Pierre De Maere, la nouvelle pépite belge que la France nous envie : "Je chante mieux en costume qu’en jogging"
Avec son style musical novateur et sa personnalité affirmée, Pierre De Maere espère séduire le grand public avec son tout premier album, “Regarde-moi”. Rencontre.
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Publié le 04-02-2023 à 12h46
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A 21 ans seulement, Pierre De Maere peut se vanter d’avoir obtenu un disque d’or grâce à son tube “Un jour je marierai un ange”, qui a réussi à se hisser à la quatrième position de l’Ultratop 50 Singles francophone cet été. Avec sa gueule d’ange, ses textes poétiques et sa musicalité singulière, le chanteur belge connaît une ascension fulgurante. Ce 10 février, il concourra même dans deux catégories aux Victoires de la musique : Révélation masculine et la Chanson de l’année. Une consécration à elle seule pour ce génie créatif qui n’arrive toujours pas à réaliser ce qui lui arrive.
Peut-on dire qu’avec votre chanson “Un jour je marierai un ange” vous avez souhaité annoncer la couleur et créer un univers musical qui n’existait pas jusque-là ?
”Je vois cette chanson comme une locomotive avec plein de wagons et cela permet à tout le monde de monter à bord. Après soit on débarque, soit on reste à l’intérieur. Je suis hyper heureux que ce morceau ait eu du succès, sans lui je pense que beaucoup de personnes seraient passées à côté de mon univers. Je ne sais pas s'il est unique mais il y a une espèce de poésie, de douceur et d’excès dans ma musique. J’ai l’impression que je suis parfois le seul à voir les choses d’une certaine manière. Quand j’écris je ne sais pas de quoi je vais parler, juste j’assemble des phrases et je trouve à un moment sens. Quand quelqu’un écoute mon album la première fois, il doit certainement se demander de quoi je parle, et je trouve ça génial. Il y a une liberté d’interprétation qui a un côté fédérateur.”
”Regarde-moi” est votre premier album, la pression n’était-elle pas trop forte ?
”J’ai réussi à m’affranchir très rapidement de cette pression. J’ai écrit cet album avant le succès et j’étais dans des dispositions assez saines. Cet album était un rêve, j’en suis très fier. Je parle de ma vie, de fantasme, de fiction. La musicalité doit me toucher et être addictive. J’invite au déraisonnable à l’imaginaire, j’essaie de vendre du rêve. Maintenant j’ai écouté tellement de fois mes morceaux que je ne peux plus les entendre (rires). Je ne sais pas si le succès sera au rendez-vous. Franchir la barrière de la langue et réussir à séduire un public qui ne parle pas ma langue serait ma plus belle réussite. Cela voudrait dire que la musicalité et mon interprétation sont tellement fortes que l’on n’a pas besoin de comprendre ce que je dis. Mais la francophonie me suffit déjà. Si je fais une carrière comme Mylène Farmer je serai très content, mais on n’en est pas là bien sûr. Je veux avant tout être heureux, peut-être trouver l’amour même s’il est encore un peu tôt. J’ai seulement 21 ans donc l’heure est à la découverte.”
On vous compare souvent à Stromae, est-ce que vous êtes d’accord ?
”Stromae est mon père adoptif. Je trouve qu’avant lui la chanson francophone elle était ringarde. En France, on me compare parfois à lui mais je pense qu’on dit uniquement ça car nous sommes tous les deux Belges. Après, nous partageons certaines similarités, à savoir que l’on travaille tous les deux sur une espèce de globalité. Notre projet musical est central, mais on travaille également autant sur la vidéo, le stylisme, le personnage… Tout un tas d’autres disciplines. J’adore quand on me compare à lui mais je pense que cela doit énerver les fans de Stromae, car c’est vrai que notre musique est très différente (rires).”
Au-delà de votre musique, votre style vestimentaire fait également beaucoup parler de lui
”Oui c’est vrai, mais ce n’est absolument pas un effort que je fournis, c’est une passion. J’adore les costumes, ils me permettent de me sentir bien dans ma peau. J’ai un corps assez longiligne et je n’en suis pas fan. Autant j’adore mon visage, mais mon corps je ne le trouve pas sexy. Et les costumes me permettent de créer une silhouette et de l’embellir. Je me sens comme dans une armure avec une cape de super-héros. Je chante mieux en costume qu’en jogging. Parfois les stylistes suggèrent des choses, mais c’est toujours moi qui ai le dernier mot. J’ai un côté tyrannique là-dessus (rires). J’aime le fait d’être unique et associer des choses qui ne fonctionnent pas, ça me représente et il y a une touche d’humour. Je ne me prends pas du tout au sérieux, j’ajoute juste une touche décalée, un peu à la belge.”
Justement, le fait d’être Belge est un peu devenu un phénomène de mode qui tourne à votre avantage ?
”Tous les Français nous demandent toujours comment nous faisons-nous les Belges (rires). Je ne sais pas pourquoi nous sommes à la mode comme cela, je suppose qu’il y a une espèce de légèreté, on ne se prend pas trop au sérieux. Je ne sais pas dire s’il y a un véritable style musical belge, mais je dirai que nous sommes moins scolaires, plus libres. Nous avons moins le poids de l’héritage culturel sur les épaules.”
La musique s’est invitée dans votre vie alors que vous étiez très jeune, vous ne vous êtes finalement jamais posé de question ?
