tabac, malnutrition, tortures, séquestrations, corruption, esclavage, menaces de mort… Survivant de ce monde des ténèbres, Fran, aujourd’hui âgé de 24 ans, est l’heureux papa de deux petits garçons de quatre ans et cinq mois. "Je refuse d’assimiler les horreurs perpétrées par une minorité à toute une entité, défend-il. Les humiliations, exploitations, séquestrations, viols… commis sur le sol libyen ne sont le fait que d’un petit groupe d’individus. Je ne veux pas transmettre cette haine à mes enfants. Il ne faut pas rester fermé sur soi-même. Il faut aller à la rencontre des autres. Il faut de la tolérance."