Mark Knopfler, o scotish

Patrick Laurent

L'ancien leader de Dire Straits prend le thé sur la scène du Sportpaleis

ANVERS Sagement assis dans un Sportpaleis d'Anvers plein à craquer, dodelinant de la tête au rythme des rocks endiablés ou de mélodies plus intimistes, les 14.000 fans savent exactement à quoi s'attendre au concert de Mark Knopfler organisé avant-hier soir. Déjà du temps de Dire Straits, le show, ce n'était pas son truc. Son plaisir, il le trouve dans de longues digressions musicales inspirées, des solos qui donnent des fourmis dans les jambes et un son d'une pureté étonnante. Du rock symphonique, en quelque sorte.

Une attitude posée dont il ne se départit pas sur la scène du Sportpaleis. Petites lunettes sur le nez, cheveux blancs, chemise de la même couleur débordant sur un jeans, sans ses mythiques bandeaux, c'est avec nonchalance qu'il entre en piste, saluant de la main avant d'entamer immédiatement les premières notes de Why Aye Man. Dix minutes s'écoulent avant qu'il cesse de gratter sa Gibson et s'adresse enfin au public: «Thank you!» Ce n'est pas à 55 ans qu'il va se découvrir de grands talents d'orateur...

Qu'importe: les premiers accords de Walk of life, agrémentés de jolis solos d'accordéon, emportent tout sur leur passage. Bientôt suivis par Sailing to Philadelphia et What is it now. Rien que des versions longues, emballantes, appréciées par un public mélomane. Qui exulte à la cinquième chanson, lorsqu'apparaît la mythique 36 National argentée pour une version énergique de Romeo and Juliet.

A défaut de causer, Mark Knopfler sourit à ses musiciens, s'amuse comme un petit fou, puis enchaîne avec son plus grand tube: Sultan of swing. C'est le délire dans la salle. Quelques couples se croient au bal, bientôt rejoints à l'avant-scène par la grande foule: le concert prend une tout autre dimension. Ragaillardi, le guitar hero quitte sa position de retrait pour blaguer avec les fans («Montre-toi, mec: tu veux te battre? », lâche-t-il en riant à un fan hurlant), boit, plus Ecossais que jamais, une tasse de thé entre deux chansons, sort de son répertoire pour interpréter Rubina, mélange les mélodies plus intimistes de son dernier CD, Shangri-La, et une version d'un quart d'heure de Telegraph road.

En rappel, ce sont les classiques qui s'imposent: Brothers in arms (dont on fête les 20 ans le 9 mai), Money for Nothing, So far away from me et, pour conclure 2 h 20 de concert, Going home, le thème musical du film Local hero. De quoi se rincer les oreilles pour toute la nuit. Rien à y redire: c'est beau.

© La Dernière Heure 2005

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