”C’est vrai que j’ai commencé à jouer de la batterie alors que j’avais neuf ans, cela a été la seule formation musicale que j’ai eue. J’habitais à la campagne loin de tout et j’avais envie de m’occuper. Mon adolescence a été très calme, je ne sortais pas beaucoup. Maintenant j'ai découvert Bruxelles et Paris et je me rattrape (rires). Et du coup oui je me suis intéressé beaucoup à la musique. Je chantais sur les morceaux de batterie que je jouais, ça devait être horrible à entendre. J’étais très autodidacte, j’ai créé mes premières compositions via l’application Garage Band dans un anglais très approximatif (rires). Puis j’ai grandi, et j’ai décidé de chanter en français quand quelqu’un m’a dit que mon anglais n’était vraiment pas terrible. C’était la meilleure remarque qu’on pouvait me faire. Chanter dans sa propre langue c’est une espèce de mise à nu, pour la première fois j’avais une vraie identité artistique.”
Vous êtes nommé dans deux catégories aux Victoires de la musique, pensez-vous avoir vos chances ?
”Je suis nommé pour la Chanson de l’année mais c’est impossible que je gagne. Je suis face à Stromae ou Clara Luciani, des trop grosses pointures. Par contre je me dis que pour la Révélation de l’année j’ai toutes mes chances. Ce sont des professionnels de la musique qui votent et pas le public, je me dis qu’un projet pop peut leur plaire. Ce serait une consécration, je ne pourrais pas me retenir de pleurer si je gagne.”
Vous avez récemment dit que vous ne chantiez pas bien, ce sont des mots forts pour un chanteur ?
”Oui je ne chante pas bien. Je viens de loin, je n’avais aucune technique et j’ai très vite été jeté dans la gueule du loup avec mes premiers concerts. Plus le temps passe et mieux je chante mais ça m’arrive encore de faire des promotions à la télévision et de me dire que c’est chaud. Donc je préfère avertir les gens avant que l’on m’attaque. Je suis du genre à exposer mes défauts, je préfère désamorcer les bombes et mettre en avant mes complexes. J’ai pris cette habitude de me justifier mais il va falloir que je change ça.”
Vous avez récemment dû faire face à un déferlement de haine sur les réseaux sociaux après votre prestation dans l’émission Quotidien. Comment avez-vous géré cela ?
”C’était la première fois qu’il y avait une multitude de personnes qui s’acharnaient méchamment gratuitement sur les réseaux sociaux. C’était un peu déroutant, je n’avais jamais vraiment eu à faire face à ce genre de situation. Au début cela m’a un peu flingué le moral, je me demandais comment on pouvait penser cela de moi. J’ai toujours eu l’envie de plaire, je sais que c’est un peu bête. C’est un de mes défauts, j’apporte un peu trop d’importance à ce que l’on peut penser de moi. Il faut que j’apprenne à m’en affranchir. Je pense que tout ce qui est en train de se passer c’est très bien, c’est une sorte de vaccin contre la méchanceté. Je n’ai rien contre les critiques mais j’ai plus de mal avec ceux qui inventent des histoires. On me traite de 'fils de' ou de bourgeois. On dit que j’ai réussi grâce à mes parents influents, mais pas du tout. Mes parents sont juristes et architectes, ils n’ont aucun contact dans la musique. C’est amusant de voir des idiots inventer n’importe quoi. Je pense que plus la lumière est forte, plus les ombres sont marquées. C’est le revers de la médaille qui va avec ma notoriété naissante. Ce sont des lâches qui n’ont rien d’autre à faire. Ceux qui perdent leur temps à envoyer des méchancetés pour le plaisir, ils doivent être très mal dans leur peau et il vaut mieux les laisser comme ça et ne pas leur donner d’importance. Heureusement, beaucoup de personnes ont également pris ma défense. Sur Instagram, il y a eu une guerre civile entre mes fans et les détracteurs et on a gagné (rires).”
Vous jouerez à L’Olympia le 12 mai prochain, et le 18 mai à l’Ancienne Belgique. A quel show peut s’attendre le public ?
”Je veux proposer un show à la hauteur des attentes du public. Je compte travailler avec mon jeu de jambes, j’essaie de trouver des plateformes glissantes pour pouvoir m’amuser. J’imagine beaucoup de costumes et de tenues différentes. Je veux être généreux avec le public et créer un lien fort. J’ai d’ailleurs décidé de prendre des cours de chant pour la première fois.”
Envisagez-vous un jour de chanter en duo ?
”J’en rêve ! J’ai des idées en tête mais rien de concret. J’adore Yelle, elle est trop forte. Disease en rap, je trouve que c’est très beau. Ou encore Feu ! Chatterton, la voix d’Arthur est juste ultra charismatique. Mais en Belgique, il n’y a pas grand chose qui me fait rêver pour le moment.”
Les bonnes adresses de Pierre De Maere à Bruxelles
Je suis un fan du quartier des Marolles. J’adore faire les antiquaires, et l’ambiance qui y règne. Le clan des Belges pour sortir boire un verre ou manger un bout, c’est génial. J’adore également la Pharmacie anglaise près du Mont des Arts, c’est magnifique à l’intérieur et Mick Jagger a été boire un verre là-bas il n’y a pas longtemps. Cela veut tout dire. Pour le moment, je vis à Paris car c’est plus simple pour ma carrière, mais c’est une ville exténuante. À Bruxelles, il y a une espèce de sérénité qui fait qu’on se sent bien et je pense qu’un jour je m’installerai ici.